Drive : 9/10
C'est le premier film de Nicolas Winding Refn que je vois, je ne peux donc émettre aucune comparaison avec le reste de sa filmographie. Tout ce que je peux dire, c'est que ce réalisateur ne m'avait jamais vraiment attiré à cause de son style très contemplatif. Son cinéma est souvent décrit comme purement visuel et dénué de script, beau mais vide. Mais celui ci, bizarrement, je l'attendais avec impatience, depuis les echos plus que positifs de Cannes.
Et honnêtement, je me suis pris une bonne claque, si bien que je remballe direct tous mes préjugés sur ce réalisateur. Alors oui, le scénario n'a rien d'original. Cette histoire, on l'a vu des centaines de fois et elle manque de fond. Oui, le mutisme du "Driver" peut agacer et sembler surfait. Mais qu'importe ! Ces défauts sont littéralement balayés par la maestria de la mise en scène, fabuleuse de bout en bout. Le jury Cannois a vu juste en décernant le prix de la mise en scène à ce film.
Refn filme la ville de façon admirable. C'est peut être cliché de dire ça, mais le L.A de Drive est un personnage à part entière. Les jeux de lumières sont somptueux, on en prend plein les mirettes tout au long de ces 1h40 qui filent à toute allure.
Je disais plus haut que le scénario était tout sauf original. Et c'est justement là la force du film finalement. Refn s'empare d'un cinéma de genre pour jouer avec ses codes. Les courses poursuites ne vont pas à cent à l'heure, mais, au contraire, alternent les temps forts et les temps morts, à l'image de l'ensemble du film. La première scène en est la parfaite illustration : pour échapper à la police, la technique du Driver n'est pas d'aller à toute bezingue. Non, il analyse tout, fait des pauses sur le bas côté, se gare sous un pont et attend une minute entière, avant de repartir de plus belle pour achever sa course icognito.
Tout le film est construit de cette manière, avec cette alternance de rythme. A de longs moments contemplatifs et reposés succèdent des scènes d'une tension et d'une violence inouïes (attention aux âmes sensibles !). La scène de l'ascenseur en est d'ailleurs la plus belle illustration.
Il y a plein de scènes déjà cultes à mes yeux : la séquence d'intro, la fusillade au motel, l'ascenseur... Des moments de cinéma précieux et subjuguant.
J'étais parti pour mettre un 8/10 à cause des faiblesses pré-cités. Mais l'expérience cinématographique fut telle que je ne peux pas mettre une note si "quelconque". Drive n'est pas juste un "très bon film". C'est un cran au dessus de ça. Alors hop, je lache le 9/10, ce qui est rare. Mais il le mérite.