THE WOMAN - Lucky McKee (2011)
Attention, ça spoile légèrement (enfin pas plus que le trailer)
Malgré les apparences, le nouveau film de Lucky McKee n’est pas un énième torture porn.
Il commence en nous présentant une femme à l’allure néandertalienne, qui vit dans les bois, à l’état sauvage. Par opposition, on nous présente ensuite une famille en apparence bien rangée, un père de famille avocat, une femme au foyer et leurs trois enfants.
Jusque là, rien de bien palpitant. Jusqu’au jour où le père de famille parti chasser dans les bois, découvre la femme sauvage totalement nue en train de se laver. Il décide alors de la capturer et de la séquestrer dans son garage afin de l’éduquer, en n’oubliant pas de faire participer sa gentille famille.
C’est à partir de ce moment là que l’on rentre véritablement dans le cœur du film, une descente aux enfers sur fond de guerre des sexes, où l’apparente normalité d’une famille cache en réalité des actes monstrueux, où les hommes ne pensent qu’à assouvir leurs plus bas instincts pendant que les femmes tentent désespérément de se sortir d’une situation devenue totalement surréaliste.
Taxé de misogynie et de complaisance par certains spectateurs après sa présentation au festival de Sundance, je trouve au contraire qu’on pourrait qualifier le film de féministe, tant l’homme est montré comme un être pervers et sadique. Alors, oui, le ton du film très décalé (surtout dans sa première partie) peut choquer, les pires atrocités étant parfois montrées avec un détachement qui provoque le malaise, sur fond de musique de teen movies, et peuvent laisser penser que McKee ne sait pas quel ton donner à son film.
Et pourtant, c’est ce qui différencie The Woman des films récents à base de séquestration et de torture, un ton volontairement décalé qui cache bien son jeu, car le dernier acte va prendre une tournure beaucoup plus premier degré et frontale, un climax sans concession duquel on ressort avec un goût amer dans la bouche.
Coté casting, on peut saluer la performance de Pollyanna McIntosh dans le rôle difficile de La Femme, Sean Bridgers est vraiment bon dans le rôle du père, capable de passer de la sérénité à la folie en un quart de seconde, et Angela Bettis est très crédible en mère de famille soumise et effacée.
Par contre, la réalisation n’est pas spécialement marquante, le tout est assez classique et lorgne beaucoup plus du coté des films indépendants que de la série B horrifique (hormis dans son final), mais ceux qui apprécient habituellement le cinéma de McKee ne seront pas surpris.
On se retrouve finalement devant un film au ton très particulier et dérangeant, entre le drame familial, le teen movie auteuriste et la série B horrifique, qui a le mérite de prendre le spectateur totalement à revers et non pas pour un con.
Et ça, c’est déjà suffisamment rare pour être souligné !
6/10