Melancholia : 8/10 Le retour de Lars Von Trier après un Antéchrist atroce, mais néanmoins intriguant. Si le réalisateur met de côté son sens de la provocation avec ce film, il n'abandonne pas son pessimisme extrême. Melancholia est un des films les plus déprimant ayant vu le jour ces dernières années.
Lars Von Trier ne croit plus en rien, ne croit plus en l'homme, pas même à la vie. Que faire à l'aube de la fin du monde ? Profiter au maximum des derniers instants ? Ou attendre patiemment en se faisant une raison ? S'accrocher, jusqu'au bout, à la vie, ou baisser les bras, la laisser tomber en n'y voyant qu'artifice et vanité ? Si les deux options sont présentées à travers les deux soeurs, il semble clair que Lars Von Trier se sent plus proche de la philisophie du personnage de Justine, interprété par Kirsten Dunst. La vie, qui n'existe que sur Terre selon Von Trier, est mauvaise. La vie est futile, la vie est vaine. "Elle ne manquera à personne", dit Justine en parlant de la Terre.
Le film est divisé en deux parties, chacune axée sur l'une des soeurs. D'abord Justine, le jour de son mariage raté malgré les apparences de conte de fée. Même s'il se suit avec plaisir, ce premier chapitre connait quelques longueurs, du fait qu'on n'en comprend l'utilité que dans la seconde partie. Pendant une bonne heure, le sujet du film est totalement absent. La planète Melancholia, la fin du monde, pas une seule fois évoquées durant ce mariage qui tourne vite au règlement de compte familial. Le virage, très sobre, vers le fantastique se fait dans la seconde partie, centrée sur Claire (Charlotte Gainsbourg, bouleversante, qui méritait tout autant le prix d'interprétation féminine que Kirsten Dunst, si ce n'est plus). On comprend alors le message du réalisateur, et la longue première partie prend son sens. Ceci dit, pas sûr qu'il était besoin de tant étirer la partie mariage pour saisir le message. Cependant, on oublie vite les quelques errances du début face à la maestria des 30 dernières minutes, bouleversantes, en grande partie grâce à Charlotte Gainsbourg. Jamais je n'avais vu une fin du monde aussi puissante, aussi déchirante. Lars Von Trier réalise un véritable coup de maître avec ce dernier quart sublime, qui marquera à jamais mon parcours de cinéphile.