L'apprentie sorcière |
Réalisé par Robert Stevenson
Avec Angela Lansbury, David Tomlinson, Roddy McDowall
Aventure fantastique, USA, 2h15- 1971 |
5,5/10 |
Résumé : Août 1940, Eglantine Price, une apprentie sorcière et trois enfants placés sous sa tutelle pour échapper aux bombardements de Londres, partent en quête d’une formule magique qui pourrait leur permettre de sauver l’Angleterre menacée par l’invasion allemande.
L’apprentie sorcière est un film d’aventure fantastique inspiré des œuvres de la romancière anglaise Mary Norton qui tente de surfer sur le succès de Mary Poppins, en appliquant la même recette : une dose de magie, un zest de comédie musicale et une longue séquence animée qui vient agrémentée un film tourné en prises de vues réelles.
Malheureusement, pour moi, cette fois, le charme n’a pas opéré. Pourtant le contexte est bien retranscrit avec les bombardements sur Londres, la menace allemande ou les enfants londoniens séparés de leur famille pour les mettre à l’abri dans la campagne anglaise. Le métrage a d’ailleurs un léger côté film de propagande avec cette sorcière qui veut défendre sa patrie. Dans l’assaut final, elle enfourche carrément un balai sur lequel est planté l’Union Jack !
Le film pêche par sa longueur. 2h15 qui semblent interminables avec de nombreuses baisses de régimes, des passages très répétitifs et trop de passages chantés inutiles. Je suis plutôt friande des comédies musicales, mais là, sur 8 chansons, une seule sort du lot : Portobello Road, les autres ressemblent un peu trop à celles de Mary Poppins en beaucoup moins inspirées et réussies. Et pour cause, il s’agît des mêmes compositeurs, les frères Sherman. Le film manque également de sorts, de grimoires, de potions, tout ce qui fait le sel de la sorcellerie, le comble pour un film dont le personnage principal est une apprentie sorcière. La magie se résume à quelques objets animés et à un vol de balai dont les effets spéciaux sont devenus franchement désuets.
Les SFX devaient autrefois être à la pointe de la nouveauté (
Oscar des meilleurs effets visuels en 1972), mais pour la plupart ils ont difficilement passé le cap du temps. La scène du premier vol de balai, bien que très amusante, est très mal incrustée, les fils qui permettent d’animer les objets se voient à l’écran, le chat noir mité ressemble à un animal empaillé et les effets spéciaux du lit volant avec leur patchwork de coloris psychédéliques donnent définitivement à l’ensemble un aspect très kitch ! Reste que la célèbre séquence animée de la partie de foot fait encore très bien illusion et les personnages réels sont très bien incrustés dans le décor. La scène finale avec les étendards et les armures des chevaliers du passé qui s’animent et marchent sur l’adversaire est encore très impressionnante. A noter, de beaux matte painting et un très joli et original générique dans le plus pur style de la
Tapisserie de Bayeux.
Deux aspects sont réussis. Le scénario est bien ficelé et adopte le ton de la comédie malgré le contexte de la Seconde Guerre Mondiale. L’histoire se démarque donc avantageusement de son illustre prédécesseur, Mary Poppins, à laquelle on a souvent reproché d’être basé uniquement sur une succession de scénettes sans réelles rapports. L’autre grande réussite est la présence au générique de l’incomparable Angela Lansbury qui apporte fraicheur et distinction à son personnage de sorcière. Elle excelle dans le registre pince sans rire, tout en apportant une touche de drôlerie, de détermination, de gaucherie et de gentillesse. Curieusement, je la préfère à Julie Andrews dans le rôle de Mary Poppins. David Tomlinson apporte tout son côté farfelu pour camper un succulent Emelius Brown, escrocs au grand cœur et accessoirement directeur d’une fausse Académie de sorcellerie. Par contre, le casting des enfants n’est pas une réussite. Les enfants sont assez passifs et transparents. On ne s’attache pas aux enfants Rawlins, comme cela pouvait être le cas pour les enfants Banks.
En somme, un divertissement à recommander essentiellement aux grands fans des productions Disney ou aux enfants qui le trouveront peut être un peu long.