Die Hard with a Vengeance (Une journée en enfer) de John McTiernan
(1995)
Énième vision de ce film qui aura marqué au fer rouge mon adolescence cinéphilique (surement mon film d'action préféré de l'époque), je dois avouer que j'avais quelques réticences à le revoir, de peur d'être de le revoir à la baisse, mais finalement
Die Hard with a Vengeance traverse sans peine les années et se révèle aussi jouissif qu'à sa sortie. Après avoir laissé les rênes de
Die Harder à Renny Harlin (qui réalisera un film très correct mais qui souffre tout de même fortement de la comparaison avec son aîné), c'est John McTiernan qui reprendra la saga en réalisant ce troisième épisode qui reste, à mon sens, le meilleur de tous. Là où les deux précédents films se la jouaient plus ou moins huit-clos (une tour et un aéroport),
Die Hard with a Vengeance s'impose comme un véritable défi : redonner un souffle à la saga en la renouvelant scénaristiquement tout en conservant son intégrité. Pour cela, le terrain de jeu est étendue (New-York et ses environs) et surtout la place de John Mclane est profondément chamboulée. Alors qu'il était auparavant le flic qui se retrouvait toujours au mauvais endroit au mauvais moment, McClane est désormais le jouet du bad guy, celui-ci décidant grâce au jeu du Simon Says ce qu'il adviendra du policier le plus malchanceux du monde.
C'est d'ailleurs un McClane terriblement différent qui nous est montré en début de métrage, viré par son supérieur, quitté par sa femme et toujours en quête d'une aspirine pour calmer sa gueule de bois, le spectateur se retrouve devant une vision assez osée du flic héroïque et qui, pourtant, va faire tout l'humour du film. Pour redonner un nouveau souffle à la saga, McTiernan n'hésite pas à user du spectaculaire (des scènes d'action toujours plus grosses) et d'un humour omniprésent (notamment avec la présence de Samuel L. Jackson qui fait virer le film dans le buddy movie) sans que jamais une scène ne paraisse de trop. Le scénario du film est d'ailleurs sa plus grande force, le Simon Says apporte véritablement un atout indéniable et même si l'on pourra regretter une perte d'inspiration sur le passage du cargo ainsi qu'une fin minimaliste (imposée par les studios, McTiernan voulant à l'origine un duel politiquement incorrect à la table d'un restaurant qui, d'un point de vue de la mise en scène, du montage mais aussi de l'histoire dans son ensemble convient bien mieux que la version visible majoritairement), il en reste néanmoins ce que l'on peut appeler sans honte aucune l'un des plus grands film d'action de l'histoire du cinéma, rien que ça. On est d'ailleurs certainement devant l'un des travaux les plus aboutis du réalisateur avec
Die Hard et
13th Warrior, le film étant d'une richesse de mise en scène assez époustouflante sans être tape à l’œil, la preuve ultime que John McTiernan est clairement l'un des plus grands réalisateurs de son époque. Ainsi, entre une scène d'introduction jouant sur les clichés pour mieux déstabiliser le spectateur (on pense voir une énième fois une présentation de New-York au petit matin jusqu'au moment où le chaos surgit de nulle part), un montage alterné des plus ravageur (la totalité des séquences où McClane et Zeus sont séparés fonctionnent parfaitement), une scène dans un ascenseur surprenante de clarté et de gestion de l'espace et une course-poursuite automobile impitoyable à souhait, McTiernan signe quelques-unes des plus grandes scènes de sa filmographie. Mais le plus impressionnant vient tout de même de sa mise en scène au service de sa propre narration. Multipliant les détails donnés visuellement et auditivement au spectateur (le numéro du badge, les camions bennes évoqués, le nom de l'école dévoilé, la cicatrice de la femme blonde, les personnages secondaires qui jouent tous un rôle dans l'histoire comme les deux enfants de Harlem, etc...), McTiernan ne se perd jamais dans sa propre histoire, là où beaucoup d'autres auraient été totalement dépassés. La marque d'un grand assurément.
Toutefois,
Die Hard with a Vengeance a bien d'autres qualités pour lui, a commencer par son scénario qui ne se répète jamais et qui conserve tout ce qui faisait le charme du premier film tout en le modifiant totalement sans jamais le trahir. La bande-originale se révèle non seulement très réussie (le thème de la marche allemande est juste génial et convient parfaitement à l'ambiance) mais elle possède un véritable côté ludique, avec notamment des reprises de thèmes connus pour proposer une teinte d'humour là où il n'y a pourtant pas lieu d'être (le thème de
Singin' in the rain pendant l’inondation du tunnel). Enfin et surtout, la totalité du casting se révèle génial, à commencer par le duo Bruce Willis/Samuel L. Jackson qui fonctionne totalement, à noter aussi certainement le rôle le plus marquant de Jeremy Irons, délicieusement cruel et charismatique en terroriste impossible à percer et contradictoire (il est intéressant d'ailleurs de se rendre compte que lui et McClane ne se rencontre finalement que très tard dans le film, preuve de l'inventivité de McTiernan pour proposer des histoires qui sortent des sentiers balisés). Un monument du cinéma d'action qui, bien sur, vieillit un peu techniquement sur certaines séquences (le plan de l'eau envahissant le tunnel, l'explosion du bateau) mais force est de constater que d'une manière générale le film n'a pas à rougir devant les films qu'il inspire encore des années plus tard. Un must du cinéma américain des années 90 et clairement l'un des sommets de l’œuvre de McTiernan.
NOTE : 9/10