Incendies de Denis Villeneuve
Une vision induite d’un film qui trône fièrement en haut du classement de l’année, merci les Bomien pour la découverte.
Il faut l’avouer le début du film est assez faiblard, de par l’accent des comédiens, du drame surligné au stabylo et de l’ambiance ultra pesante, on sent tout de suite qu’on ne va pas rigoler durant Incendies sauf à l’insu des acteurs. Le ton est bien trop grave, le dos des acteurs trop recourbé, on a du mal à entrer dans le récit puis vient la meilleure scène du film celle qu’on découvre sur l’affiche celui d’un attentat sur un bus terriblement prenant à partir de ce moment le film devient assez captivant.
Durant deux bons tiers du film, le montage alterné entre présent et passé fonctionne du tonnerre, on se pose des questions avec les enfants tout en découvrant le passé d’une mère qui n’a plus rien à perdre, plus le puzzle se résout plus la structure du film se révèle intelligente, on comprend alors le placement astucieux de certaines séquences spleen comme celle des jumeaux à la piscine.
Malgré tout une brochette d’acteurs parfaitement à leur place en tête la mère courage et sa fille, leurs allers retours en pleure finissent par être répétitifs, on ne découvre plus on nous répète de nouveau les même infos, en tant que spectateur j’aurais préféré qu’on laisse la quête des jumeaux de côté pour avoir un film uniquement sur centré sur le destin tragique et héroïque de la mère. Il faut l’avouer le contexte palestinien traité à la manière d’un thriller avec un regard inédit sur des enfants soldats, c'est assez rare pour être noté mais le réalisateur ne fait qu’effleurer ce qui aurait pu être le sujet d’un grand film.
Denis Villeneuve propose une réalisation très aboutie, le choix des cadres est souvent très judicieux, que ça soit les plans resserrés sur les visages qui en disent long et les plans larges qui mette en valeur l’aridité des paysages, le réalisateur tente même d’induire des touches décalées avec les titres des chapitres en rouge sanglant et la musique pop sur deux passages. Il faut l’admettre le réalisateur a de belles ambitions narratives et formelles, il tente des choses, rien que pour ça le film est à voir.
Cela ne comble pas les faiblesses d’un film trop mou dans son attitude, de certains dialogues hors propos (le « ça tombe bien j’ai des antécédents » ça m’a tué
![Mr. Green :mrgreen:](https://www.bekindreview.fr/forum/images/smilies/icon_mrgreen.gif)
) et surtout d’un twist choquant, scotchant parfaitement mis en scène mais trop fondateur du récit qui éclaire totalement le film, avec le recul ce retournement s’avère plus facile qu’autre chose et annihile toute envie de revoir Incendies.
7/10