Exorciste (L') |
Réalisé par William Friedkin Titre original : The Exorcist Avec Ellen Burstyn, Max von Sydow, Jason Miller Long-métrage américain . Genre : Epouvante-horreur , Thriller Durée : 02h02min Année de production : 1973 |
8,5/10 |
William Friedkin est un homme de la télévision où il entra en 1957, l'explosion du système et la prise de commandement des réalisateurs dans les années 70 lui permit de réaliser deux films à succès, French Connection et l'Exorciste.
Son style est influencé par certains classiques français (le salaire de la peur, les diaboliques) ainsi que par Citizen Kane qui fit vivre sa cinéphilie.
Le récit est parfaitement agencé, l’introduction nous présente un prêtre archéologue en Irak malade et fatigué qui trouve une statue représentant le mal. L’atmosphère s’assombrit vite et des indices visuelles en menace l’air.
Retour au présent dans un univers urbain rassurant ou l'on nous présente le reste des personnages qui feront vivres cette oeuvre. Une actrice célèbre et séparée, sa fille vive, intelligente et un deuxième prêtre jeune et en questionnement sur sa foi. Toute cette partie est superbement narrée par des séquences réfléchies et cohérentes, par exemple le prêtre est montré dans la même séquence que la mère qui joue sur un tournage de film en extérieur, mais en fond et sans qu'il soit présenté. Il faudra attendre un peu plus loin pour qu'il soit mis en situation par l'oeil de l'objectif dans son propre fil de vie.
L'appartement de la mère et la fille est la proie de bruits qui proviennent du grenier et bien vite à partir d'une soirée organisée ou la fille devient bizarre et menaçante (elle urine devant les convives et les menaces de mort sur un ton calme effrayant) les choses dérapent.
La jeune fille devient vulgaire, son comportement change et la médecine ne remarque rien d'anormal !
Le film devient tranchant et brutal : exemple de dialogues d'une séquence quand Regan possédé s'enfonce un crucifix dans le vagin en clamant :
« laisse Jésus te baiser !»
Pauline Kael la célèbre critique détesta ce film ! tu m'étonne !
La partie qui voit les hommes de foi combattre le mal qui habite la jeune fille est la plus spectaculaire et là se fait la convergence des protagonistes de l'histoire dans des séquences de pures folies qui fait se dresser les cheveux sur la tête !
Les effets spéciaux sont formidables avec ses vomissements, ses rotations de la tête et la lévitation du corps de la jeune fille. Les acteurs sont de qualités, mais le cinéaste voulait qu'ils ne soient pas trop connus pour ne pas vampiriser l'essence de son expression filmique.
Burstyn est quand même une égérie de cette génération de réalisateur et assume parfaitement son rôle. Linda Blair est d'un naturel charmant et sa transformation sera effrayante à suivre. Les deux acteurs prêtres (Max von Sydow et Jason Miller) servirons la finalité du propos et leurs jeux criants de vérités donnerons le ton dramatique adéquats au propos.
Un film qui choqua, qui défia les conventions traditionnelles avec un rituel extrêmement violent et un langage fleuri par la vulgarité. Ce fut un jalon pour le genre horreur qui s'affranchit des séries B pour passer dans la dimension supérieure du film à gros budget.
Oscar mérité pour le son et le scénario et doté d'une musique de Mike oldfield qui provient de l'album Tubular Bells qui a baigné mon enfance.
Un critique dit du film :
«Ce film fit du dégoût un divertissement pour le grand public»
Friedkin :
«Il y a quelque chose de noir dans mon âme, une profonde noirceur qui m'habite à chaque instant»