La Haine (1995)9/10C'est l'histoire d'un homme qui tombe d'un immeuble de 50 étages.
Le mec au fur et à mesure de sa chute il se répéte sans cesse pour se rassurer... jusqu'ici tout va bien,
jusqu'ici tout va bien, jusqu'ici tout va bien. Mais l'important c'est pas la chute, c'est l’atterrissage. Plus tu le regardes plus il te prend aux tripes avec des scènes à la violence morale très dure. Un film résolument très pessimiste avec ce cycle de la haine qui s'installe et prend de l'ampleur au fur et à mesure d'une chute qui semble éternelle. L'image d'une société qui part à la dérive, ayant déjà franchi le point de non-retour et qui attend seulement l’atterrissage, se regardant sombrer sans rien faire. L'histoire d'une génération isolée qui perd tout sens de la réalité devant l'incompréhension d'un monde liberticide.
Ce film vaut bien tous les textes sociologiques hautement-pseudo intellectuels, c'est un constat très juste qui vomit toute la société à travers l'itinéraire de ces trois jeunes, le temps d'une journée ordinaire...Pas de manichéisme, aucune caricature, c'est un pur modèle d'écriture. En 1h30, le film prend le temps de dénoncer tous les travers de l'humanité au sein d'un système voué à l'échec. Le film est d'une telle profondeur qu'il faut obligatoirement le voir plusieurs fois au risque de passer à côté de certains messages. Définitivement le film qui a tout compris et qui te balance froidement qu'il n'y a plus aucun retour arrière de possible.
Un blanc, un noir, un arabe, il n'y a pas de hasard et ça fait un trio d'acteurs énormissimes, chaque personnage a une personnalité bien différente avec sa philosophie qui l'accompagne. Servis par des dialogues tout aussi géniaux et d'une constance admirable, ils se révèlent très vite attachants et c'est eux qui donnent véritablement une telle portée au film. L'humour omniprésent remplira le même rôle, amorçant toujours des scènes noires criantes de vérité.Ce contraste qui nous est offert finit par être déchirant, comme eux nous sommes perdus.
Le film est une réussite aussi bien dans le fond que dans la forme avec un superbe noir et blanc bien maîtrisé qui ne fait pas seulement office de gadget purement esthétique mais montre tout ce pan de l'humanité déconnecté de la réalité d'une façon très sobre. Visuellement beau et couillu, le film se paye une intro à l'aspect reportage mais très bien réalisé portée par Burnin and Lootin de Bob Marley qui résonnera pendant tout le film tellement elle est dans le propos. La musqiue se fait rare mais quand elle intervient ce n'est jamais gratuit. Un grand film, fact.
C'est l'histoire d'une société qui tombe et qui au fur et à mesure de sa chute se répète sans cesse pour se rassurer...
jusqu'ici tout va bien, jusqu'ici tout va bien, jusqu'ici tout va bien. L''important c'est pas la chute, c'est l'atterrissage.