LA FORET INTERDITE
Belle déception pour ce film dressant le portrait de deux hommes radicalement opposés amenés toutefois à se respecter dans ce paysage marécageux et inondé des Everglades, lieu sauvage mais inviolé par des marginaux chassant les oiseaux pour leurs plumes dont raffolent les femmes de la "civilisation" pour leurs chapeaux.
L'écriture du film est clairement visionnaire et au goût du jour pourtant le film est très inégal. Christopher Plummer est assez fade et inexpressif bien qu'impliqué dans son rôle (on voit clairement son évolution : de jeune bourgeois gentilhomme éduqué et cultivé aimant otutefois la bon vin et le cigare il va s’enfonce dans la jungle , se salir, déchirer des vêtements et renvoyer à cette image vieille ocmme le monde de l'aventurier a uorse nu et luisant de sueur mais sans surjeu et la mise en scène ne s'attarde pas sur ces détails); Burl Ives est bourru, patibulaire et charismatique mais son rôle est un peu cliché malgré une subtilité et une profondeur sous-jacente bien trop dissimulée pour convaincre ; les autres acteurs sont complètement inutiles (en particulier e il faut le souligner : Chana Eden qui vient servir de quota féminin/fleur bleue pour un film qui n’en avait pas besoin) comme les bras droits de Burl qui sortent tous du cirque apparemment et dont les frasques et les fresques passent du pitoyables aux plus ridicules des scènes (le méchant cliché aux dents pourries qui ne se la vent pas, qui détestent tout et ne pense qu'à la bière etc...).
A cela s'ajoute une mise en scène parfois sympa mais sans éclat et la photo est trop étriqué pour prendre conscience du paysage qui entourent les hommes. Le cadre est serré, jamais de plans vraiment larges ou de plans d’ensembles correct. Ça tremblotte, l'image est étroite, c'est peut-être voulut mais c'est tellement dommage. Il n'y que peu de plans vraiment superbes comme on pourrait s'y attendre. C'est parfois joli mais pas assez large et la compos des cadres est basique. Les plans naturalistes sont très sales aujourd’hui mais le film à le mérite d'avoir été tournée en décor naturel. Ça rehausse sa crédibilité et son intérêt surtout à une époque où pas mal de films d'aventures étaient tournés en studio. Ici, Nicholas Ray opte pour un travail proche de celui du western. Deux hommes, deux personnalités, deux charismes et quelques scènes où le regard est bien plus important que les dialogues. Les Everglades remplacent le désert ou les plaines, le sheriff est remplacé par un garde forestier, et le gros braconnier représente le truand, le bandit avec sa troupe reclus dans un no man's land. En cela c'est bien écrit. On entend même parler d'équilibre naturel autrement que dans des revues et livres scientifiques.
L'histoire est tout de même peu passionant et ne prend pas aux tripes. Une grosse ellipse au début me parait déplacée et inadaptée (comment Plummer devient garde chasse). Le film est mal équilibré et parfois on suit le personnage principal dans sa vie "civilisé" mais rien d'intéressant ne s'y passe. C'est basique, ça traine la patte, c'est brouillon et l'interprétation ne rehausse pas le niveau. il faut vraiment se pencher sur les scènes en pleine nature pour apprécier le voyage et en particulier le final assez intense et les 5 dernières minutes que je trouve pour ma part excellentes.
Plummer campe don un homme imparfait et contradictoire (il défend les oiseaux des braconniers mais tue froidement le serpent de de Gueule de serpent alors qu'il n'était pas obligé de le faire ; il boit beaucoup quand il peut) et c'est la même chose pour le chef des braconniers: au fond de lui se cache un bon vivant respirant l'air frais, la liberté et le désir de ne pas se civiliser. ils forment un clan d'hommes libres dans la forêt mais ceux-ci ne respectent pourtant rien de qui les entourent. Ils vivent avec les animaux et les arbres mais ne s'en soucient guère alors que Plummer vient de la ville et c'est l'inverse. Il est autant fasciné qu'apeuré mais veut préserver cet endroit sauvage. Alors que d'autres hommes riches veulent virer les chasseurs pour instaurer des routes...
Le scénariste n'a pas oublié de parler des Indiens et de leurs territoires bafoués devant lequel ils ont du reculés pour fuir l’homme blanc et l'industrie envahissante.
Le vrai gros souci du film reste l’interprétation et l'écriture ne elle-même (dialogues surtout,équilibre, rythme). Mais le fond lui est vraiment bon. Loin de tout manichéisme (les deux hommes sont finalement "humains" et malgré leurs différents il y a un respect. Ça fait cliché dit comme ça mais pour l'époque c'est excellent.
PS: Ce plan m'a tué : les braconniers tuent plusieurs oiseaux et l'un d'eux, un petit, est blessé et cherche à remonter sur arbre..Ca plan renvoi inévitablement à La Ligne Rouge de Terrence Malick dont je suis sûr qu'il rendait hommage à ce film de 1958.
6.5/10