Bloody bird
7.5/10Ancré dans l'age d'or du cinéma d'horreur, le film de Michele Soavi est encore aujourd'hui une franche réussite. Sur un canevas tres "Carpenterien", le film suit une troupe d'artistes volontairement coincé dans un théatre aux prises avec un désaxé échappé de l'asile. Le spectre d'
Halloween n'est jamais loin et il faut reconnaitre de grandes qualités graphiques qui font de ce
Bloody Bird un descendant plus que solide du film de Carpenter.
L'histoire relativement basique est surtout prétexte à un enchainement de mises à mort qui force l'admiration tant le boogeyman attitré se révèle peu avare dans l'utilisation d'instruments tranchants. Soavi se fend d'une belle réalisation avec une science du cadre bien maitrisée. En vrai créateur d'ambiance qu'il est, il arrive meme à faire basculer le film dans une certaine folie baroque à l'image de la puissante dernière séquence, celle ou le tueur reste assis, entouré de tous les corps mis en scène. Le rythme est globalement bien maitrisé et l'on ne s'ennuie jamais.
Le premier acte pose les bases de l'intrigue avec une actrice principale plutot crédible, planant au dessus d'un casting globalement à coté de la plaque. Faut surtout pas voir le film en français car ce sera le rejet absolu. Certains surjouent à mort (horripilant metteur en scène) et d'autres sont très mauvais
et cela a pour effet de tirer le film vers le bas dans cette première partie. Ajoutons à cela un score bien trop marqué 80's et l'on a la liste des défauts majeurs. Ce n'est pas nuisible en soi mais ça pourrait en rebuter certains.
La suite se focalise sur l'intrusion du tueur qui, à l'instar d'un Jason, va vite trouver son "look" et là je dois dire que ça claque sévère. Cette tete de hibou est un choix judicieux. Toutes les apparitions du tueur sont iconique à souhait, magnifié par une photo fauchée très 80's. Myers, Vorhees et consorts sont souvent cités comme des Boogeymens cultes mais on oublie trop souvent que Soavi a crée en son temps un killer de bien belle facture.
Surtout que celui ci n'y va pas avec le dos de la cuillère avec une volonté claire de faire du boulot de qualité! Ca éventre, ça coupe en deux, ça perce, ça poignarde et ça envoie des coups de pioches ravageurs. Le bodycount est plutot bon et malgré le manque de moyens evident, les mises à mort sont toujours très graphiques. Je n'ose imaginer l'apport d'un Gianetto de Rossi ou d'un Savini sur un film comme ça.
Dans sa dernière partie, le film se boucle sur l'affrontement final classique avec les séquences les plus réussies du film. Celle de la douche (quelle maitrise du cadre et quelle tension!)
et la mise en scène des cadavres (une vraie plongée dans le macabre que n'aurait pas renié un Fulci de la belle époque)
sont les moments les plus marquants mais aussi de vraies ruptures de rythme dans la logique du slasher. C'est un peu comme si Soavi en avait eu marre des règles du genre en y apportant sa touche européenne. Et je dois dire que ce choix est des plus salvateurs. C'est ce dernier tiers qui donne toute l'identité de ce slasher transalpin, à savoir un mélange parfait d'horreur graphique et de moments presque poétiques dans ce jeu du chat et de la souris.
Une vraie réussite, toujours aussi vivace 25 après!