8,5/10
Du Rififi Chez Les Hommes de Jules Dassin - 1955
Un grand film noir made in Dassin, après son chef d'oeuvre anglais Les Forbans de la Nuit, Dassin pose ses valises en France et livre un des meilleurs caper movie du film noir ( le film a rien a envier a un Coup de l'Escalier, Asphalt Jungle ou l'Ultime Razzia ).
On suit donc Tony le Stéphanois et son associé Jo le Suédois ( et oue des pseudo de truands frenchy ça le fait et ça change des pseudo de mafieux même si c'est être stéphanois c'est un peu naze) qui vont faire un casse dans une bijouterie, on a donc la trame classique du genre avec composition de l'équipe, préparatif minutieux puis long casse et ici c'est un gros morceaux de bravoure de près de 30 minutes sans aucune parole ( la séquence reste une des meilleures du genre et Melville pour son Cercle Rouge, Mann pour Solitaire ont clairement été influencé par Dassin, qui a dut influencer pas mal de monde en fait ).
Alors 30 minutes muette sur un casse, ça peut faire peur, beaucoup de monde s'y est frotté et faut vraiment captiver le spectateurs en instaurant une vraie tension palpable c'est vraiment un genre qui s'est perdu et à part Inside Man on a rien eu en 20 ans en fait] ), et là c'est tendu du début à la fin et surtout, élément important on comprend comment il procède ( c'est con à dire mais ça arrive que dans des Caper qu'on capte rien comment il procède pour le casse, ici c'est limpide ), vraiment une scène prenante de bout en bout, depuis en fait c'est simple on a pas vu mieux (même chez Melville).
Mais le casse n'est pas la finalité du film, et malgré la puissance de la séquence ça ne vampirise pas le film, et la dernière demi heure on est plus dans le Caper movie mais bien dans le film noir et c'est presque sans concession avec des morts violentes et la fatalité qui s'en mêle.
L'histoire est tirée d'un roman de Auguste Le Breton qui s'est lui même chargé des dialogues et l'argot est un vrai plaisir pour les oreilles.
La fin est forcément noire ( y avait moyen de faire un poil plus noir par contre mais fallait vraiment des grosses burnes là ou être coréen ) et elle est vraiment réussie ( putain de dernière séquence où Dassin montre que c'est un grand, déjà dans les Forbans de la nuit il gérait vraiment bien les séquences en voiture et la c'est encore un cran au dessus ) et puis y a même un petit gunfight où Dassin gère à merveille son décors de maison en construction.
Bon par contre Dassin ne met pas vraiment Paris en valeur comme il l'avait fait avec Londres pour les Forbans de la Nuit.
J'ai découvert Jean Servais avec ce film (malheureusement jamais revu par la suite) et putain sacré acteur une grosse présence, une vrai gueule, y me fait penser à Serge Reggiani dans son jeu minimaliste et sec, puis le personnage est vraiment intéressant, c'est pas un tendre ( la dérouillé qu'il fout à son ex c'est osé quand même, enfin le film va assez loin dans la misogynie avec des perso de femmes plus bidon les uns que les autres, mention à la femme de l'italien qui est juste là pour exhiber ses nibards ), (le film avec une grille de lecture 2022 il se ferait détruire), le reste du casting est très bien ( sauf Carl Möhner un peu limite par moment ) avec notamment Jules Dassin qui s'offre un petit rôle, celui du perceur de coffre italien et Robert Hossein en junkie.
Un Caper Movie essentiel d'un réal alors au sommet de son talent (la suite de sa carrière sera nettement moins intéressante).