Phantom Of The Paradise de Brian De Palma
(1974)
Quand Brian De Palma réalise une comédie musicale, ça donne quelque chose de hautement improbable, un croisement étrange entre le cinéma de Terry Gilliam et le mythe de Faust/fantôme de l'opéra, le tout dans une ambiance 60's/70's avec une musique qu'on penserait produite par les Beach Boys, le tout sous acides. De toute la filmographie de De Palma, c'est
Phantom Of The Paradise qui se détache le plus des autres de par son originalité. Sans la mise en scène reconnaissable du cinéaste, on ne penserait jamais une seule fois être en présence d'un de ses films. Pourtant, aussi étrange que cela puisse paraître,
Phantom Of The Paradise se révèle être aussi un de ses meilleurs films, où l'expérimentation de mise en scène colle tout à fait avec le sujet (les raisons de créer) et où chaque petite folie enfonce un peu plus le film dans un déchaînement visuel et sonore certes parfois indigeste (la scène finale notamment) mais réussi.
Le scénario, avec comme deux références principales Faust et le fantôme de l'opéra, s'avère être l'un des gros points forts du film. Son seul véritable défaut serait celui de ne pas assez privilégier l'émotion (difficile d'être ému devant la scène finale tellement l'ambiance visuelle ne le permet pas) et de tomber parfois un peu trop dans une surenchère globale dans le dernier acte du film, sans oublier quelques facilités scénaristiques (l'évasion de prison en dix secondes chrono). Heureusement, tout le reste se suit avec plaisir, pour peu qu'on ne soit pas allergique aux passages chantés. Niveau mise en scène, De Palma expérimente tout ce qui deviendra plus tard ses gimmicks de mise en scène, du split-screen (excellent passage rendant hommage à
Touch Of Evil) à la caméra subjective (certainement la meilleure idée du film, qui permet de cacher les personnages pour les dévoiler de façon plus intense) en passant par le travelling circulaire (utilisé en accord avec la musique). De Palma accumule les folies visuelles en accord avec son sujet et assume le côté totalement décalé de son film. Sans être une comédie musicale majeure,
Phantom Of The Paradise n'en est pas moins une œuvre réussie bien qu'elle soit perfectible. Du très bon De Palma.
NOTE : 7,5/10