Vahlalla Rising (Le Guerrier Silencieux, Vahlalla Rising) de Nicolas Winding Refn
(2009)
Un film qui divise énormément et cela se comprend tout à fait,
Vahlalla Rising étant plus une expérience sensorielle qu'un véritable film. Nicolas Winding Refn l'a préparé pendant des années, au point de devenir son projet le plus personnel, et cela se ressent vraiment à l'écran, rien que d'un point de vue de mise en scène où Refn abandonne totalement le style de ses précédents films pour se renouveler totalement à base de plans larges composés de façon magnifique et de jeux de lumière qui font de
Vahlalla Rising un film extrêmement expérimental, non seulement sur le plan visuel mais aussi sur le fond. De ce point de vue là, le film est le plus réussi de Refn, prenant un fait historique (les Vikings ayant réellement découvert l'Amérique de façon plus ou moins hasardeuse) pour finalement écrire sa propre histoire (comme la totalité de la filmographie de Refn, on se retrouve là aussi dans une descente aux enfers, sauf qu'ici il faut vraiment le prendre au mot) teintée de références multiples (Kubrick évidemment, mais aussi les écrits de Dante) qui permettent à l’œuvre de s'imposer comme le film de la maturité pour son auteur, abandonnant l'objectif de vouloir raconter une histoire pour faire passer un message fort que chacun pourra interpréter de plusieurs façons différentes.
Sur le plan visuel, on est bien là devant le meilleur travail de Refn à l'heure actuelle, on sent véritablement un travail de mise en scène dans la continuité, contrairement au premier
Pusher et
Bronson. Le film entier est composé de choix particulièrement audacieux, avec des séquences hypnotiques (la traversée de l'Atlantique), surréalistes et oniriques (la totalité des séquences en Amérique) vraiment intéressantes, mais l'un des gros points forts du film est évidemment le fait d'avoir un héros muet du début jusqu'à la fin (dont les motivations ne seront jamais connues, ce qui pourrait laisser penser qu'il est soit le Passeur vers Vahlalla, soit le Diable lui-même), interprété de façon magistrale par Madds Mikkelsen. Si l'expérience du film est parfois trop déroutante pour être appréciée à sa juste valeur (plusieurs passages longs qui se font réellement sentir, malgré la courte durée du métrage), elle pourrait être bien plus intéressante avec une seconde vision. Reste que malgré ce que pourront dire les détracteurs de ce genre de cinéma, on est bien là devant la renaissance d'un cinéaste qui n'en avait pas forcément besoin, ce qui laisse présager de très bons espoirs pour ses futurs projets.
NOTE : 7,5/10