Les Sept Mercenaires de John Sturge est un magnifique western sublimé par un cinemascope un peu sous-exploité et des personnages profonds, charismatiques et très attachants. Bien sur, la forme est très académique et sans grandes idées mais le film est très divertissant notamment grâce aux musiques joyeuses et entrainantes.
Quelques années avant l'arrivée de Leon et du spaghetti, John Sturge signait déjà un western atypique dans lequel préfigurait le crépusculaire et le spaghetti justement. Les cow-boys sont des anti-héros solitaires sans attaches au passé trouble et à travers la mission qui les appellent ils trouvent leur salut. Ce film est avant tout une histoire pleine d'humanisme (les villageois sont au centre du film qui marque un point définit à comparer les hommes "libres" et les fermiers dont ils reconnaissent un courage plus grande que le leur : assumer des responsabilités, femmes, enfants, bétails, cultures le tout en assumant les lois de la Nature, les pillards et la pauvreté. Les 7 Mercenaires n'est pas un western basé qu le gunfight et l’action. Le rares fusillades sont correctement réalisées, il y a de nombreuses chutes (chevaux et hommes) et le découpage est convenable. tout est lisible, c'est fluide et rythmé sur ces séquences.
Le ton lorgne du coté "classique" avec les grandes musiques , la légèreté de l’ensemble, le côté tout public et commercial mais le film fonctionne parfaitement. La relecture des 7 samouraïs d'Akira Kurosawa est faite avec un certain talent d'écriture (pour la mise en scène ça reste assez basique il l'admettre) et les personnages possèdent tous un vrai relief (et un talent particulier) même si ça ne tient qu'en une ligne. Leur regard, l’aura qu’ils dégagent et leur présence (inégales certes) leurs permettent d'en imposer plus qu'une tonne de dialogues. Ici, l'action se déroule à la frontière Texas-Mexique, les héros sortent de nulle part et trimbalent tous un passé obscur. Le film possède un rythme ni lent ni nerveux. C'est rafraichissant, c'est bourré des scènes intimistes (le dialogue entre les 7 où Brunner balance les avantages à avoir la vie qu'ils sont tandis que McQueen balance les points négatifs : des plans importants et des dialogues équivoques puisque ça pose direct le fossé entre les deux personnages malgré le respect mutuel : ils représentent vraiment les deux piliers du groupe, les plus expérimentés et surtotu les plus "éveilles" sur leur statut) , les caractères sont assez développés (voir beaucoup rien que Yule Brunner et le gamin) mais le tout reste assez gentillet.
Les 7 mercenaires racontent surtout la fin d'un genre d’hommes et d'un mode de vie obsolète: la solitude, l'errance, les casses, les coups à droite à gauche, sans attaches ni femmes ni enfants ni maison. déjà avec ce film les rôles s'inversent : les protagonistes sont de ce genre d'hommes. On s'éloigne du schéma classique du gentil shérif. Un code est brisé. Pour sauver un village d'un malfrat mexicain (qui s'éloigne ici encore d'un schéma classique du bad guy qui court après l'argent: dans the Magnificient Seven il n'est question que de survie, de bétail et de de nourriture pour les hommes de Calvera. Elli Wallach en impose et possède une ou deux très convaincantes. Son entrée en cène permet aussi un monologue qui indique clairement s position (on sent que le western commence à sortir de sa période "manichéenne"). Sans trop dire de bêtises je suis prêt à parier que ce film a influencé Leone et le spaghetti tout comme il a préfiguré le crépusculaire car tous les ingrédients sont plus ou moins là. Les codes classiques sont chamboulés, le lieu de l'action est déplacé des grandes plaines au Sud limite Mexique et les héros ne sont ni tout blancs ni tout noirs même si le réalisateur préfère les montrer sous un jour finalement assez sympas. Les acteurs sont bien choisis pour ça justement: tous une gueule qui ne dégage énormément, les regards usés ou profonds, l'allure plein d'assurance, tous des pros du flingue...
Les villageois veulent se révolter mais ont peur et font appellent à des "hors la loi" un peu perdus cherchant inconsciemment leur salut. Yule Brunner en impose et crève l'écran (MacQueen est plus posé, plus transparent, plus humain et plus touchant) avec son interprétation de Chris, imperturbable , calme, solennel et très lucide sur sa condition et celle de la voie qu'il s'est choisit et qu'il sait être à la fois avantageuse et à la fois ingrate. Lui-même avoue à la fin que lui et les hommes qui lui ressemblent "perdent toujours". Ils ne se posent jamais alors qu'ils le devraient et c'est ce que comprendre jeune qui les suit. Qui voulait devenir l'un d'eux. Il reste finalement au village avec celle qu'il aime. Les deux survivants repartent.They were lonesome cow-boys comme l'illustre le plan final assez évocateur sur la fin d'un âge.
7/10