Hombre Martin Ritt - 1967
"We all die, just a question of when. "
Enième adaptation d'un roman de Leonard, ce Hombre vient se placer facile dans le top 3 ( en fait y a juste Jackie Brown et
Hors d'Atteinte de mieux ) et c'est le meilleur western
Valdez et 3h10 to Yuma.
C'est aussi le meilleur film de Ritt ( bon j'ai pas tout vu ), bien meilleur qu'un
Espion qui venait du Froid ( bon là c'est pas de la faute à Ritt, il adapte du Le Carré et c'est un truc à ne pas faire, là je suis méchant parce des fois ça peut être bien Le Carré mais le style balai dans le cul du mec est chiant ).
Le film est admirablement écrit, ça ne tombe pas dans les clichés du genre western pro indien ( tout le coeur du film traite quand même du génocide indien ), car ici le gentil indien c'est pas un gars naïf, il a très bien compris qu'il n'y a plus d'espoir ( enfin à la fin c'est justement l'espoir qui le fait se sacrifier ) et c'est pas un héros qu'on a l'habitude de voir, il est aussi impitoyable que les méchants, voir plus même ( les dialogues sont excellents quand il sort "
Shoot Her ça sonne tellement vrai, c'est pas une phrase là pour faire badass, non tu sens vraiment que le perso il en a rien à foutre de la nana et quand le temps des négociations arrive il s'en fout aussi, c'est Jack Bauer le type en fait, on négocie pas avec les terroriste).
La structure narrative est vraiment solide et ça se compose de 2 partie d'égale durée toute aussi réussit l'une que l'autre, dans la première on nous présente la galerie de personnage ( 1 blanc élevé par les indiens, 1 couple bourgeois, 1 jeune couple, 1 femme libéré ( très bon perso ), 1 enculé ). On comprend rapidement la psychologie des persos et le racisme anti indien n'est pas envahissant, ainsi si le perso de Jessie ( Diane Cilento ) déteste John Russell ( Newman ), c'est pas pour une raison de race mais parce qu'elle a perdu son job à cause de lui et qu'il s'en fout royalement, ça va donc plus loin que le coté on aime pas les indiens c'est pas écrit par Spike Lee quoi ( même si le couple bourgeois c'est uniquement ça ). Le rapport de force est donc posé c'est Russell seul dans son coin et tout les autres voyageurs de l'autre coté mais voilà suite au hold up de la diligence tout le monde va devoir suivre Russell qui va imposer ses règles et qui se révèlera être sans pitié et sans illusion sur le genre humain et c'est là que chacun va véritablement montrer sa nature humaine et on comprend parfaitement le comportement de Russell mais un geste de Jessie le fera devenir un vrai héros ( jusque là c'était un complet anti héros ) mais on sent aussi qu'il se résigne à faire ça, qu'il agit plus par dépit qu'autre chose et d'ailleurs Boone ne comprend rien quand ça arrive, la séquence est vraiment excellente.
Le film est plutôt lent, pendant près de 45 minutes on a pas un seul coup de feu, mais le film vit grâce à ses personnages bien écrit, puis la seconde partie ça se transforme en course poursuite et c'est toujours aussi lent en fait car ici on prend son temps, vu le rapport de force ça sert à rien d'attaquer de face du coup on y va calmement et méthodiquement pour rattraper ou piéger l'adversaire et le climax final anti-spectaculaire est même complétement statique et très étiré mais carrément tendu.
Le seul bémol que j'ai c'est la réal, Ritt c'est pas le meilleur réal de l'époque et ça se voit, alors y a un joli scope et les rares gunfight sont emballés correctement mais voilà ça fait juste le boulot ( quoique à un moment on a un drôle d'effet sanglant on dirait même du CGI avant l'heure ), bon la tension lors de la dernière demi heure est quand même réussit mais la réal élève pas le film au statut de chef d'oeuvre, chose que le film aurait pu être, enfin c'est histoire de chipoter car ça reste mieux réalisé que 90% des films de maintenant, on sent notamment que Ritt se plait à mettre en valeur Newman et y a un chouette plan en vue subjective.
Newman est génial en perso mutique ( pour être mutique faut avoir un truc qui s'appelle le charisme, c'est pour ça que Drive ça marche pas ), il parle que quand c'est nécessaire ( pas souvent donc ), il est sans pitié ( complétement indifférent au sort de ses compagnons d'infortune ) et quand il est badass on y croit, très grande interprétation, tout le reste du casting est nickel, Richard Boone en méchant y sait faire ( bon là par contre il est un peu tricard au début, manque juste la pancarte sur sa tronche), Martin Balsam en mexicain étonnamment on y croit et c'est le seul perso véritablement attachant du film, et puis Diane Cilento campe un personnage femme courage vraiment intéressant qui s'oppose à merveille à la sécheresse de caractère de Russell.
Un très bon film et une oeuvre au ton désabusé et crépusculaire qui avec un grand réal au manette aurait certainement donné un classique du genre, alors que là malheureusement le film est un peu oublié même si il a été cité dernièrement parmi les influences (évidentes) du dernier Tarantino (on remplace l'indien par un black).
"-I would like at least to know his name.
-He was called John Russell."
8/10