Mysterious Skin de Gregg Araki
(2004)
Première incursion personnelle dans le cinéma de Gregg Araki, et ce avec ce qui est considéré par beaucoup comme son meilleur film, à savoir l'étrange Mysterious Skin. Ne passons pas par quatre chemins, je suis extrêmement sceptique vis à vis de l’œuvre. Si cela est son meilleur film, je remet fortement en question la qualité du reste de sa filmographie. Car oui, Mysterious Skin est très loin d'être le chef-d’œuvre vanté par beaucoup. En revanche, que l'on ne s'y trompe pas, le film n'est pas une purge infâme, il est seulement un bon film raté, bourré de très bonnes intentions qui tombent peu à peu presque toutes à l'eau. En tentant d'aborder le sujet difficile de la pédophilie et de ses conséquences sur la vie d'un être, Arraki s'impose à lui-même une ambition forte, surtout lorsque l'on voit à quel point il tente d'approcher le thème d'une façon neutre, sans jamais porter de jugement (la seule grande qualité du film en fait) et en gardant une distance relative lors de scènes un peu osées vis à vis du reste du métrage. Voilà d'ailleurs pourquoi seul le début du film est à sauver : parce qu'il contient tout simplement les scènes les plus réussies du film, à savoir la relation ambiguë entre le jeune héros et son moniteur de base-ball. Ces séquences ne tombent jamais dans le cliché et instaurent véritablement une ambiance bien particulière.
Pourtant, dès que le film s'intéresse aux enfants devenus jeunes adultes, on se retrouve devant un tout autre film, bourrés de clichés ambulants (le garçon à lunettes, mal interprété de surcroît, le copain homo, le gros frustré qui se déchaîne en violant ce qu'il a sous la main, la meilleure amie jamais écoutée, etc...), de storylines qui ne débouche sur rien de concret (le client atteint du sida, personnage inutile qui n'a aucun impact sur le personnage de Joseph Gordon-Levitt, ou encore l'attirance du copain homo par ce dernier, un détail qui aurait pu faire la différence mais qui est vite abandonné par Araki) et surtout de grossières erreurs de ton, comme le passage du viol qui est illustré par une mise en scène plus cartoonesque qu'autre chose (le plan de va et vien durant la fellation) et surtout la séquence finale, une scène qui se révèle tout simplement inutile, le spectateur n'ayant pas besoin de savoir précisément ce qui s'est passé ce soir là pour comprendre le trauma infligé sur les deux personnages principaux, et qui tombe dans un ridicule profond avec l'allusion d'un fist-fucking montré de façon partielle à l'écran. Pour une scène qui se veut angoissante et révélatrice, il est quand même étonnant de voir à quel point elle déclenche plus le rire involontaire. Rajoutons à cela des bonnes idées qui, encore une fois, ne débouchent sur absolument rien (le coup des extra-terrestres, plutôt bien traité au début, se révèle finalement ridicule, notamment avec le dessin mi-homme mi-ET, ou comment bien surligner au stabylo ce qu'on cherche à faire comprendre au spectateur) ou encore quelques séquences jolies mais qui n'apportent rien au récit (la scène onirique sous la neige) et on obtient Mysterious Skin, un film qui ne vaut que pour son intention de départ ainsi que pour la révélation d'un acteur prometteur, c'est là bien peu de choses pour faire un véritable grand film.
NOTE : 4/10