7.5/10
Les Diaboliques de HG Clouzot - 1954
SPOILER ( mais vraiment )
Loin d'être le meilleur de Clouzot (bon en même temps on parle du 2ème meilleur réal français all time donc le niveau est là), c'est clairement un bon film mais y a quelques petits trucs qui m'ont un peu gêné, déjà ça dure une petite dizaine de minutes de trop, sur la durée c'est pas toujours très efficace ( rien de bien méchant quand même mais y a une ou deux petites longueurs ), le couple féminin est beaucoup trop manichéen ( un peu plus de subtilité aurait été bienvenu, enfin j'aime vraiment la seule scène où Vera Clouzot assume ce qu'elle va faire en resservant des verres à son mari ) enfin ça reste quand même bien écrit car c'est difficile de se douter du double jeu de Signoret (et ça peut être aussi un défaut car le film est finalement pas ludique car y a pas d'indice pour trouver la fin) , ensuite j'ai énormément de mal avec le jeu de Vera Clouzot qui me plombe vraiment certaines séquences, enfin heureusement son duo avec Signoret n'en souffre pas.
Le reste y a pas grand chose à reprocher, Clouzot est un maitre, un vrai, donc il maitrise et le script même si il se repose beaucoup sur son twist final est quand même d'une sacrée efficacité, avec comme base un triangle mari-femme-maîtresse très réussit et j'aime bien les 2 femmes complétement différentes qui vont s'unir pour tuer le mari et puis Clouzot laisse la porte ouverte pour une interprétation homosexuelle de leur relation, c'est jamais explicite mais on peut vraiment y penser. Bien sur en chipotant le perso de Vanel arrive trop vite par contre le personnage est ambigu car il a compris le manège mais il laisse quand même mourir la femme pour pouvoir arrêter les 2 meurtriers (enfin selon moi).
Bon alors c'est sûr depuis on a vu tellement de thriller similaire qu'on voit tous les artifices de mise en scène pour cacher le mystère mais ça reste vraiment très réussit et on se laisse prendre au jeu car Clouzot joue avec nous et nos certitudes ( à un moment on peut penser être devant un film fantastique, d'horreur même avec ce plan de la photo de classe ) et c'est habilement mené et puis les 10 dernières minutes c'est juste du très grand cinéma ( l'absence de musique sur cette séquence est une très bonne idée ). Clouzot démontre toute sa maitrise technique pour emballer une pure scène de suspens ( qui a dut influencer pas mal de monde à commencer par Franju car j'ai beaucoup pensé aux
Yeux sans Visage lors de ce passage ) et puis la séquence du meurtre est elle aussi très réussit, il joue très bien avec son montage, y a rien de tape à l'oeil, mais on sent vraiment que Clouzot c'est le Boss car il nous montre mécaniquement chaque étape du meurtre en nous montrant bien qu'il est mort ( jusqu'au détail ultime des yeux révulsés ).
A coté de ça Clouzot se permet aussi une analyse ( petite ) sur les tréfonds de l'âme humaine et du mal qui est en chacun de nous ( car ici à part les gamins tout le monde est plus ou moins détestable ).
Le casting à part Vera Clouzot c'est du sans faute enfin faut dire que la pauvre Clouzot a pas de chance, les autres sont tellement bons que la différence de niveau se voit forcément, Paul Meurisse c'est un des meilleurs acteurs de l'époque et ici il est vraiment génial dans un rôle de salopard sur mesure, y a aucune fausse note, il ne tombe jamais dans la caricature ou le cabotinage et il suffit d'une scène toute simple pour qu'on se range du coté des femmes ( la scène de la cantine et par la suite on comprend le pourquoi de cette séquence ), du grand acteur tout simplement, Signoret fait très bien (jusqu'en dans cette coupe de cheveux qui dénote vraiment pour l'époque) la femme forte, c'est quand même une sacrée actrice et elle a vraiment un énorme registre de jeu, et puis la galerie de second rôle est savoureuse avec Michel Serrault ( et son collègue qui apporte des petites touches d'humour toujours bienvenues ), Charles Vanel et même Jean Lefebvre.
Loin d'être le meilleur Clouzot, mais un thriller haut de gamme tout de même et puis la dernière réplique est génial et termine le film sur une touche onirique.