La Proie (2011) d'Eric Valette
8,5/10
Alors que nous n'en sommes qu'aux 2/3 de l'Année, le Thriller Français a déjà marqué positivement ce cru 2011. Après le
A Bout Portant de
Fred Cavayé, nous voici à nouveau plongés dans l'ambiance d'un Thriller où la poursuite est l'artère principale de ces 2 Oeuvres prometteuses...
Après quelques tentatives encourageantes dans le Cinéma de genre avec
Maléfique (Fantastique) et
Une Affaire D'Etat (Espionnage), le metteur en scène
Eric Valette s'attaque à la fusion Thriller/Actioner. Mêlant très habilement suspense et action,
La Proie se veut avant tout un Film au scénario réaliste mais aux scènes de poursuites/cascades volontairement irréalistes par l'ensemble de l'équipe. Et pour que la sauce prenne, il n'existe pas beaucoup de comédiens Français capables artistiquement et physiquement d'endosser le rôle d'un '
John McClane' (
Die Hard) ou d'un '
John Matrix' (
Commando). Il n'en existe qu'un :
Albert Dupontel. L'implication du comédien dans le rôle de ce fugitif prêt à tout pour retrouver sa petite fille est totale, du reste comme à son habitude. Ce dernier avouant sans mal apprécier l'adrénaline, l'investissement total dans un rôle et bannissant les faux-semblants des outils techniques. C'est donc lui qui s'y colle lors des combats/cascades qui sont nombreux et intenses. Le plaisir que prend le spectateur devant ces enchainements rendant le rythme dynamique à souhait est, en partie, dû à une mise en place rapide de l'intrigue, un scénario moyennement malin (bien que prévisible par moment mais surtout pour un détail
), une mise en scène carrée et efficace bénéficiant surtout aux séquences d'action parfaitement lisibles sous de nombreux angles de caméra.
Dupontel est un '
Robocop' totalement assumé et on l'adore comme ça...
Le reste du casting...
Bah c'est tout simplement parfait quoi !!
Dupontel, j'ai déjà tout dit plus haut,
Alice Taglioni assure grave en super-flic et putain qu'est-ce-qu'elle est canon cette actrice
,
Stephane Debac joue juste également en pervers manipulateur totalement déséquilibré et imprévisible et enfin, cerise sur le gâteau : le génialissime
Sergi López. La force de cet acteur est telle que même en tant que second rôle qu'on ne voit guère plus de 15 minutes dans le Film, il arrive à insuffler à son personnage une aura et un charisme tout simplement hallucinant. C'est le genre de comédien qui en jette de par un physique "imposant" et un accent hispanique des plus envoûtants ("Yé souis Capitaine dé Yendarmerie et y'aimerais vous parler dé Yean-Louis Morel"
)...
Ce que je pourrais reprocher à l'Oeuvre de
Valette, ce sont certaines de ses scènes parfois à la limite du vraisemblable et de la cohérence (hors séquences d'action surréalistes pleinement assumées) ainsi qu'une fin que j'aurais souhaité plus "couillue" de la part de la Production (
).
Enfin, et pour finir sur un sentiment positif que
La Proie mérite amplement, un grand bravo aux décors de la scène finale. La première demi-heure carcérale alterne décors en studio (cellules, couloirs, atelier) et décors naturels d'un Centre Pénitentiaire proche de Toulon (grande cour, plans larges extérieurs). Pour en revenir à cette fameuse séquence finale, je serai guère objectif en disant que le site utilisé est magnifique vu que je suis un amoureux passionné des Alpes de Haute-Provence. Mais là où il faut saluer le travail du Réalisateur et de sa Team, c'est sur le fait d'avoir utilisé une "Nuit Américaine" (technique consistant à tourner à midi une scène censée se dérouler à minuit) pour réaliser cette ultime séquence de poursuite. Le résultat est tout bonnement stupéfiant de beauté et les sentiers arides et escarpés surplombant les Gorges du Verdon font définitivement basculer le Film dans une ambiance un peu hors du temps, dans une photographie bleutée des plus magnifiques et à la frontière du Western Fantastique. Félicitations pour cet exercice de style réussi...
N.B.: Comme quoi il est toujours important de rester jusqu'à la fin de la dernière ligne de générique de fin car on peut y glaner des informations intéressantes. Apparemment, le Film s'est vu attacher les services de
Jean-François Abgrall en tant que Conseiller Technique sur le profil du personnage de '
Jean-Louis Morel'. Je rappelle, pour les non-spécialistes de Serial-Killer, que
Abgrall est un ancien gendarme de la Section de Recherches de Rennes célèbre pour avoir confondu le Tueur en Série
Francis Heaulme avec qui il a eu de nombreux entretiens et échanges au cours desquels le '
Routard du Crime' avoua plus ou moins directement une bonne série de ses crimes monstrueux.
Abgrall, tel un profiler qu'il était, dressera un portrait psychologique intéressant d'
Heaulme ainsi que des techniques d'interrogatoire afin d'en savoir encore plus sur son parcours meurtrier et de ses autres affaires non-élucidées. Tous ces éléments peuvent être retrouvés dans le livre que l'ancien gendarme a écrit :
Dans la tête du tueur - sur les traces de Francis Heaulme...