Le Coup de l'Escalier Robert Wise - 1959
Burke, un flic limogé pour corruption, a décidé d'organiser un hold up dans une banque. Il demande l'aide de deux de ses amis dans la panade: Slater, un vétéran usé par la prison et Ingram, un joueur noir endetté. Burke a tout planifié jusqu'au moindre détail, à une exception près: Slater est raciste.Pur film de casse dans la tradition de l'époque c'est donc carrément fataliste.
Le film ne s'attarde pas tant que ça sur le casse ( enfin ça prend quand même toute la dernière demi heure ) et il s'attarde sur les raisons qui vont pousser Ryan et Belafonte a accepter alors qu'au début ils étaient contre et cette première heure est très agréable à suivre, on est plus dans un drame qu'un film noir avec des personnages désabusé et un peu au bout du rouleau ( par contre ici pas de femme fatale ), la psychologie des personnages est vraiment bien retranscrit et les tensions racial sont au coeur du film et on se doute que ça aura son importance à la fin ( mais c'est pas le sujet du film, ça dénonce rien c'est juste un ressort scénaristique ici ). J'aime bien comment sont présenté les personnages aussi, chacun à la même scène dans l'ascenseur et d'entrée on comprend les différences entre les 2 personnages.
La dernière demi heure qui s'intéresse donc au casse et bien entendu avec une longue attente qui met les nerfs à rude épreuve puis une issue bien sombre, bon dès le départ on se doute que ça va merder mais à ce niveau c'est du high level sans rien révéler sur la fin je dirais qu'elle est explosive.
Filmé dans un merveilleux N/B ( pellicule infrarouge qui joue beaucoup sur le rendu ), Wise se permet plusieurs plans carrément inspiré ( belle utilisation de la profondeur de champ notamment sur un plan avec Ryan braquant son fusil ), la présentation du plan est super efficace et nous implique vraiment ( on comprend tout ce qu'ils vont faire et comment et ça c'est pas toujours évident dans les films de casse ) et le casse est un modèle d'efficacité sans chichi. Et puis on a le climax final surprenant et au cadrage excellent ( le plan vu d'ensemble avant les coups de feux est génial ), c'est d'ailleurs le seul passage du film un peu baroque tout le reste étant très sobre ( genre y a pas de plan iconique ou de jeux avec les ombres comme chez Dassin ).
Robert Ryan est une nouvelle fois génial ( vraiment un des best acteur de l'époque ) et il campe à merveille un personnage complétement raciste ( enfin c'est un peu ambigu car lors d'une des premières scènes du film il porte une petite fille noire ) et assez détestable ( il bute un pauvre type qui l'avait bousculer, bon y voulait pas le buter mais il a pris plaisir à le frapper ) mais ce personnage médiocre ( y vit au crochet de sa femme ) est tout de même attachant et même touchant
, Belafonte à part dans un film pourri avec Travolta je crois bien que je l'avais jamais vu et bein il assure vraiment c'est autre chose que Sidney Poitier et c'est même lui le premier rôle du film ( et un black premier rôle à l'époque ça devait pas être si fréquent, le film c'est d'ailleurs fait sous son impulsion et il en est même producteur ) et lui aussi campe un personnage loin d'être exemplaire, le 3ème braqueur c'est Ed Begley qui juste après son excellent rôle dans
12 hommes en colère sortait ici une excellent performance, c'est lui qui fait le médiateur entre les 2 autres qui se déteste et d'ailleurs on ne saura rien sur ce personnage à part qu'il a été limogé de la police et on ne sait pas pourquoi et qu'il a des liens avec le milieu.
La BO est très bonne et le passage musical jazzy est très agréable.
Un grand film ( la preuve c'était le film préféré de Melville et on sent bien l'influence qu'il a eu sur lui ) qui n'a pas a rougir avec un
Ultime Razzia ou un
Asphalt Jungle et c'est de loin le meilleur film ( en tant que scénariste ) du blacklisté Abraham Polonsky, et dans mon top 3 Wise pour le moment.
8,5/10