CONAN - Marcus Nispel (2011)
Alors que le chef d’œuvre de John Milius fêtera ses 30 ans l’année prochaine, voilà que débarque en salles le reboot tant redouté par une horde de fans prêt à sortir les armes pour le pulvériser.
Il y a clairement deux façons d’envisager cette nouvelle version du Cimmérien : soit on le compare à l’original, et il est évident que la déception sera grande, tant les deux films sont diamétralement opposés, tant le sur le plan visuel que narratif. Ou alors on prend ce film pour ce qu’il est : un blockbuster à 100 millions estampillé Millenium/Nu Image, totalement bourrin et décomplexé sur la violence graphique et doté d’un scénario linéaire et à l’ampleur toute relative.
Etant donné que je n’avais aucun espoir de me retrouver devant un spectacle aussi épique que celui offert par Milius, j’ai finalement passé un bon moment. Après une introduction qui laisse craindre le pire (et la naissance de Conan qui va en faire sourire plus d’un), on découvre le jeune Conan dans son village, qui est déjà doté d’aptitudes exceptionnelles pour le combat. Il pulvérise sans sourciller des indigènes sortis tout droit d’Apocalypto et rapporte leurs têtes à son père (interprété par Ron Perlman). Mais le méchant Khalar Zim débarque bientôt avec ses hordes de guerriers pour s’emparer d’un morceau de masque aux pouvoirs surnaturels, Conan restera impuissant face à la mort de son père, mais jure de retrouver un jour Khalar Zim et de se venger.
Cette partie, bien que largement inférieure à la scène d’attaque du village déjà présente dans le film original, est la plus réussie du film. Le jeune acteur qui joue Conan s’en sort très bien et s’impose comme l’acteur le plus crédible du film. L’univers dépeint est plutôt crédible, malgré des CGI pas toujours à la hauteur.
Après une grosse ellipse, on découvre le nouveau Conan, interprété par Jason Momoa. Un Conan très différent de celui interprété par Schwarzy, plus maniéré, très bavard et même parfois souriant (il n'hésite pas à faire un clin d’œil à une esclave
). Malgré tout, Momoa ne s'en sort pas trop mal, et même s'il n'est pas un bon acteur, il s'impose grâce à son physique parfait pour le rôle. On ne peut pas en dire autant des méchants de l'histoire : Stephen Lang cabotine pas mal dans le rôle de Khalar Zim, un méchant sans ampleur bien loin de l'impressionnant Thulsa Doom du film original. Et que dire de sa fille, la sorcière Marique, interprétée par la méconnaissable Rose McGowan, un personnage aux possibilités totalement bâclés et qui ne fonctionne pas vraiment sur le plan visuel. Les autres seconds rôles ne servent pas à grand chose : Rachel Nichols fait de la figuration (sa seule scène "intéressante" est body doublé) et Said Taghmahoui passe faire coucou.
Pour autant, le film ne m'a pas déplu, en grande partie grâce à la grande violence des combats, largement au delà de ce que l'on peut attendre d'un blockbuster, les décors et costumes passent bien, malgré un abus de mattes paintings pas toujours jolis. Il se dégage de l'ensemble un coté très Bis d'exploitation assez divertissant et qui me parait totalement assumé, bien que l'ensemble se prenne assez au sérieux. Un film pour bourrin, au rythme soutenu, blindé d'effets gores, remplis de persos caricaturaux et outranciers, visuellement inégal (certains CGI sont vraiment bâclés) et très linéaire.
Par contre, deux gros points noirs viennent gâcher ce gros plaisir coupable et régressif : la réalisation de Nispel, avec shaky cam et montage cut, tout est cadré trop près, ce qui en lève toute ampleur aux combats. Et évidemment, la bande originale signée Tyler Bates est totalement anodine comparée à la magistrale partition que Poledouris avait composé pour le film de Milius.
Bref, si vous voulez simplement voir un gros ride bourrin d'1H45 parfait pour un samedi soir entre potes, où ça charcute à tout va sans se prendre la tête, et où ne s'encombre pas avec la psychologie des personnages, ce nouveau Conan est fait pour vous !
Pour ceux qui ne peuvent laisser de coté le chef d’œuvre de Milius le temps d'une séance (ce que je peux comprendre), cette nouvelle version ne joue définitivement pas dans la même cour !
6/10