L'Apollonide, souvenirs de la maison close 7,5/10 Le film est un huis clos quasi total et Bertrand Bonello s'en sert magnifiquement. Au fur et à mesure que le film avance on s'imprègne des tensions des filles, et les différents travellings à travers les couloirs nous perdent dans cette maison aux allures royales. En effet,
L'Apollonide possède une réputation noble : champagne, filles propres et respectables, clientèle bourgeoise et tenue vestimentaire très chic. Cette brochette de femmes, à moitié nue la plupart du temps brasse des passés bien différents aux destinées souvent connues mais inconstantes.
Bonello impose au film une sorte de décadence. Le film commence, dans sa réalisation j'entends, par montrer les prestations des femmes comme des shows et celles ci en sont les actrices (bien entendu on s'aperçoit déjà de leur mal être et du fait qu'elles subissent le sexe – le visage mono-expressif est permanent). Puis au fil du temps, au fil des baises, les scènes de sexe ne sont plus aussi intéressantes pour le spectateur, l'image de voyeur est dépassée et nous nous retrouvons derrière la glace, à regarder et subir les prestations. C'est alors que le film change de ton et réussit à nous introduire au cœur de la vie quotidienne, leurs problèmes personnels et leur envie : on les voit dorénavant comme des femmes.
Le film avance sans une perte de rythme. J'allais oublier la scène violente du début qui tout au long du film va être le point de repère, « la juive » transformée en « femme qui rit » se retrouve domestique et apporte un nouveau regard intérieur. Tout au long du film, des rappels y seront refait pour finir sur un magnifique final.
De plus le film reste complètement dans un huis clos par son traitement. Les hommes n'y tiennent aucune place (ils sont véritablement évoqués lors de l'unique sortie en plein air des filles) et souvent perçu seulement comme des prédateurs aux idées plus tordues les unes des autres.
Enfin, niveau réalisation, l'utilisation de l'espace réduit est très bien. Le salon est souvent le lieu d'un balai de caméra, passant en revue chaque fille accompagnée de son client régulier. Les costumes sont magnifiques. Et bien évidemment le casting féminin est parfait. On prend un véritable plaisir à les regarder jouer, telle une bande de copines et enfin une BO qui accompagne parfaitement l'ambiance du film.
Pour finir, certaines scènes, notamment celle avec les masques de bal nous rappelle très bien l'orgie sublime mise en scène par
Kubrick dans
Eyes Wide Shut.
PS : je rejoindrai l'avis de
zack_ concernant le dernier plan du film (notre présent) qui n'est d'aucune utilité et viens écorcher le tableau peint depuis deux heures...
L'Apollonide n'est pas seulement un film sur le fonctionnement de la maison close mais surtout une réflexion sur ces femmes, leur détresse et leur amour de la vie envolé.