8/10
Les Aventuriers de Robert Enrico - 1966
Fallait quand même que je revois un Delon et celui là je l'aime particulièrement. C'est un drôle de film un peu, il a un rythme vraiment bâtard ( pendant 1 heure on peut pas dire que le film soit captivant sans qu'on s'emmerde c'est juste une tranche de vie ), surtout que le titre laisse penser à un truc vraiment trépidant mais on se retrouve devant une histoire d'amitié très forte avec finalement très peu de péripétie et une intrigue assez mince, pendant la première heure je me demandais où Enrico voulait même en venir ( même si le fait que ce soit du José Giovanni laissait un gros indice ) et quand le gros évènement de milieu du film arrive on comprend très bien pourquoi Enrico a autant pris son temps et fait durer les longues scènes musicales où le trio s'amuse, il nous a fait aimer les personnage à travers des séquences toutes simples ( et le traitement du personnage féminin est exemplaire et notamment le traitement amoureux qui arrive très tard dans le film car bon forcément c'était obligé mais avant ça c'était une histoire d'amitié entre 2 garçons et 1 fille sans aucune ambiguïté ), la rupture de ton est d'une maitrise totale et quand la violence surgit elle surprend vraiment.
C'est donc du Giovanni et donc forcément l'amitié prend la place centrale du récit et chez Giovanni y a pas besoin d'en faire des tonnes pour qu'on comprenne les liens qui unissent les personnages ( on appelle ça un talent d'écrivain, et puis le vécu ça aide et le passé de Giovanni aide beaucoup pour la crédibilité de ses récits, il sait de quoi y parle ), on suit donc une histoire d'amitié de 3 personnages passionnés par ce qu'ils font ( c'est ce qui les unit ) entrecoupé de petites péripéties : un voyage au Congo, un escale à Fort Boyard (qui était alors pas encore le lieu que l'on connaît).
On retrouve plusieurs scènes qui rappellent d'autres films écris pas Giovanni je pense notamment à la scène d'adieu quand Delon retourne à Paris c'est une séquence qui m'a fait penser à Classe tout Risque.
Chez Giovanni l'amitié est donc toujours (ou presque) l'élément principal du film et ici par amitié on est prêt à tout et surtout on parle jamais pour rien dire et quand un ami n'est plus là on s'attarde pas dessus mais on ressent le vide.
Enrico est un très bon réalisateur et ici il nous le montre encore une fois, quel talent pour traiter sans pathos des moments forts du film, la fin avec Delon et Ventura, la dernière scène de Reggiani ou bien encore l'enterrement sous marin, Enrico c'est un bon.
Le casting du film c'est donc du lourd Lino Ventura dans son registre habituel (le registre Lino Ventura quoi) donc autant dire qu'il assure, Alain Delon moins froid que ses rôles de gangsters se révèle ici vraiment bon ( et classe comme toujours ) et les scènes entre les 2 acteurs fonctionnent vraiment, Serge Reggiani c'est vraiment un acteur que j'aime ( dans mon top 5 français carrément ) et je trouve qu'il apporte toujours quelque chose à ses personnages et puis il y a la très jolie Joanna Shimkus ( dont la fille est la sublime Sydney Tamiia Poitier ), elle apporte une vraie fraicheur à l'ensemble.
La BO de François de Roubaix est apporte vraiment au film, tantôt mélancolique tantôt entrainante, elle illustre toujours parfaitement les images.
Un bien beau film à la fois drôle et touchant ( qui réussit tout ce que
Le Ruffian rate ), du film intemporel, entre
Les Caids et
Le Vieux Fusil Enrico c'est un tout bon.