Jane Eyre de Cary Fukunaga
Le film démarre par une fuite en avant dans la sublime campagne anglaise, Cary Fukunaga étonne en traitant une romance victorienne tel un thriller insufflant un véritable mystère, la violence psychologique et physique du début est très surprenant porté par une jeune actrice impériale, je crois bien n’avoir jamais vu autant d’intensité en une seule scène chez un enfant Amélia Clarkson une future très grande actrice.
Jane Eyre démarre du tonnerre pour ensuite ralentir le pas, une fois le flashback passé Mia Wasikowska reprend le flambeau tourmenté, du coup le récit ayant une structure assez maligne devient un poil plus fade mais c’est le rôle qu’il l’impose heureusement que Micheal Fassbender alias le plus grand acteur en activité arrive à la rescousse pour dynamiter chaque scène de sa présence et de son jeu magistral. Tous les ingrédients sont alors là pour faire un grand film : la romance impossible, la tension, les décors éclairé à la bougie et un réalisateur qui se permet même des touches à la limite du fantastique.
Cary Fukunaga confirme tout son potentiel après un bon petit Sin Nombre, sa réalisation (musique, photo, direction d’acteur) est irréprochable mais son film souffre juste d’un scénario qui va trop vite en besogne, au final on a du mal à croire à cet amour entre Fassbender et Wasikowska, bien que cette dernière élève son niveau de jeu dans le dernier tiers pour tenir tête à l’homme qui l’a pris sous son aile mais le scénario ne laisse pas le temps de crée une alchimie entre les deux acteurs, on a à peine le temps de dire ouf que la mariage est prononcé et que les révélations s’enchaînent alors que cette romance aurait nécessité plus de temps pour y adhérer pleinement.
Du coup toutes les scènes finales aussi magistrales soit-elles, n’ont pas vraiment tout l’impact voulu car il manque bien 30 minutes au cœur du récit pour que le film prenne forme, là tout semble précipité, on retiendra une sublime scène avec un Jamie Bell excellent avide de possession qui pousse Wasikowska égaré dans ses pensées à faire un choix.
Un classique victorien traité de manière rafraîchissante qui donne une fois plus envie de suivre la trajectoire de son jeune réalisateur touche à tout qui va s’attaquer à la SF pour son prochain film.
7.5/10