They say that I am the lord of war, but perhaps it is you.
Lord of War d'Andrew Niccol
Après un Simone faussement corrosif, Andrew Niccol retrouve toute sa verve acerbe et cynique rentrant dans le vif du sujet pour narrer l’ascension du plus grand vendeur particulier d’arme au monde.
There are over 550 million firearms in worldwide circulation. That's one firearm for every twelve people on the planet. The only question is: How do we arm the other 11?
Dès l’introduction présentant Yuri entouré de douilles et tout le processus de fabrication/importation en plan séquence, Andrew Niccol annonce le festival de mise en scène qu’il a savamment concocté, un dépaysement total aux quatre coins du monde (de Little Oddesa à la Sierra Leone en passant par l’URSS) avec un exportateur de marchandises explosives. Toutes les deux minutes, le réalisateur propose un nouveau tableau, un état des lieux du marché mondial de l’armement celui qui enrichit les nations les plus riches et décime les populations les plus pauvres.
After the Cold War, the AK-47 became Russia's biggest export. After that came vodka, caviar, and suicidal novelists.
Andrew Niccol atteint une densité de récit incroyable porté par une voix off omniprésente (sa meilleure utilisation au cinéma tout juste derrière Baby Boy Frankie) qui rappelle les meilleurs Scorsese, composé de tellement de punch line mémorables qu’elles feraient pâlir les dialogues percutant de la 25ème heure de Spike Lee le meilleur exemple venant du dictateur bling bling disant : Personally, I blame MTV. . Le réalisateur a peaufiner son scénario à l’extrême délivrant le portrait d’un gangster sans morale mais qui aime son travail, une succès story qui ne le rongera que momentanément à travers un passage bleuté halluciné délirant mais qui finira par atteindre ses proches.
You can fight a lot of enemies and survive, but not your biology.
Niccol ne fait pas dans la demi-mesure avec tous ces personnages haut en couleur du dictateur totalement cinglé au frère addict jusqu’aux ongles en passant par la femme vénale plantureuse, il use de quelques facilités narrative et d’une musique un poil racoleuse qui lui permettent de délivrer des passage d’action/tension sexy tout au long des deux heures de métrage exaltantes ponctué de quelques surprises corrosives. Le réalisateur retombe toujours sur ces pattes en offrant à chaque protagoniste un passage de fébrilité rendant plus humain son propos.
There are two types of tragedies in life. One is not getting what you want, the other is getting it.
Nicolas Cage obtient ici le rôle le mieux écrit de sa carrière, l’empathie est totale pour Youri Orlov ses monologues sont à la fois drôle, glaçant et instructif. En plus du voyage planétaire plastiquement inspiré, Lord Of War est un constat effarant de notre monde où les balles fusent au son d’une machine à sous alors que les corps de femmes et enfants tombent la minute suivante. La toute-puissance d’un trafic d’influence qui fait avant tout prospérer les 5 membres permanent du conseil de sécurité de l’ONU : les USA, la Russie, la France, la Chine et la Grande Bretagne.
Lord Of War, un film coup de poing, à l’écriture et à la mise en scène remarquable.
9/10