Mélodie En Sous-Sol (1963) d'Henri Verneuil
8,5/10
Mélodie En Sous-Sol, c'est tout d'abord la rencontre de 2 Stars immenses, de 2 générations de comédiens hors-pairs. La vieillesse face à la jeunesse, l'expérience face à la fougue. En cela,
Jean Gabin et
Alain Delon se devaient de se rencontrer sous la direction d'un 3ème homme de pur talent :
Henri Verneuil.
C'est dans la ville de
Sarcelles, en plein essor au début des Années 60, que '
Charles' (
Jean Gabin), au charisme toujours impressionnant, rejoint son pavillon et sa femme après 5 années passées derrière les barreaux et ce qui surprend d'emblée c'est sa détermination à se refuser à "ranger les voitures" malgré sa peine fraîchement purgée. Au travers de quelques phrases et pensées, il est évident que nous avons affaire là à un "Vieux de la vieille" du grand banditisme et qu'il aura ça dans la peau éternellement. Il veut continuer à voir plus grand que ce que lui a prévu sa réinsertion post-carcérale.
Par le biais d'un ancien complice, aujourd'hui à la "retraite", il décide de préparer un "Casse" dans la ville de Cannes. Pour ce faire, il a besoin d'un homme de main et d'un chauffeur. Son dévolu se portera sur '
Francis' (
Alain Delon), jeune délinquant plein d'énergie prêt à tout pour réussir dans ce milieu ainsi que sur son beau-frère garagiste '
Louis' interprété par
Maurice Biraud.
De manière concise et c'est d'ailleurs ce qui va donner le ton du rythme du Film,
Verneuil pose les codes du genre en allant à l'essentiel : présentation rapide mais claire des 3 protagonistes, rencontres croisées de ces derniers, exposition du plan du "Casse" et repérage des lieux sur le terrain.
Verneuil aurait pu prendre davantage son temps en précisant d'où '
Charles' connait '
Francis' ou encore en nous contant plus longuement la 'Love Story' inutile entre ce dernier et sa Suédoise mais il opte pour la sagesse en allant au plus direct de ce qui l'a amené à ce projet : le cambriolage du Casino du célèbre '
Palm Beach' abritant pas moins d'1 Milliard en petites coupures.
Ce qui surprend au 1er abord, c'est la facilité déconcertante avec laquelle le personnage de
Delon appréhende cette opération qui peut l'amener à l'ombre pour plusieurs piges. Contrairement au perso de
Gabin, qui lui en impose naturellement de par son physique et son aura et qui semble carré dans ses procédures, '
Francis' lui semble à l'aise tel un touriste estival dragueur et pas ponctuel pour un sou, ce qui a le don de profondément agacer '
Charles' et nous offrir quelques petites touches d'humour. Alors, on se dit que '
Francis', du haut de ses 27 ans, a tout d'un futur grand et qu'avec aisance il pourrait fracturer n'importe quel coffre-fort aussi bien protégé qu'il soit. Le final nous dira ce qu'il en est réellement...
Techniquement, c'est du tout bon !!
Henri Verneuil nous gratifie d'une mise en scène assez magistrale à l'image du scénario qui va direct à l'essentiel. On a droit à des manipulations de caméras dignes du grand Réalisateur qu'il a été : maîtrise et mise en valeur des reflets d'un miroir, mise en scène maîtrisée dans des endroits pourtant exigus mais qui reste très lisible, alternance plongée/contre-plongée parfaitement adaptée à la situation, des séquences de profondeur (dans la cage d'ascenseur) dignes du
Vertigo d'
Hitchcock, etc...
La scène du "Casse" est également réussie et on se dirige droit vers ce fameux final que tout amateur de Cinéma ayant vu cette Oeuvre ne pourra jamais oublier tellement on est en décalage total avec les codes de ce genre qu'est le "Film de Cambriolage"...
!!! Un Incontournable !!!