Le Château de Cagliostro |
Réalisé par Hayao Miyasaki Musique de Yuji Ohno
Aventure et Comédie, Japon,1h40 - 1979 |
7/10 |
Le Château de Cagliostro est un film un peu à part dans l’œuvre de Hayao Miyazaki, puisqu’il adapte sur grand écran, la série Lupin III, rebaptisée en France, Edgar de la cambriole, dont l’anti héros est un descendant d’Arsène lupin, le personnage créé par Maurice Leblanc.
Miyazaki doit donc se plier aux codes érigés par le créateur de la série, Monkey Punch, ce qui explique sans doute, l’absence de ses grands thèmes de prédilection, tels le rapport de l’Homme à la Nature, ou bien encore le voyage initiatique. Ainsi, Edgar n’est pas franchement un adepte de l’environnement avec sa voiture remplie de mégots, de cannettes et de conserves ! On sent que Miyazaki ne sait que faire de certains personnages principaux de la série, comme Jigen, l’acolyte taciturne d’Edgar, un as de la gâchette, ou encore Goemon, le samouraï, qui sont peu développés et dont les talents sont sous-exploités. Il trahit quelque peu, les traits de caractères des autres personnages principaux, pour qu’ils s’accordent mieux avec l’histoire qu’il souhaite conter, celle d’une jeune princesse promise à un triste destin et prisonnière dans le château d’un comte cruel et aveuglé par la cupidité, Cagliostro, qu’un Edgar très chevaleresque va tout faire pour délivrer… On sent que Miyazaki aurait voulu faire de Clarisse son héroïne. Edgar, cet anti héros, as de la cambriole, gaffeur, intrépide et goguenard, devient sous la plume de Miyazaki, un voleur au grand cœur, beaucoup moins dragueur et diablotin que dans la série éponyme. Fujiko, la femme fatale, maîtresse et rivale d’Edgar est bien trop sage. Zenigata, l’inspecteur qui poursuit inlassablement Edgar (comme Ganimard avec Arsène Lupin) prend une nouvelle dimension. Moins idiot, plus valeureux et attachant que dans la série. Vous l’aurez compris, avec ce petit comparatif des personnages films/séries, pour moi qui adore le ton décalé et légèrement irrévérencieux de la série, ce film est une petite déception au niveau du traitement des personnages.
En revanche,
Miyazaki réussit l’exercice de la comédie policière.
Le Château de Cagliostro est truffé d’humour, de scènes loufoques et de rebondissements qui s’enchaînent à un rythme effréné. La course poursuite entre une 2CV, une Mini et une Traction est totalement burlesque et rocambolesque, tout comme la scène où Edgar saute de toits en toits pour atteindre la tour où est enfermée Clarisse. Le réalisme n’est pas de mise ! Pas plus dans l’action que dans les décors et paysages sublimes d’une Europe imaginaire et fantasmée, mélanges poétiques et bucoliques d’antiquité et de modernité.
Les scènes de poursuites, l’affrontement final dans la tour de l’horloge, les charges de la police, les mimiques et certains gags se rapprochent plus de l’univers créé par
Miyazaki dans la série
Sherlock Holmes que des thématiques de ses autres films.
Le Château de Cagliostro est tout à la fois, un film d’aventures abracadabrantes et un divertissement farfelu, cependant très éloigné du souffle poétique et naturaliste qui nimbe les autres films du maître de l’animation japonaise. Une des œuvres les plus mineures de sa filmographie et pas non plus la meilleure adaptation de la série Lupin III dont elle trahie trop les personnages tout en parvenant, néanmoins à conserver l’humour cocasse. En somme pas assez « Miyazakien » et pas assez « Edgarien ».