L'armée des ombres de Jean -Pierre Melville
L'image forte de ce film de référence sur la résistance Française pendant la seconde guerre mondiale ressemble à une machinerie implacable devant appliquer tout en frémissant d'angoisse la sentence suprême sanctionnant des trahisons juvéniles ou mures démontrant les faiblesses de l'être humain.
L'opus est une cité austère, un métronome fragile régulant au coup par coup peurs, bravoures, doutes et visages tuméfiés dans des comportements extrêmes, presque masochistes talonnés par une incertitude toujours annihilée par la récurrence de la procédure éliminant un à un des composants victimes de leur propre règlement.
Les images sobres sont d'une somptuosité exemplaire. Les dialogues réduits à leurs minimums permettent à des visages presque blafards d'assumer dans un contexte bouleversé des comportements inexprimables en temps de paix.
Chacun traque dans la transcendance, l'austérité ou l'humiliation ses propres limites dans un environnement propices aux extrémités.
Ces entités froides robotisées par la mission quémandent secrètement un retour de bâton suite à une sentence donnée et appliquée trop sévèrement.
Un véritable cataclysme détruisant tout un chapelet de ressources courageuses mais dépassées par les rigueurs de leurs combats. Le cœur ne bat plus, ne s'émeut plus. Le résistant n'est plus qu'un outil programmé pour lutter, punir et mourir en assumant des fantasmes sacrificiels secrets.
Finalement l'acte de bravoure principal de cette lente élimination d'un groupe trop fortement investi dans des actions privées de compassions et de tolérance n'est-il pas celui du coiffeur celui qui a tout compris, sauveur providentiel, un élément protecteur spontané, minuté, aux mains propres qui le temps d'un contact d'un regard et d'une phrase offre toute la panoplie de la sagesse et du courage en protégeant sa propre vie et celle de son semblable.
Le héros c'est lui, le seul qui ne tue personne.
10/10
--------------------------------------------------------------------------------
Le zéro bipolaire. Le néant infini et son absolu infini. Une forme pleine dans une valeur nulle.