Lord of war
7/101 homme sur 12 est armé. La question est comment armer les onze autres?
C'est par cette phrase d'un cynisme absolu que commence le film d'Andrew Nicoll. En un plan (de grande qualité) sur un parterre jonché de balles rouillés jusqu'à la réplique narquoise d'un Cage détaché, le ton est donné. Lord of war se bornera à expliquer l'ascension d'un vendeur d'armes de façon factuelle sans donner d'avis ni faire une morale malvenue sur un tel sujet. Et pour illustrer son propos, Nicoll frappe super fort avec une réalisation hyper léchée et des effets de style bien chiadés. Comme tout le monde, il m'est impossible de passer outre le terrible plan séquence trafiqué de la balle partant de son usine pour finir...Glaçant et techniquement parfait. Pour le reste, c'est bien maitrisé avec quelques effets de style vu et revus (le coup de l'avion dépioté) mais ne nuisant jamais au bon déroulement de l'histoire.
Lord of War est il me semble le dernier bon role de Cage avant sa boulimie filmique. Son approche cynique, détaché et moqueuse donne le ton et on sent clairement que l'acteur aime ce personnage de "quoi?? que se passe t il? je suis un businessman comme un autre!". J'adore d'ailleurs son monologue du AK47 filmé comme une voiture de luxe.
Ici donc point de "Cageries", de la sobriété, quoique...
Pour le reste du casting, c'est pas folichon. On sent que Niccol a bati artistiquement et financièrement son film sur la tronche de Cage, à qui il restait encore à lépoque un peu de crédibilité. Du coup, le reste du casting en patit vachement avec un Jared leto en mode "réquiem for a dream", n'apparaissant que pour justifier le coté bon samaritain de Yuri. Ethan Hawke n'est pas crédible en flic pugnace bien qu'il fasse ce qu'il peut pour donner du corps à un role finalement peu étoffé. Cela dit, j'aime bien sa confrontation finale avec Cage, passant rapidement du mec fier de lui à celui de mec qui maitrise rien au bout. Bridget machin, elle est mignonne...voilà...voilà...
Le film est quand à lui passionnant. On sent que le sujet a été bossé de façon très pro. Le réalisateur ne donne jamais son avis et se cantonne juste à l'analyse des faits. Pas de plans lacrymal sur les conséquence du business de Yuri, le but affiché est vraiment de pouvoir expliquer toutes les ramifications de la vente d'armes. Et dans cette logique factuelle, Nicoll ne pouvait pas boucler son film autrement qu'avec la très cynique scène finale avec un face à face entre Hawke et Cage assez désarmant. J'adore justement l'explication très détaché de Cage faisant de lui un intouchable et finalement un protecteur de la nation puisqu'il arme et tue indirectement les enemies de son président. Le film s'ouvrait déjà sur un constat d'échec, il se clot par une note glaciale pointant du doigt les membres du comité de sécurité de l'ONU comme les plus grands marchands d'armes. Il y a quand meme quelques raccourcis faciles dans l'histoire et notamment ceux concernant l'ascension trop facile d'un Cage rapidement rompu à l'exercice. On ne suit finalement que ses années dorés. Le coté "Scarface like" n'est jamais genant et encore une fois le film se suit comme un thriller passionant.
Constat froid et méthodique, le film d'Andrew Nicoll nous permet d'en savoir plus sur un milieu très opaque par le biais d'un thriller bien torché techniquement (reconstitution au top, voix off parfaitement utilisé, un Cage très bien), jamais moraliste se bornant à exposer la situation d'un marché qui ne connaitra jamais la crise.
J'vais vous cogner si fort qu'a votre réveil votre technique ne sera plus à la mode !Zone B Français:
Image 10/10: comme d'habitude chez M6, c'est du travail de très grande qualité. Rien à redire.
Son 10/10: Limpide et démentielle lorsque ça s'active à l'écran. Le boulot des surrounds est juste bluffant.