Fast five
7/10Je continue donc dans la série des films de caisses bourrins. Fast and furious, c'est un cas particulier puisque lors des 4 opus précédents on nage dans les eaux troubles du blockbuster bovins à tendance bas de plafond. En effectuant une rapide revue de la "saga", on se rend bien compte que tout cela tourne un peu à vide malgré les billets verts engrangés.
The fast and the Furious n'est finalement qu'un produit divertissant, pompant de façon éhonté Point Break mais vieillissant correctement.
2 fast 2 furious est un truc bizarre, fait dans la précipitation par un vrai tacheron sans ame s'apparentant à un pauvre téléfilm friqué sans le moindre interet.
Fast and furious, Tokyo drift a le mérite de tout reprendre à zéro conscient que le taux de médiocrité est largement dépassé. Universal reboote tout ça, délocalise et s'offre les services d'un bon petit technicien. Dispensable certes, le résultat est plaisant...sans plus.
Fast and furious 4 ou le retour aux affaires du casting originel afin de relancer une franchise en pleine traversée du désert. Résultat, un épisode furieusement mou hormis sa sympathique scène d'ouverture.
C'est donc avec une certaine appréhension que je me lance à corps perdu dans ce nouvel épisode, The Rock y étant pour beaucoup dans ma démarche. Le résultat est donc sans appel. Le film est un vrai blockbuster estival, généreux, jouissif, offrant un spectacle de casse tout bonnement incroyable. Fini les concours de tuning moisi à base de techno obsolète et de pépés vulgos, le virage amorcé par le 4 débouche désormais sur un vrai film de braquage avec tous les codes que cela implique. Justin Lin enterre lui meme l'essence de la série avec une course de rue que l'on ne verra jamais. Pour le tuning, faudra donc repasser et c'est tant mieux!
Fast five se présente donc comme un Ocean's eleven like à forte dose de testostérone. L'idée de rassembler tout le cast des 4 premiers est évidemment sympathique. Mais le gros plus de cet épisode, c'est d'envoyer aux trousses du "fast pack" le colossal Dwayne Johnson en mode super agressif. Monoexpressif à mort, iconique et bouffant tout l'écran, il confirme qu'il est bien l'"action moviestar" de cette décennie. Ses apparitions ne sont pas nombreuses, puisque crédité comme un second role, mais suffisantes pour voler la vedette à tout le cast mais surtout à un Vin diesel ampoulé, un brin vieillissant et un peu trop emprunté à mon gout. Le fight monumental des deux aurait du tourner clairement à l'avantage du catcheur et la conclusion n'en est que plus ridicule! C'est Vin le héros quoi!
Coté action, Justin Lin opte donc pour une approche musclée mais offrant un faux rythme assez déconcertant. Exit donc les cascades mollassones du précédent, la production met à disposition des moyens colossaux mais lache les chevaux de façon trop sporadique. J'y reviendrais par la suite. Par contre dès que l'action s'emballe, le spectacle devient jouissif, se muant en vrai défouloir pour tout nostalgique de l'age d'or des 80'S. Le casse du train est un tour de force technique démentiel ou tout explose avec une science du cadre rudement bien maitrisée. Hormis quelques loupés, le mélange CGI-Cascades réelles est très bien géré. La caméra est toujours placée au bon endroit. Passé cette ouverture maousse spectaculaire, le film se focalise sur les divers acteurs. L'arrivée de The Rock pose les choses et le personnage, la suite ne fera pas dans la dentelle donc! Et comme pour montrer qu'il n'est qu'un simple faiseur de cascades, Lin se permet de torcher de tres bonnes séquences de gunfight comme la première dans les favellas ou encore l'énorme guet-apens à coups de lance roquettes de la fin. A cet instant, "Black Hawk down meet Fast five" et c'est loin de déplaire comme mélange!
Mais comme pour désamorcer volontairement l'euphorie, le film revient aux fondamentaux en proposant la partie préparation du casse. Il s'agit là du vrai ventre mou du film. Si les codes du genre sont bien exposés et interessants, on s'englue en parallèle dans des "questions existentielles" (la paternité, l'amour, l'amitié) n'ayant pas trop leurs places dans ce genre de production. Se voulant un mix entre le film de casse et l'action tous azimuths, le film doit s'affranchir de ce genre de remplissages. Ce n'est pas ce que le spectateur veut et ce n'est pas l'objet de ce genre de film. La psychologie des personnages est tout façon loupée alors pour quoi s'obstiner à essayer de rallonger le film? 130 minutes c'est trop et dépasser les 120 minutes n'est pas gage de qualité (cf.2012 ou Transformers 2). Ce ralentissement ne nuit pas au spectacle mais plombe le plaisir de la première demi heure et amoindrit l'emprise de The Rock sur le film.
Passé donc cette heure d'atermoiements, le casse arrive avec fracas et l'on comprend mieux le pourquoi de cette partie calme. Justin Lin a balancé tout son budget dans la scène finale avec pour maitre mot, la générosité! On prend donc deux caisses, un coffre énorme accroché, de longues avenues, des bagnoles de flics par dizaine et l'on obtient la poursuite qui va devenir une nouvelle référence en la matière. Spectaculaire, immersive, CGI quasi absente, volontairement énorme, cette scène est un monument de casse mais aussi de virtuosité. Impossible de louper quelque chose tant l'ensemble est limpide. Le montage est d'une efficacité redoutable et ces 20 minutes finales nous explosent complètement à la figure. On se croirait chez un Michael Bay qui ne serait pas atteint de parkinson. Les caisses font des saltos, virevoltent dans tous les sens, s'encastrent les unes dans les autres. C'est comme si la poursuite finale des Blues Brothers avait rencontré Michael Bay (encore lui, la référence absolue des années 200 étant pour moi BB2).
Visionné sans la moindre attente particulière, cette suite s'est donc mué en vrai plaisir et en solide film d'action à la logistique ahurissante et surtout au montage exceptionnel. Dommage finalement que le tout soit un peu plombé par des problèmes de rythme.