[Ernst Stavro Blofeld] Mes critiques en 2011

[ERNST STAVRO BLOFELD]

Relis la critique, je fatigue là.

[pabelbaba]

Clint ratisse large à droite. Très à droite.

[francesco34]

Et quel sont les mauvais choix du réalisateur ?

Il a pas dit "mauvais"... Il a juste dit qu'il critiquait ses choix...
Enfin, Ernst a vite découvert le truc pour faire de l'animation sur un topic, prendre un film adulé par l'intelligentsia du forum et aller à contre-courant. Y'a un grand spécialiste pour ça sur le forum
M'enfin heureusement qu'il a mis 6/10 au final (une bonne note au demeurant, quand on voit qu'il met 7.5 à ses films favoris de l'année)... J'ose pas imaginer s'il avait mis en dessous de la moyenne

[Val]

prendre un film adulé par l'intelligentsia du forum et aller à contre-courant.

Enfin, puisqu'on parle de droite, je devrais mettre ça :

[francesco34]

A choisir je préfère Arlette

[ERNST STAVRO BLOFELD]

Me too

Pour le côté polémique, je crois que c'est un peu mon métier

Mais revenons sur Melancholia s'il vous plaît

Je règlerai définitivement le compte de l'inspecteur Harry en publiant une critique assassine sur le numéro 2 que je vais mater ce soir

Non je déconne. Quoi que...

[Creeps]

Merci j'allais oublier de l'enregistrer

[Dunandan]

Critique de films (6) : Le retour de l'inspecteur Harry

De Clint Eastwood

Pour ceux qui comprennent vite mais pour qui il vaut mieux expliquer longtemps, voici le retour de l’Inspecteur Harry. Douze ans après le premier opus réalisé par Don Siegel, c’est Clint Eastwood lui-même - ce dont on espère qu’il ne se vante pas – qui orchestre le quatrième volet qui tourne autour d’un scénario classique (une froide vengeance à la suite d’un viol). Au cas où l’on n’aurait pas compris que la police américaine est trop frileuse, incapable, corrompue et que lorsqu’elle franchit la ligne rouge la justice se charge de donner raison aux criminels, le chevalier blanc Dirty Harry repasse gratuitement la seconde couche sécuritaire sur l’espace de cerveau encore disponible des classes populaires influençables et friandes du « tous pourris ». Sous les traits d’un cow-boy à la répartie cinglante mais vieillissant - au point qu’on se demande par quel miracle il ne se fait pas fracasser plus tôt - l’inspecteur Harry se fait le pourfendeur d’une rafale de clichés et de lieux communs plus pesants qu’un épisode des Experts.
Si le premier opus ne laissait pourtant pas de doute sur les visés politiques d’un film par ailleurs correct d’un point de vue cinématographique, son jumeau frise l’overdose en enfonçant le clou à coups d’enclume. Cette fois, même plus besoin de sommation. Papy Harry flingue à tout va pour le plus grand bonheur de ceux qu’il s’est mis dans la poche après s’être fait narguer à la sortie du tribunal par une bande de voyous de bas étage. Sa hiérarchie est toujours aussi bornée, légitimant ainsi les méthodes du flic à l’ancienne. Bref si la barque devait être plus chargée, Clint se trouverait à bord d’un sous-marin.
Encore une fois la question de la peine de mort n’est pas abordée frontalement. Il y a des limites à la « lourdinguitude ». La fin du film se charge de régler le compte des avocats de la défense. En laissant repartir libre la meurtrière de quatre violeurs (qui pour des besoins idéologiques évidents sont passés entre les mailles du filet), le film légitime ouvertement le droit de se faire justice soi-même lorsque la situation semble permettre que la bonne pensée conservatrice le tolère. Voire l’appelle de ses vœux. C’est aussi nauséabond qu’un chef de l’Etat en talonnettes qui, sous le coup de l’émotion, vous pond une énième loi sécuritaire inapplicable pour calmer la meute avide d’une justice type jeux du cirque.
On souffre d’autant plus que le film n’est pas bon d’un point de vue purement cinématographique. L’apport de la musique se cantonne au générique nocturne. La séquence d’ouverture ne tient pas ses promesses. Très vite, les scènes, dépourvues de rythme, s’enchaînent sans grande trame. Plusieurs passages mous paraissent superflus. Il s’en faut de peu qu’on ne s’ennuie ferme par moments. La réalisation laisse franchement à désirer si bien qu’on s’attend par moments à voir surgir Peter Falk. A l’image du reste, la ficelle utilisée pour que l’inspecteur et la tueuse en série qu’il recherche se rencontrent est vraiment grosse. Et que dire du montage des réminiscences de la scène du viol avec plan serré fixe sur les yeux de la victime devenue coupable à son tour.
La seule vraie bonne idée, c’est cette scène entre Harry et Jennifer (Sondra Locke) à la terrasse d’un bistrot. Elle nous rappelle qu’il nous reste une heure à supporter ce café du commerce.

3/10

[Val]

C'est pas le deuxième mais le quatrième.

[ERNST STAVRO BLOFELD]

Oui merci c'est corrigé

[Val]

Pour revenir sur le débat au sujet de Eastwood le réac, je crois intéressant de rapporter ses mots. Il s'agit d'une interview recueillie le 19 novembre 1984 et publiée dans le numéro 287 de Positif en date de janvier 1985.

La critique américaine vous a reproché de dénigrer le système judiciaire, de préconiser l'auto-défense et la justice individuelle.

Si mon sens de l'humour échappe à certains, je n 'y peux rien. Un de mes restaurants favoris à Carmel s'appelle "L'Haleine du Pourceau". Quand j'ai demandé au propriétaire pourquoi il avait choisi un nom aussi rébarbatif, il m'a répondu : "Nous voulons être sûrs de ne servir que des clients qui ont le sens de l'humour". Quelques mois avant sa mort, j'ai déjeuné avec Hitchcock et après avoir philosophé de concert sur le cinéma, il a soudain conclu : "N'oubliez jamais ça, ce n'est qu'un foutu film !". Il avait sacrément raison. Aucun film ne peut changer le monde ou le rendre plus juste. Même s'il comporte un message important. Dirty Harry a touché une fibre sensible car le pays en avait par dessus la tête de l'inefficacité bureaucratique. Mais ce n'est qu'un pure fiction. Dans la société d'aujourd'hui, aucun flic ne serait capable de battre en brèche le système en restant aussi intransigeant. Même si certains aimeraient avoir ce pouvoir et au besoin, circonvenir la loi elle-même. Ce qu'au demeurant Harry Callahan ne faisait pas de propos délibéré, mais seulement pressé par le temps ou contraint par l'urgence de la situation. Pour revenir à votre question : je ne peux pas me poser ce genre de problèmes. Je fais de mon mieux et je ne peux qu'espèrer que le public aimera le film, et que la critique sera plus sensible à ses aspects positifs qu'a ses aspects négatifs.

[ERNST STAVRO BLOFELD]

Merci d'avoir retrouvé cette interview. C'est un point de vue intéressant qui fait relativiser la portée de ce film. Même si j'ai beaucoup de mal à croire qu'il s'agit exclusivement d'humour et pas d'idéologie assumée, il n'en reste pas moins que ce n'est qu'un film. C'est vrai aussi qu'on a vu pire d'un point de vue cinématographique. Ceci étant un réalisateur, tout Clint Eastwood qu'il soit, ne saurait se réfugier systématiquement derrière l'argument humoristique. Quand on prend position, il faut avoir le courage d'assumer ses choix.

Sinon, la seule phrase avec laquelle je ne suis pas d'accord c'est "qu'aucun ne peut changer le monde ni le rendre plus juste". Pour moi les films sont comme les livres. Ils peuvent distraire, divertir,... Mais aussi et surtout j'ai envie de dire éduquer, nous cultiver, nous procurer des émotions, nous donner à réfléchir... La plupart de leurs auteurs sont tout sauf d'innocents agneaux qui n'auraient aucun point de vue. Si des livres, des films ou d'autres œuvres d'art n'éveillaient pas les consciences, ne suscitaient pas le débat, on aurait du souci à nous faire. Pour moi faire évoluer les mentalités et la société, cela fait partie des fonctions premières d'un film. Les oeuvres comme les médias sont et doivent rester un contre-pouvoir. A moins que l'on préfère la dictature.

[osorojo]

A tout politiser à outrance aussi, on finit par voir le loup là où il n'est pas

[Creeps]

[ERNST STAVRO BLOFELD]

A tout politiser à outrance aussi, on finit par voir le loup là où il n'est pas

C'est pas faux. Mais la frontière entre les Républiques et les régimes totalitaires est plus fragile que ce que l'on croit. En votant pour Hitler en 1933, les Allemands ne pensaient pas à mal