Super 8 |
Réalisé par J.J. Abrams
Avec Kyle Chandler, Joel Courtney, Elle Fanning, Riley Griffiths, Ron Eldard, Ryan Lee, Gabriel Basso, Zach Mills, Noah Emmerich
Aventure et Science- fiction, USA,1h52 - 2011 |
9/10 |
Résumé : Eté 1979, dans une petite ville de l’Ohio, alors qu’ils tournent un film de zombie en caméra super 8, un groupe d’adolescents est témoin d’une catastrophe ferroviaire. Peu après, d’étranges évènements se produisent…
Super 8 a le goût des plaisirs de l’enfance, de ces divertissements familiaux de qualité qui nous entraînaient à la suite d’un groupe d’adolescents dans des aventures que nous aurions tous rêvé de vivre à cet âge : chasse au trésor, rencontre du troisième type... La filiation avec Les Goonies, ET ou Explorers est évidente. Ce retour vers le passé, au début des années 80 procure une agréable bouffée de nostalgie.
Mais bien au-delà de ce sourire qui s’esquisse sur mes lèvres, devant la reconstitution d’une époque, celle de mon adolescence, c’est indéniablement, l’histoire de cette amitié indéfectible qui se forge autour de la passion commune du cinéma qui fait tout le charme de ce film. J.J. Abrams n’a pas oublié que le cœur d’un film ce sont ses personnages ! Il privilégie donc les humains plutôt que le monstre. La scène du déraillement du train devient un accessoire de cinéma, un effet spécial opportun, au service du film de zombies tourné par ces adolescents. Le monstre et les effets spéciaux ne volent jamais la vedette aux personnages. Et quels personnages ! Emouvants, attachants, drôles … Il faut dire que le casting est simplement parfait. Kyle Chandler et Ron Eldard, ces pères qui doivent faire face seuls, avec leurs forces et leurs faiblesses, souvent désemparés, soucieux de conserver et de protéger le seul être cher qu’ils leurs restes, terriblement touchants jusque dans leur maladresse. Tous les enfants sont excellents et portent littéralement le film. On s’attache immédiatement à Joe ( Joel Courtney) ce petit génie du maquillage, ce Stan Wiston en herbe. Dans le personnage de Charles (Riley Griffiths), le jeune réalisateur, il y a certainement beaucoup de Steven Spielberg, lui qui réalisait à 12 ans, avec sa caméra super 8 un petit film catastrophe dans lequel une maquette de train déraillait. Carey (Ryan Lee), l’expert en explosif qui a toujours le mot pour rire, Preston (Zach Mills) le cameraman un peu trouillard, Martin (Gabriel Basso) le détective, l’acteur dans toute sa splendeur qui s’interroge sur les motivations de son rôle au grand dam du réalisateur, et bien évidemment, la fille, celle qui bouleverse la vie de ce petit groupe de garçon qui connaissent leurs premiers émois amoureux et la rivalité. Elle Fanning, dans le rôle d’Alice, nous ébloui de son talent. Comme ses compagnons, nous restons bouche bée lors de la scène du bout d’essai pour le film de zombie. Elle nous captive par le regard et par les mots.
Le scénario est un juste équilibre entre les moments d’émotion (deuil, amitiés, premiers émois amoureux, relations parents/enfants), la petite aventure (le tournage d’un film de zombies) et la grande aventure (une catastrophe, des disparitions étranges, un monstre mystérieux et insaisissable, des forces armées vindicatives …). Si l’humain et les émotions l’emportent sur les effets, ceux-ci n’en restent pas moins parfaits. Notamment, la scène du déraillement du train spectaculaire et intense, mais aussi l’entité, son antre et son vaisseau fait de bric et de broc. Le suspens est bien dosé et repose sur une idée simple mais efficace : une ombre mystérieuse et dévastatrice, ce qui permet à chaque spectateur les suppositions les plus folles. L’entité de J. J. Abrams n’est pas un nouvel ET, n’en déplaise à ceux qui parle de plagiat de l’oeuvre de Spielberg. Son alien n’a pas vocation à nous émouvoir ou à nous faire fondre avec ses grands yeux. Son extra terrestre est effrayant, imposant et vindicatif. L’humanité lui a appris la haine et la peur et il s’en sert pour parvenir à ses fins : retourner chez lui. Il a bien plus de parenté avec Frankenstein ou King Kong (ces monstres moins monstrueux et bien plus humains que les hommes qui les pourchassent ou les utilisent) qu’avec l’adorable ET. Le seul petit bémol dans le script est ce final un peu expéditif, mais c’est largement compensé par un générique de fin qui nous propose, ce petit bijou tourné en caméra super 8 : le film de zombie. Un petit film, dans le film qui prouve qu’avec beaucoup de passion, quelques astuces et un grand sens de l’imagination, ont peu faire des merveilles.
Super 8 est un vrai film coup de cœur, un blockbuster générationnel et familial rempli d’émotion, digne héritier des Goonies ou ET.