Il en fallait une, la voici, une critique de Warrior un peu à contrepied de l’esprit ambiant. Même si le film a des qualités indéniables dont nous allons parler, j’ai pour ma part trouvé que le réalisateur habillait un sujet tout sauf original d’un vêtement un peu tendance, à savoir les arts martiaux mixtes. Cette discipline, médiatisée de belle façon par l’UFC a en effet vu sa côte exploser ces dernières années et, en fan de la discipline, je dois avouer que je ne suis à aucun moment rentré dans la cage avec les combattants. A vrai dire, je suis ressorti de la salle saoulé par beaucoup d’air brassé pour pas grand-chose.
Commençons par les points positifs du film, et son plus bel avantage, ses acteurs. Un trio de tronches pas possibles, Tom Hardy en tête, vraiment impressionnant, dont chaque mouvement laisse dans l’air une trainée de charisme de haut vol. Ainsi, la trame principale du film, ce drame familial, intéressant malgré son manque d’originalité, est plutôt bien amenée, et même si on n’est jamais véritablement surpris par son déroulement (tout est hyper convenu, excepté les faits d’arme d’Hardy mais bon …), ça passe très bien. Nick Nolte est convaincant dans sa retenue et donne au film un soupçon de subtilité vraiment bienvenu, pour nous offrir quelques unes des plus belles scènes, comme cette rechute alcoolique teintée d’une pincée de réconciliation. Ces jolis passages sont en plus assez travaillés niveau photo mais sont malheureusement trop rares pour donner à l'ensemble une homogénéité de forme et de fond.
Le premier problème du film, à mon sens, vient de l’enrobage fait autour de l’histoire pour lui donner de la consistance, avec, en tête de file des éléments vraiment agaçants, tout le background scolaire de Brendan à coup d'élèves amoureux, de proviseurs compatissants... Sérieux, ça plombe trop le film. Mais c’est à l’image de ce qu’a fait le réalisateur pour opposer à gros coups de marteau piqueur pneumatique les deux frangins. C’est pénible ce manichéisme dans toute la première partie du film. L’un est vêtu de blanc, bon père de famille apprécié de ses collègues et surtout de ses élèves auprès desquels il a une côte folle (il en profite même pas, bah non il est trop gentil), l’autre est un bad guy intransigeant à la mine patibulaire et peu serviable, une boule de nerf cachée sous des vêtements sombres. Tout les oppose, y compris leurs combats, favoris contre challenger, stand up bourrin contre encaisseur grappleur. Ca m’a carrément saoulé, et la seconde partie du film qui essaye de nuancer le perso de Tommy est tellement graveleuse (Semper fi blablabla) que j’étais déjà hors de portée pour me remettre dans le film. Surtout que Cameron (LA femme du film) ne manquait pas également de nous la jouer cucul la praline dans son évolution vis-à-vis des combats de son mari pour finir, en bonne Adrianne des temps modernes, au premier rang à portée de la sueur et du sang. Quel dommage de traiter tous les à côtés de l’histoire principale avec aussi peu de subtilité.
Mais là où le film m’a littéralement achevé, c’est clairement dans sa gestion des combats. Tant au niveau de l’histoire que de la réalisation. Alors c’est génial, on assiste à un tournoi réunissant la crème du MMA, mais on a que des boulets en face des deux frangins en plus d’un gros russe, relan poussiéreux d’un vieux Drago déjà pas terrible à l’époque. Et pour les combats en eux même, bah c’est bien simple, on cale rien, c’est illisible, abusé en effets vraiment malvenus (mouvements de caméra rapide tout flou, tout est cadré hyper serré, à part les quelques slams qui sont bien rendus (et dont O’connor abuse carrément) bah c’est vide. On ajoute à tout ça un combat final complètement loupé, et limite utopique (le gars se fait briser l’épaule, retourne au combat avec un seul bras en guise de garde, en prend plein la tronche et l’arbitre arrête pas … ok c’est des gladiateurs, mais bon, c’est pas Rome non plus quoi) et c’en était fini de mes derniers espoirs. Surtout que le réalisateur choisit de zapper complètement l’entrainement des deux frangins, donc on a rien d’autre à se mettre sous dent. Non pas que ce soit un mauvais choix de ne pas tomber dans la facile trame « Pas bon > entrainement avec tortue géniale > Trop fort », mais faut assurer derrière si on veut tout miser sur le tournoi.
Enfin voila, grosse déception pour ma part. J’attendais beaucoup du film, peut être trop, et malgré un capital sympathie qui lui était déjà acquis avant que j’aille en salle et des acteurs énormes, Tom Hardy confirmant tout le talent qu’on lui connait, le film n’a jamais passé la seconde et j’ai carrément senti la fumée sortir du capot avant même d'avoir pu gouter aux délices des grandes vitesses.