Jaromil Jires - 1970
7,5/10
Rappelant les films de Luis Bunuel ou d’Alejandro Jodorowsky, Valerie est un film onirique qui n’est pas très facile d’accés. Il m’a d’ailleurs fallu un bon quart d’heure pour entrer dedans tant le début est destructuré. Jouant continuellement sur les métaphores, le film est d’une grande poésie et certaines séquences marquent durablement l’esprit.
Le style “baroque” utilisé par le réalisateur nous fait penser par moments aux films expressionnistes allemands. En effet, l’apparence du vampire fait clairement référence à Nosferatu de Murnau. De la même manière, les décors de ce petit village tchèque créent une sorte d’univers hallucinatoire et angoissant. Il se dégage donc une atmosphère assez étrange du film à laquelle les compositions de Lubos Fiser ne sont pas étrangères.
Les sujets abordés par le film sont assez osés pour l’époque. Il y est question de pédophilie et d’inceste. Pédophilie car le vampire attire à lui toutes ces jeunes filles vierges et n’hésite pas à en profiter. Inceste car l’histoire entre le frère et la soeur reste très ambigue. Même si je ne me suis pas penché plus que ça sur le contexte politique dans lequel a été réalisé le film, on sent bien qu’il y a toute une métaphore sociale qui se cache derrière ces thèmes. Et enfin, qui dit vampire, dit thématique de la jeunesse éternelle à travers le personnage de la grand mère qui est prête à vendre sa petite fille pour retrouver sa jeunesse.
Pour ce qui est du jeu des acteurs, on est là aussi dans le modèle expressionniste. Les interprétations sont assez caricaturales jouant beaucoup sur les mimiques mais cela n’est pas un défaut puisque ça s’inscrit dans un style précis. Et dans le rôle de Valerie, Jaroslava Schallerova sait jouer de son charme à la limite de l’érotisme malgré son jeune âge.
Au final, c’est un plaisir d’avoir découvert ce classique du cinéma tchèque. Cela confirme mon goût prononcé pour le cinéma onirique et poétique et je ne pourrais que conseiller ce film aux adeptes de l’oeuvre de Jodorowsky.