Max et les maximonstres, Spike Jonze (2009)
Maxi et les maximonstres est un conte sur l'enfance et ses difficultés portant sur Max, un enfant incompris et solitaire qui se réfugie dans ses jeux et son monde peuplé de créatures qu'il a crées dans sa chambre. Le traitement de cette première partie est réaliste et minimaliste, mais néanmoins bien réalisée, à la fois fine et sensorielle (beaucoup de caméra à l'épaule), avec un parti-pris par la suite intéressant de nous faire flotter entre réalisme et fantastique. La B.O., moderne et rock, va à contre-pied de l'ambiance un peu tristounette et sombre de l'ensemble du film, et épouse également les sentiments de Max, exacerbant ainsi cet aspect corporel qui se dégage du film.
Allant dans le même sens, le réalisateur a visuellement eu la bonne idée de ne pas tomber dans le piège du tout numérique en créant les créatures avec un mélange d'effets spéciaux old school pour le corps, marionnettes géantes animées par des humains, et d'incrustations digitales pour l'animation des visages. Ainsi, on a l'impression qu'on peut toucher ces créatures, et l'émotion qu'on peut percevoir chez elles s'en trouve grandie. Après, on peut trouver les créatures un peu grossières, on dirait en effet de grosses peluches dignes d'un programme pour enfants de 0-4 ans, mais n'oublions pas qu'elles sont issues de la tête de Max, à l'image de son costume un peu ridicule et de son terrain de jeu qui se trouve dans sa chambre.
Il y a une perspective évidement psychanalytique dans ce film, qui sera surtout perceptible par les adultes, mais assez simplement esquissée pour être comprise, tout du moins en partie, par les enfants. Ainsi, on peut remarquer que les créatures sont un dédoublement de la personnalité de Max (surtout Carol, son alter-ego) et de ses questionnements de ce qui s'est passé au début. Par exemple, les monstres peuvent faire des choses irresponsables comme détruire leurs maisons, puis juste après reprocher à Max de suivre leur exemple. Il y a cette dynamique simple tout au long du film : détruire et construire, s'amuser et approfondir l'amitié. Or, ces créatures sont bien éloignées des archétypes immédiatement sympathiques des personnages de Disney, et ont même quelque chose d'inquiétant avec leurs dents acérées et leur comportement qui change facilement (à l'image de Max), oscillant entre la joie que procure certains jeux et la rage que les choses ne se passent pas comme elles avaient prévues ou projetées. A travers cette quête du bonheur, Max et les maximonstres vont apprendre la conséquence de leurs actes.
Par contre, les relations entre Max et les maximonstres sont parfois trop brièvement esquissées, mais j'ai appris que le livre illustré dont ce film est l'adaptation ne contient quasiment aucune ligne de texte, laissant toute la place à l'imaginaire, et donc ce sentiment d'inachèvement est peut-être voulu dans ce sens-là. Mais pour moi, le seul gros défaut du film, c'est le fait qu'il soit peut-être trop sombre pour un public enfant, et trop enfantin pour les adultes avec ces grosses peluches qui sautent partout, comme s'il avait le cul entre deux chaises, mais on ne pourra pas reprocher à Jonze d'avoir essayé de faire quelque chose de différent.
Un bon film sur l'enfance, qui par le biais d'une esthétique évitant les poncifs du genre tel que le tout numérique, un acteur principal très émouvant, et le concept des mini-moi de Max représentés par les créatures, nous font réfléchir sur le lien entre le bonheur et le vivre-ensemble.
Note : 7/10