Un rythme trépidantAvec ce deuxième opus, la série change radicalement de rythme. Le début est inauguré immédiatement par un bref combat, amorçant une succession de scènes d'actions toutes très bien chorégraphiés, gores, et rivalisant d'une inventivité renouvelée à chaque fois. Le tout avec une musique qui fait monter la tension en annonçant les dangers à venir.
Bref, le rythme est mieux géré. Il y a de la lenteur dans ce film, mais contrairement au précédent, qui parfois se réduisait à de la simple lenteur (non maîtrisée je dirais), celle-ci crée beaucoup plus de tension, d'attente, et de plaisir de scènes ou de rencontres attendues (comme un western spaghetti du meilleur crû). Mais ces moments-là ne sont pas que l'occasion de tensions en l'attente d'autres choses, mais offrent aussi des scènes qui sont généralement facteurs d'émotion (exemple, après le premier combat : repas autour du feu de Itto Ogami et de son fils. Mais la tension est
en même temps présente puisque le sens d'une cloche retentit au loin).
Malgré une succession effrénée de combats, l'humour n'est pas du tout absent de cet opus, déjà grâce à son exubérance "goresque", puis par au moins deux scènes désopilantes : la marche à reculons en accéléré de la chef des amazones, et le tueur dans le bateau qui se la joue un peu trop et le paie au prix fort.
Une histoire simple au service du développement de la personnalité du Loup et de l'EnfantL'histoire est encore plus épurée que dans
La vengeance du sabre et offre assez peu d'intérêt en soi : elle est maintenant complètement au service de la transformation du Loup et de l'Enfant en véritable icône du genre.
L'enfant devient peu à peu le double de son père : il réagit parfois à sa place, comme par exemple lorsqu'on les refuse à l'hôtel, l'enfant envoie de l'eau du bac destiné à laver leurs pieds à la figure du patron ; il participe bien plus au massacre des assaillants du haut de sa poussette ; il deviendra même par sa présence le signe même de celle de son père dans le duel final. Mais en lui se bat toujours les forces de la vie et celles de la mort : c'est lui qui va sauver son père, jusqu'à même (presque) transgresser les dieux en échangeant son gilet contre de la nourriture qui se trouvait sur un autel.
Le père est encore plus "pragmatique" : il me semble plus direct et expéditif que dans le précédent opus. A certains moments, lorsqu'on croit qu'il est dans la transgression, c'est en fait pour sa survie (par exemple lorsqu'il se réchauffe au contact d'une femme) ou bien pour arriver à son but pratique, l'argent. Autrement dit, il transgresse toutes les règles non pas pour la transgression elle-même mais pour sa survie ou la réalisation d'un but précis. Obéissant à ces deux motifs primaires, la survie et l'argent, il peut devenir vraiment impitoyable.
Des Bad "guys" plus intéressantsLes "méchants" sont bien plus charismatiques que dans le précédent. Maintenant ils sont au nombre de trois clans, ni plus ni moins, à la poursuite du duo du Loup et de l'Enfant : les hommes du clan de Yagyu, qui ne doivent rien à la qualité martiale des femmes du même clan, les seconds ennemis. Et enfin, un troisième clan, défendu par un trio portant des armes que l'on reconnaît immédiatement.
Le personnage que j'ai trouvé particulièrement intéressant dans ce film est la maîtresse du clan des femmes de Yagyu. C'est une tueuse professionnelle qui n'a rien à envier aux hommes, mais lors de la scène où l'enfant est capturé, menacé de mort, et où Le loup refuse la capitulation en échange de la libération de son fils, sa perception change. Le Loup pense qu'il vaut mieux mourir que capituler, mais cette réaction extraordinaire d'un père (qui habituellement prend quand même bien soin de son enfant : c'est là toute la contradiction de ce duo atypique) pour son fils éveille un sentiment insoupçonné en elle : sa sensibilité maternelle ?
Le final C'est un fabuleux clin d'oeil au précédent. Quand dans ce dernier, il menaçait de couper les cordes d'un pont pour éviter que la prostituée les suive, dans le deuxième, il se contente de brandir son sabre sans même se retourner contre le chef du clan des femmes pour que celle-ci abandonne la partie.
En conclusionContrairement au premier où je me suis parfois un (petit) peu ennuyé, ce second opus frappe un très grand coup et se place simplement selon moi tout en haut du pavé des chambaras (en tous cas parmi ceux que j'ai vus), spécialement pour le duo atypique du Loup et de l'Enfant qui a pris véritablement son envol vers l'icône, pour la galerie des méchants, et une réalisation exceptionnelle (bourrée de scènes, de plans et d'inventions visuelles de grande qualité, et montrant également des lieux inédits comme le bateau et le désert).