The Mist de Frank Darabont
(2007)
D'entrée de jeu, je tiens déjà à préciser que la vision de
The Mist en salles reste clairement l'un de mes meilleurs souvenirs au cinéma, je me souviens encore de sa distribution révoltante à l'époque qui m'avait obligé à marcher sur une dizaine de kilomètres à pied vers 23 heures pour le voir (quelques mois plus tard j'allais refaire exactement la même chose pour voir
Speed Racer) et je me souviens surtout de la façon dont j'étais sorti de la salle, hypnotisé, choqué par un final que je considère encore comme l'un des meilleurs écrits ces dernières années. Bien entendu, la surprise n'est plus là mais la qualité reste, et même si je revois
The Mist un peu à la baisse par rapport à sa première vision, il est certain qu'il reste un métrage d'excellente facture, réalisé avec un budget finalement très minime et qui se révèle surprenant sur à peu près tout les points.
The Mist, c'est avant tout une nouvelle (excellent par ailleurs) de Stephen King. Et comme à chaque fois que Frank Darabont adapte King, il le fait avec un total respect de l’œuvre, adaptant le récit à la ligne près, les dialogues à la virgule près, et se permettant des ajouts qui ne souillent jamais le travail de King sur l'histoire originale. Ici donc, peu de libertés prises vis à vis de la nouvelle, Darabont n'hésite pas à prendre son temps pour présenter chaque personnage, chaque situation et surtout pour préparer ses scènes de tension. Seules les dix dernières minutes du film différent véritablement du récit original, là où King terminait son histoire par un point d'interrogation, Darabont signe tout simplement la fin la plus surprenante qui soit, à des années-lumières des standards hollywoodiens, une fin dont je ne révélerais pas les aboutissements pour ne pas gâcher la surprise à ceux qui ne l'auraient pas vu mais qui mérite à elle seule la vision du film. On pourra donc trouver dommage que la mise en scène de Darabont ne suive pas vraiment l'ampleur du récit. Là où le réalisateur avait su trouver un style académique mais efficace avec ses deux premiers films (eux aussi des adaptations de Stephen King), il tente hélas une approche un peu trop télévisuelle sur
The Mist (surement un héritage de son passage sur la série
The Shield) qui nuit finalement à l'ensemble, notamment avec des effets de style un peu trop hors propos (les zooms sur les créatures notamment) et surtout une caméra trop statique qui ne dynamise jamais l'action. Hormis quelques mouvements de caméra réussis (les travellings dans la brume ou le dernier quart d'heure), on ne retiendra donc pas grand chose de ce côté là, d'autant que le budget du film n'est clairement pas du niveau de ce qu'il aurait du être, pour cela il suffit de voir les effets spéciaux très très moyens qui gâchent un peu trop l'immersion. Heureusement, le casting est, par contre, irréprochable, Il suffit de voir les prestations de Thomas Jane (qui trouve son meilleur rôle depuis
Boogie Nights) et de Marcia Gay Harden (géniale en folle illuminée) pour être convaincu, chaque acteur fait vivre son personnage en le faisant réagir de façon différente à la situation, soulignant l'une des grandes qualités d'écritures de Stephen King, à savoir le détail de la psychologie de chacun de ses personnages. Enfin, la musique de Mark Isham est juste excellente, notamment l'utilisation de The Host Of Seraphim qui, en quelques notes, donne des frissons tant elle colle parfaitement à ce qui se déroule à l'écran.
Si
The Mist souffre de baisses de rythme, d'une réalisation faiblarde et d'un budget pas assez conséquent, il serait toutefois dommage de se priver d'un tel spectacle, tant le film de Frank Darabont ose plus de choses que ne le font la plupart des films fantastiques hollywoodiens chaque année. Non seulement on est en face d'une excellente adaptation d'un récit de Stephen King (surement l'une des meilleures) mais aussi en face d'un très bon film fantastique qui aurait mérité un peu plus d'attention, que ce soit de la part des studios que de la part du grand public qui l'a rejeté à sa sortie. Un film à voir donc.
Un petit mot sur le fait que le film puisse être visionné de deux façons différentes : dans sa version couleur et noir et blanc. Bien que Frank Darabont voulait tourner son film en noir et blanc pour rendre hommage aux films d'horreur des années 50/60, il n'a finalement jamais pu le faire. La version noir et blanc est donc un simple rajout en post-production et même si cette version à le mérite de rendre potable quelques effets spéciaux, elle ne dispose pas du tout d'une photographie nécessaire au noir et blanc et se révèle donc plus terne qu'autre chose. La version couleur est donc, à mon sens, celle qui mérite d'être choisie, au moins pour la première vision du film.
NOTE : 8/10