9.5/10
Dead Presidents des Hughes Brothers - 1995
Selon une légende urbaine j'aime rien, la vérité c'est que j'aime les bons films mais que les bons films sont rares c'est tout et quand j'en vois un je le dis, donc Dead President c'est même pas un bon film c'est un putain de chef d'oeuvre. 2 ans après la claque
Menace 2 les frangins récidivent et livre une nouvelle bombe ( qui sera DTV en France, tellement honteux que ce soit pas sorti en salle ), une version black et pas chiante (sans l'interminable mariage quoi) de Voyage au Bout de l'Enfer. Et quand on est quelqu'un de bien on préfère le film des Hughes à celui de Cimino.
Le seule problème du film c'est d'être trop court (même pas 2h), y a tellement à raconter sur ce sujet qui offre multiples possibilités qu'il aurait duré 3h j'aurais pas dit non.
L'intro pleine d'insouciance se suit avec plaisir, puis la partie Vietnam arrive rapidement ( on se tape pas un mariage d'une heure bis ) malheureusement elle ne dure que 25 min environ, l'après Vietnam aurait mérité d'être plus approfondi, ainsi certains perso comme Cutty ou Cowboy ou même la soeur sont esquissés mais bon on fait sans et ça reste du haut de gamme. Le script est vraiment dense entre la difficulté de réinsertion pour ces soldats rentrant au pays, le choix de l'argent facile, la descente au enfer ou la montée du black power, le film est riche malheureusement 2h c'est trop court pour tout aborder en profondeur du coup certains personnages sont trop effleurés, mais comme toujours avec les Hughes c'est du cinéma qui fait pas de chichi et n'essaye pas de faire la morale. Il dresse juste un constat cinglant qui reste d'actualité et jamais ils n'excusent les actes de leurs persos. Ils se mettront tout seul dans la merde comme des grands.
Le Vietnam est ici le coeur du film c'est ce qui va transformer les personnages, Tate va faire la guerre juste parce qu'il ne veut plus aller à l'école et ici on peut même plus parler de perte de l'innocence c'est un degré au dessus, il perd tous ses repères, de jeune mec sans problème il devient presque une bête, voir le tabassage de cowboy. Le problème de réinsertion des soldats, sujet mainte fois abordé au ciné, est ici très bien traité, jamais ça tombe dans le misérabilisme de bas étage comme pas mal de film (coucou Né un 4 Juillet).
"No bad habits, ma. Except for a little killing"
Les Hughes sont des vrais cinéphiles et à chaque film ça se voit, c'est des films qui puent le cinéma, ici ils ont plus de moyen que pour leur premier long donc il se paye un joli scope et un scope dans les mains de génie ça donne une merveille.
Le film réserve son lot de scènes marquantes : le passage du Bronx au Vietnam en plan séquence, toute les scènes du Vietnam : pas de pose iconique, ici c'est violent et sans concession comme dans Platoon ( même si la jungle fait un peu trop studio ) d'ailleurs tout le film est bien violent à chaque mort on a soit des gros geysers soit du bon gros sang qui tâche avec headshot, flingage à bout portant, explosions de corps ( limite en plan séquence) et gars qui finit avec sa bite dans la bouche, ça va à fond dans la violence graphique sans que ça en fasse trop pour autant ( c'est la guerre quoi ), le braquage bien sanglant, et c'est un modèle de mis en scène ( c'est d'ailleurs la seule scène où ça fait vraiment iconique : Curtis avec son pompe, la girl et ses 2 guns ) avec une lente montée de la tension avec alternance des points de vue puis d'un seul coup un déferlement de violence sanglante, et la violence urbaine est aussi violente et sans concession que la violence en plein jungle avec un héros prit dans une folle furie meurtrière ( vraiment terrible cette scène ).
J'adore aussi la séquence où on nous montre tour à tour qui va participer au braquage avec les têtes qui apparaissent dans la lumière (on pense à Clockers de Lee), franchement la mise en scène c'est simple c'est une tuerie, les 2 frères ont vraiment l'art de choisir le plan qui faut au bon moment ( genre le plan aérien lors de l'arrestation de Tate ou tout les nombreux inserts toujours collé au bon moment ).
Et pis y a la classe des Hughes qui savent allier mise en scène au poil et choix musicaux, putain la fin de Tucker sur Al Green ça tue et puis la scène de cauchemar tout droit sortie de chez Clive Barker fait bien son petit effet.
Niveau casting c'est vraiment impeccable avec un Larenz Tate dans son meilleur rôle ( je l'adore dans Menace mais c'est un rôle facile, ici il doit vraiment élargir sa palette d'acting ), Keith David toujours très charismatique ( excellente la scène où il perd sa jambe ), malheureusement Chris Tucker reste Chris Tucker : débit mitraillette le tout avec sa voie de petite fille ( bon je suis un peu méchant avec lui, en plus il est très bon dans ce rôle avec notamment un inversement de rôle avec le fils du révérend vraiment bien foutu ), Freddy Rodriguez lui aussi est bluffant (en général il est quand même nul lui), Bokeem Woodbine (Evil Dave Chapelle) trouve ici son rôle le plus marquant en marines qui garde avec lui une tête viet, on croise aussi Terence Howard tout jeune ( et bon, c'est rare pour être souligné, et pis le voir se faire éclater c'est agréable ), Imperioli qui a droit à une super scène et Martin Sheen fait un caméo sympa. Keith David joue un caid black du quartier, le genre de mec qu'il faut pas faire chier mais aussi le père de substitution de Tate qui l'admire.
Elfman qu'on a pas trop l'habitude de voir dans ce genre de film (sous entendu film pas pourri de Burton ou Raimi) signe un BO où on reconnait immédiatement son style et elle est vraiment réussit et bien entendu comme toujours le soundtrack est ultime (Stevie Wonder, Curtis Mayfield, Ottis Redding, James Brown, Al Green, Aretha Franklin, Marvin Gaye, Isaac Hayes, Temptations, O'Jays, Sly and The Family Stone, The Spinners.... c'est carrément All-time tout ça).
Les meilleurs frangins c'est les Hughes !!
" I was born by the pussy, I'll die by the pussy."