BUG de William Friedkin
Bug ou le renouveau d’un cinéaste qui exploite à merveille un huis-clos paranoïaque, dès les premières secondes le son des hélices viennent coller au plus beau plan du film, une vue aérien d’un motel perdu dans l’immensité du territoire américain marquant le thème principal de son film : la solitude. Un recroquevillent auquel va s’ajouter des coup de fils anonyme interrompu de quoi laisser planer un mystère durant une bonne partie du film alors qu’un plan furtif d’un cadavre annonce la couleur.
Friedkin se révèle extrêmement malin et assez culoté, on démarre par une rencontre dans un bar de lesbienne, ou va se former un trio d’acteur Lynn Collins en esprit libre tatoué, Ashley Judd perdu dans ses pensées et un Michael Shannon introvertie. Le réalisateur va donc jouer avec ses trois pions sans que l’on sache la direction qu’il va prendre. Au cours d’une soirée aux substances illicites, démarre une relation improbable au premier abord d’autant plus que Friedkin se moque de la tête de serial killer de Micheal Shannon qui excelle dans ce genre de rôle tordu.
D’ailleurs à l’arrivé de Harry Connick Jr détestable dès sa sortie de douche, on se dit que tout cela va virer au drame conjugal, d’autant plus qu’Ashley Judd est impériale en mère dépressive. Elle va finalement tout doucement entrer dans le délire concocté par son compagnon d’un soir, une belle nuit d’amour inspiré en terme de mise en scène va se transformer en trip hallucinatoire sur la présence de bestioles imaginaires le tout enrobé de paranoïa mêlant la CIA et des scientifiques Nazi.
Là on se dit que ça va vite tourner au grand ridicule mais comme tout huis-clos qui fonctionne Friedkin doit avant tout remercier ces acteurs, la performance du duo est juste bluffante, durant la deuxième partie on y croit à fond, le réalisateur va jusqu’au bout du concept ne s’imposant aucune limite, ça devient trash, sanglant, malsain, Ashley Judd finit par diriger cette psychose épousé par les mouvements déstabilisé de sa caméra.
Un film encourageant pour les prochains Friedkin, vivement Killer Joe.
8/10