[Waylander] Mes critiques en 2011

[jean-michel]

Moi j'ai trop nagé dans les eaux des westerns classiques et de John Wayne enfant pour pouvoir apprécier autant que vous ces remake, autant les westerns modernes originaux me touche mais quand il s'agit de remettre au gout du jour de vieux film...je n'arrive plus à adhérer....je suis trop de parti pris...

[Scalp]

Faut te remettre en question sur ce film, car y a un gouffre d'écart entre les 2 films.

[francesco34]

Oui quand même... j'avais revu la version Wayne quelques mois avant celle des Coen, et y'a pas photo... Et pourtant tout le monde sait ici que je suis pas féru de remakes... Même si la première version demeure sympa quand même, celle des Coen est un chef-d'oeuvre...

[Killbush]

Je trouve qu'il fait de la peine Wayne dans l'original (l'oscar bien volé), les deux films sont vraiment incomparables en terme de qualité.

Sinon, superbe critique Way

[Waylander]

Je tiens quand même à souligner que c'est un peu pour Scalp que je l’ai écrite. Il en voulait une il l'a désormais.

[Scalp]

C'est gentil mon ptit chou.

[Waylander]

Oui quand même... j'avais revu la version Wayne quelques mois avant celle des Coen, et y'a pas photo... Et pourtant tout le monde sait ici que je suis pas féru de remakes... Même si la première version demeure sympa quand même, celle des Coen est un chef-d'oeuvre...

Sauf que là ce n'est pas un remake mais une réadaptation du roman. Il y a une douce nuance quand même.

[Waylander]

Il y a exactement le même plan (en plus léché) dans The thind Red Line

Presque 10 an après Apocalypse Now, Oliver Stone s’attelait à un film sur le Viet-nâm. Loin de vouloir ressembler à son frère ainé qui était surtout un voyage métaphysique aux allures d’hallucination, descente aux enfer et à la réalisation dantesque , Stone se rapproche bien plus des hommes, des jeunes recrues, de la psyché des soldats, de leurs statuts et rangs sociaux tout en assurant in visuel aux antipodes du film de Coppola. Platoon est un film brut, sévère et volontairement "moche": un grain très prononcé, des décors et une jungle boueuse, une pluie incessante, une mise en scène pouilleuse et qui ne fait jamais dans la dentelle.


Que ce soit voulut ou non on ne peut pas nier que ça colle parfaitement au sujet et au ton de du scénario : Stone s'intéresse plus que tout à la jeunesse américaine du Viet-Nâm et tout y passe plus ou moins subtilement ne serait-ce qu'à travers un plan ou un dialogue: le signe "peace" des hippies qu'on doit camoufler; les Noirs mis de coté dont Stone dresse un portait d'incompris moqués par les Blancs ; le jeune Charlie Sheen dont le rôle renvoie directement à celui de son père dans Apocalyspe Now (les personnages sont différents mais font face aux mêmes démons de manière différente car leur expérience du pays et de la guerre n'est pas la même et la filiation est encore plus flagrante sur le casting qui se compose dans les deux films de plusieurs gueules connues aujourd'hui qui étaient minces et jeunes à l'époque (Johnny Deep, Forest Whitaker, Keith David...) Je pense que Stone rend clairement hommage au Coppola tout en prenant une tout autre direction, moins formelle et plus terre à terre : Platoon possède sa propre identité et je suis prêt à parier qu'il a bien plus inspiré le cinéma de guerre que son prédécesseur); les musiques de l'époque (sans trop forcé dessus Stone préfère la compo originale de Delerue) ; le rapport entre tous ces jeunes ; la confrontation de leur propres expérience, les gradés prenant pour des bleus les nouveaux venus ou encore les "forts" rabaissant les faibles et les méprisant ; les gradés-justiciers (Elias) qui paraissent calmes, sereins et capables de se soulever conte les plus fous comme les autres sergents façon Barnes (Berenger perfect !) dans ce rôle profond et subtil de l'homme dont la guerre a définitivement "tué" l'âme: Stone reste flou et ne choisit pas vraiment son camp : Barnes et un salaud mais un salaud nécessaire qui "survit" et connait son travail : c'est un pro, dénué d'émissions et de sentiments, tel une machine qui pourtant se révèle plus qu'il n'y apparait lors de quelques dialogues et surtout la scène dans le sous-sol des "drogués". il ne fait plus la part des choses dans cette guerre absurde et son humanité est renflouée Charlie Sheen ne transcende pas son personnage mais il correspond physiquement au rôle. Le jeune américain des rangs aisé qui veut servir son pays tout autant que les pauvres envoyés comme chair à napalm. Le film est viscéral comme aucune autre sur le même sujet.

Le tournage parait vraiment avoir été très difficile et dans des conditions déplorables. 2 ans plus tard McTiernan sort Predator et la photo parait très inspiré de celle de Platoon.
Oliver Stone choisit de tourner un film dont le cadre est très souvent très serré (longue focale surement): on est au plus près des personnages et il n'y que peu de plans larges de la jungle , de paysages ou des hommes. Stone ne veut pas du tout filmer du "beau" ni émerveiller le spectateur : il veut l'envoyer au cœur de la vie des ces jeunes dont l’innocence est fatalement violée par le sang, les massacres, les abominations et le exécutions. La vie sous la pluie, la boue, les moustiques, les serpents, l'humidité imprégnant chaque parcelle de tissus collant à la peau comme une sangsue..Platoon retranscrit tout cela.

Le fond du film est ambitieux (époque, les liens entre soldats, le recul et le regard critique sur certains évènements tragiques et encore obscurs de cette guerre ainsi que la destruction de l'intérieur des jeunes âmes pensant partir à l'aventure défendre un pays qui ne pense pas à eux... Platoon met bien en avant que ce sont les plus pauvres qui sont envoyés sur le terrain et le jeune Taylor sombre peu à peu dans la désillusion qui peut à peu va le faire sombrer dans la colère, la nervosité, l’hésitation, la peur puis la folie guerrière : comme il le dit lui-même, cette guerre l'aura vu côtoyer deux grands hommes deux pères opposés qui se battent en lui et ça permet une belle parabole sur le cheminement d'un d'un jeune adulte: on a toujours à un moment donné ce choix entre deux directions).

Sur le sujet c'est clairement un des meilleurs films si ce n'est le favori malgré une faiblesse sur les scènes de combats : lecture du montage confus, pas super bien rendu, les effets sonores ont gagnés un oscar alors que c'est les plus pourris que j'ai entendu dans un film de guerre mais par contre c'est le carnage. On voit pas trop l’ennemi (ça correspond avec ce que les témoignages militaires de l'époque) et l'ambiance souvent crépusculaire rehausse le niveau de ces séquences. La première incursion en cap ennemi est bourrée de tension et de suspens et il y a un plan d'un blessé par claymore qui m'a vraiment marqué, je m'en remet pas :

Sans être extrême, le film est parmi les plus violents qui soient. L'aspect crasseux de la photo aide un peu faut l'avouer. Bon et puis il y a la mort d'Elias (interprété par un Dafoe plus que convainquant même si un peu trop en retrait par rapport à Sheen et Berenger), magnifique avec une belle musique. Scène culte pour un film générationnel dans tous les sens du terme et à tous les niveaux du film. Petit anecdote: c'est marrant de voir qu'à l'époque des film comme Platoon on ne voyait quasiment (voir jamais) le drapeau américain et que les musiques ne versaient jamais dans les hymnes militaires patriotiques pompeux. Rien à voir avec aujourd’hui (même si Jarhead sort évidemment du lot).

On reprochera donc au film d'être peut-être trop ambitieux dans sa multitude de protagonistes qu'ils ne brossent jamais complètement , une réalisation qui peu gêner (encore que cohérente avec le sujet, le ton et le fond) parce qu'elle ne flatte ni l’œil ni les sens mais globalement c'est un putain de film, coup de poing et purement viscéral qui aurait tut de même mérité d'aller un peu plus loin sur le trio du film (Cheen, Dafoe et Berenger). Sinon , cocnernant la gestion d l’environnement, Stone ne s'autorise pas d'envolées ni de grand angle mais il ya un plan qéuenc sympathique quand les soldats marchent dans la jungle et découvrent un bunker. La caméra passe d'un personnage à autre chose tout en faisant un 360°.

Platoon, une descente aux enfers plus directe, plus réaliste et plus "naturelle" que l'adaptation d'Au cœur des Ténèbres qui, malgré son statut de chef d'oeuvre, est surtout pur voyage psychédélique qu'un reportage-témoignage du Viet-Nâm.

8/10

[jean-michel]

Excellent!!! une écriture de ton avis très bien formulé , très bon rapport de l'expression du film!!! du très bon boulot! bravo!

[Waylander]

Merci mec !

[Kakemono]

Superbe enchainement de critiques dit donc Way.
Belle critique de The Big Lebowski notamment, il est rare que ce film reçoive une critique détaillé comme tu l'a fait, chapeau!

[Heatmann]

oh tient, platoon , un des films preferes de moi THE role de tom berenger , The only one who can kill barnes , is barnes !!!!!

[Alegas]

Tu fais chier Way, tu me redonnes envie de voir Platoon et c'est pas la première fois que tu fais ça avec tes critiques.

[francesco34]

Oui quand même... j'avais revu la version Wayne quelques mois avant celle des Coen, et y'a pas photo... Et pourtant tout le monde sait ici que je suis pas féru de remakes... Même si la première version demeure sympa quand même, celle des Coen est un chef-d'oeuvre...

Sauf que là ce n'est pas un remake mais une réadaptation du roman. Il y a une douce nuance quand même.

Ben ça revient un peu au même sur le fond... refaire un film sur une histoire déjà adaptée à l'écran...
Si on va par là alors Let me in est pas le remake de Morse, c'est une autre adaptation du roman, etc... y'en a plein comme ça.
D'autant que littéralement, les scripts des 2 films sont extrèmement proches (j'en déduis tous deux très fidèles au livre que j'ai pas lu), mais c'est vraiment par leur mise en scène que les Coen surpassent la première version.

[Alegas]

Et le casting. Y'a pas photo Bridges c'est un cran au-dessus de Wayne quand même.