[Alex] Mes critiques en 2011

Modérateur: Dunandan

Travailler fatigue - 3/10

Messagepar Alex » Jeu 26 Mai 2011, 12:54

TRAVAILLER FATIGUE: 3/10

De Marco Dutra & Juliana Rojas
avec Helena Albergaria, Marat Descartes, Naloana Lima, Gild Nomacce, Marina Flores…

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Alors que Helena, femme au foyer, décide de monter sa propre affaire en ré-ouvrant un petit supermarché, elle apprend qu’Otavio, son mari, vient de se faire licencier après dix ans de bons et loyaux services au sein de sa société. Malgré le contexte de crise, le couple décide alors de s’investir dans cette nouvelle entreprise. Mais très vite, d’étranges événements se produisent dans le magasin.

… Mais c’est surtout très ennuyeux !

C’est sous ce dicton très perspicace et coulant de source que les réalisateurs brésiliens Marco Dutra et Juliana Rojas ont baptisé leur premier long-métrage. Avec en trame principale, un Brésil en crise et une mère essayant tant bien que mal de faire émerger son supermarché. Malgré le récent licenciement de son mari, Helena garde la tête haute et fait face aux réflexions des nouveaux clients sur les prix qu’elle pratique, mais aussi sur le manque soudain de stock. Les vivres disparaissent mystérieusement et discerner si ces liquidations sont du fait de ses employés ou de ses clients s’avère ardu. A cela s’ajoute un local complètement austère, dont un mur est étrangement rongé par l’humidité. Faire venir un expert coûte cher et les bénéfices ne sont pas encore de la partie… C’est alors que des écoulements ressemblant étrangement à du sang font leur apparition.

« Travailler fatigue » s’inscrit donc dans cette lignée de films sud-américains (« Rabia » ou « Ne nous jugez pas »), mêlant un contexte social difficile et les ficelles d’un cinéma de genre comme l’épouvante. Malheureusement, au bout d’une heure de film, le constat est peu reluisant. L’alchimie ne prend pas, et ce n’est pas faute d’avoir attendu patiemment que le film se mette en place. Les réalisateurs ne savent visiblement pas sur quel front jouer. Les indices laissant présager la présence d’un cerbère dans le magasin restent sous-exploités et n’apportent finalement aucune tension, même une fois le mystère mis à nu de manière incongrue.

C’est le discours social qui en pâtit, puisqu’il est finalement parasité par cette vaine tentative de mélanger les deux genres. Au lieu de basculer d’un cinéma à un autre en jonglant avec leurs codes comme l’ont pu brillamment faire « Bedevilled » ou « Rabia », Dutra et Rojas s’embourbent dans deux récits qui ne fonctionnent jamais vraiment. Les deux réalisateurs peuvent d’ailleurs remercier leurs deux acteurs très convaincants et dont les interprétations ne pâtissent aucunement des mauvais choix de leurs metteurs en scène. Au moins, ils sont là pour sauver les meubles.

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We Need Talk To About Kevin - 7,5/10

Messagepar Alex » Jeu 26 Mai 2011, 13:01

WE NEED TO TALK ABOUT KEVIN: 7.5/10

un film de Lynne Ramsay
avec : Tilda Swinton, Ezra Miller, John C. Reilly, Jasper Newell…

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Dans une atmosphère irréelle, une meute de gens chahute et se bouscule dans une bouillie de tomates. De cette vision ubuesque, Eva Khatchadourian se réveille au beau milieu de cachets et affaires étendues sur le sol… Lorsqu’elle sort de chez elle, elle trouve les murs de sa maison arrosés de peinture rouge. Visiblement, elle n’a pas les faveurs de ses voisins…


Je t’aime, mon fils

Avec une première séquence à la plastique digne d’un Jodorowsky, le début de ce film anglais déroute pour ensuite enchaîner sur les souvenirs diffus d’un personnage principal à la dérive, portant les stigmates d’un passé que l’on imagine douloureux. La mise en scène, soignée, organique et colorée, varie intelligemment les focales pour disséminer des indices sur le mystérieux passé de cette femme affaiblie. Lynne Ramsay (« Le Voyage de Morvern Callar »), qui s’inspire ici l’un des romans de Lionel Shriver, nous plonge alors dans les souvenirs épars et confus d’une femme, dont la vie a radicalement changé à la naissance de son fils. Le design sonore, immersif, signé John Greenwood du groupe Radiohead, happe instantanément dans les méandres de la mémoire d’Eva. Le montage de ses souvenirs est d’autant plus fascinant qu’il suit la logique de la mémoire à la perfection. Les situations présentes évoquent des réminiscences qui ressurgissent, rappelant aussi bien les moments de bonheur que les moments douloureux.

Cette passionnante et intrigante reconstruction de la première heure, traduisant un troublant chaos mental, perd malheureusement peu à peu de son envergure, une fois les principales ficelles mises à jour. La dernière demi-heure ne prépare finalement qu’à un dénouement logique, implacable et attendu. Qu’importe, Tilda Swinton y est impeccable et la mise en scène clinquante de la réalisatrice n’efface jamais l’impressionnante prestation de l’actrice, qui enchaîne les métamorphoses avec une facilité déconcertante. A cela s’ajoutent des séquences de guerre entre mère et fils aussi ahurissantes qu’hilarantes, qui évoquent le rapport entre l’amour maternel feint et le comportement troublant du petit Kevin. Dans ce rôle, le jeune Jasper Newell est effarant, tandis que Ezra Miller (qui joue le Kevin adolescent) confirme qu’il est un espoir à suivre. L’enfant se met entre ses parents, feignant le fils modèle devant son père et adoptant des attitudes de petit démon face à sa mère.

Toute la puissance du film réside dans ce parti-pris qui ne s’attache qu’aux conséquences et élude intelligemment la démonstration de la violence. Lynn Ramsay évoque aussi la difficulté de devenir parent sans l’avoir forcément choisi. Ses réticences et son absence de fibre maternelle n’auraient-elles pas été mises à nues par son fils, qui dénonce l’expression d’un amour totalement hypocrite ? Un film bien plus profond que sa forme, à la limite de l’esbroufe, ne le laisse présager.

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Re: [Alex] Mes critiques en 2011

Messagepar zack_ » Jeu 26 Mai 2011, 20:37

Deux critiques que je plussoie! :super: :bravo:

Par contre as-tu une explication sur la couleur rouge qui revient tout le long du film (dont l'intro très rouge tomate) dans We need to take Kevin?
zack_
 

Re: [Alex] Mes critiques en 2011

Messagepar Alex » Dim 29 Mai 2011, 10:28

Mis à part :
l'effusion de sang qu'a fait couler son fils


non. Mais c'est un parallèle que je trouve simpliste. Je doute que ce ne soit uniquement cela.
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Polisse - 8/10

Messagepar Alex » Lun 30 Mai 2011, 09:55

POLISSE: 8/10

De Maïwenn
Avec Joey Starr, Karine Viard, Marina Foïs, Frédéric Pierrot, Maïwenn…

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Infractions et accusations de viols sur mineurs sont légion pour les agents de la Brigade de protection des mineurs de Paris. Une jeune photographe est embauchée par la mairie pour prendre des clichés du quotidien de la brigade. Cette initiative n’est pas du goût de tous les membres de l’équipe...



Entre les murs de la police

Fidèle à son style documentaire voué à saisir le quotidien et la spontanéité de la vie, que les amateurs ont pu avoir le plaisir d’observer dans « Pardonnez-moi » et « Le Bal des actrices », la jeune Maïwenn revient avec un nouveau long-métrage singulier et largement moins égocentrique. Les détracteurs de la première heure pourront peut-être même se réconcilier avec la réalisatrice, tant son troisième film, même s’il n’est pas exempt de défauts, excelle dans sa manière de rendre le quotidien professionnel et personnel de la brigade de protection des mineurs avec une rare pertinence. Et si le synopsis peut laisser présager une vulgaire copie de « L.627 » et la bande annonce un ersatz de la série télévisée « PJ », il ne faut pas s’y méprendre ! Maïwenn démontre une nouvelle fois tout son talent pour reconstruire et capter l’élément humain, ainsi que toute l’authenticité des situations quotidiennes tout aussi futiles et importantes soient-elles.

Ainsi, le sentiment de véracité et l’impression de réalisme qui se dégage des interrogatoires, des interpellations, des disputes entre agents, valent à eux seuls la majorité des tentatives sur le sujet. Porté par d’irrésistibles dialogues, « Polisse » utilise un humour ravageur pour désamorcer le caractère effroyable de certaines situations. Entre les dépositions effarantes de gamines s’exhibant sur internet ou se voyant exécuter une fellation pour récupérer leur portable, Maïwenn dresse un glaçant et aberrant constat de la situation de l’éducation sexuelle auprès des jeunes adolescents, révélateur d’un profond malaise de notre société. Le malaise, on le ressent d’ailleurs constamment lors des interrogatoires de pédophiles et parents adeptes de l'inceste. La réalisatrice en profite pour dresser un large éventail de toutes les situations véridiques qui lui ont été rapportées pendant la préparation de son long métrage. Ce déballage aurait pu desservir son propos, mais grâce à un savant montage et à un panel d’acteurs tous plus justes les uns que les autres (des principaux jusqu'aux figurants), la jeune cinéaste réalise un tour de force avec un récit foisonnant de situations diverses.

Malgré une palette de personnages à la limite du gérable et une pléthore de storylines concernant les déboires personnels des membres de l’équipe, le récit trouve sa force dans la cohésion du casting (venant en grande partie de son précédent opus). Les époustouflantes Karine Viard et Marina Foïs nous offrent une saisissante dispute et de passionnants échanges. Naldra Ayadi, quant à elle, livre une jubilatoire plaidoirie en faveur de la tolérance que prône le Coran face à un père de famille musulman sur le point de marier sa fille à un inconnu du pays. Bref, il faut voir ces séquences pour se rendre compte que la jeune réalisatrice détient un indéniable talent derrière la caméra, dévouant toute sa mise en scène à ses protagonistes.

C’est finalement personnage de Maïwenn qui ne trouve jamais vraiment sa place. Sa romance avec Joey Starr, égal à lui-même, dont le rôle le sied à la perfection, empiète une première heure pourtant parfaite. La réalisatrice a d’ailleurs admis en conférence de presse que c’était une erreur d’y avoir joué un rôle. Mais on lui pardonnera volontiers ces légers écarts : « Polisse » s’avère être un pur plaisir à suivre et une proposition réussie de cinéma-vérité, qui en dit long sur la situation des gosses de France, a l'instar d'« Entre les murs », il y a quatre ans. Une tentative originale et humaine, très justement récompensée par le prix du Jury lors du 64e festival de Cannes.


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Re: [Alex] Mes critiques en 2011

Messagepar jean-michel » Lun 30 Mai 2011, 13:57

Très bien écrite ta critique!! donne un intérêt certain au film! :super:
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Re: [Alex] Mes critiques en 2011

Messagepar zack_ » Mer 01 Juin 2011, 12:17

Le seul film que j'ai pas pu voir à Cannes (même en me présentant une heure avant)
zack_
 

Re: [Alex] Mes critiques en 2011

Messagepar Alex » Mer 01 Juin 2011, 22:38

Ah oui? T'as galéré à obtenir des invits ou la salle s'est remplie trop vite? A la séance de 8h30, quand c'est blindé au Palais tu peux tenter à la salle du soixantième et juste avec badge il me semble.
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Re: [Alex] Mes critiques en 2011

Messagepar zack_ » Jeu 02 Juin 2011, 10:08

Oui mais 1h15 avant au 60ème c'était full, j'ai couru pour rien entre deux séances. Un rare loupé mais je me suis rattrapé sur un autre film à la place.
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Pater - 9/10

Messagepar Alex » Mar 21 Juin 2011, 16:15

PATER: 9/10

de Alain Cavalier

avec Vincent Lindon, Alain Cavalier, Bernard Bureau, Jonathan Duong, Hubert-Ange Fumey…

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Alain Cavalier invite Vincent Lindon à venir déguster des truffes et autres produits du terroir. Le réalisateur en profite pour proposer à son acteur un nouveau projet : il souhaite le nommer premier ministre et préparer avec lui un projet de loi fixant un plafond pour les hauts salaires…



Tout simplement bluffant !


Déjà lauréat du prix du jury en 1986 pour « Thérèse », Alain Cavalier aurait bien mérité le même prix cette année pour son dernier film qui brille par son originalité. On connaissait déjà le réalisateur pour ses expérimentations cinématographiques (« Le filmeur », « Irène ») mais son « Pater », c’est franchement du jamais vu. Deux acteurs, une caméra DV et un jeu de rôle : Cavalier se prend pour le président de la république française et nomme son ami Vincent Lindon Premier Ministre. A la clé, un projet de loi, hautement d’actualité, doit voir le jour : il déterminera un plafond pour les plus gros salaires. Les premières séquences présentant Vincent Lindon énumérant ses principes pour la France, dont il sera le premier ministre, tombent à pic et se révèlent absolument jubilatoires. Celles-ci ont d’ailleurs provoquées tonnerres d’applaudissements lors de la séance officielle à Cannes.

« Pater » repose essentiellement sur les irrésistibles répliques et monologues largement improvisés entre les deux compères, qui développent une complicité quasi filiale, passionnante à observer. Le jeu d’échange de cravates, les dégustations de produits délicats du terroir ou les coups de gueules de Lindon, sont autant de moments saisis sur le vif qui participent à la création d’une délicieuse connivence avec le spectateur. L’acteur y est d’ailleurs formidable de naïveté, de naturel et de spontanéité, lui conférant un charisme d’homme d’État. Encore un peu et on serait prêt à lui demander de se présenter en 2012 !

Mais ce qui rend cette expérience de cinéma encore plus intéressante, ce sont ces insertions rappelant les acteurs à la réalité. Les réflexions de Vincent Lindon réalisant qu’il se prend un peu trop à ce jeu de rôle, aussi espiègle que sérieux, font parties des meilleurs moments du film. Cavalier berce ainsi le spectateur dans un séduisant principe d’incertitude. On se retrouve constamment à s’évertuer à démêler le vrai du faux, le faux-documentaire du making-off, l’utopie de la réalité, le jeu de personnes de celui de personnages, dans un stimulant exercice cognitif.

Avec cette évidente allégorie du cinéma, détaillant les rapports entre réalisateurs et acteurs, Cavalier signe aussi un film qui rappelle, tout comme « L’Exercice de l’Etat », toute la réalité du jeu politique. En effet, la mise en place d’un projet qu’un ministre s’engage à porter à bout de bras est bien souvent confrontée aux clivages et aux pressions des alliés de son propre parti. Truffé de vérités et remarquablement intelligent et léger, « Pater » fonctionne aussi comme un véritable document sur les dessous de la politique, infiniment plus fort et plus fin que « La Conquête ». On a parfois la sensation de se retrouver devant « Le Président » d’Yves Jeuland. Il est par ailleurs stupéfiant de constater à quel point l’hilarante discussion sur la photo compromettante d’un adversaire politique trouve une évidente résonance avec l’actuelle affaire DSK. Et quelle délectation de se rendre compte que les tensions de cette politique fictionnelle rejaillissent sur ses créateurs, au point de créer des frictions entre acteur et réalisateur ! Celles-ci sont, certes, jouées, mais leur effet reste néanmoins saisissant et elles contribuent à cette excitante mise en abîme imaginée par Cavalier.

Bref, ni une critique, ni une analyse de cet OFNI ne sauraient rendre compte de l’expérience unique que « Pater » procure en tant que spectateur. Un film à voir. Un film à vivre.

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Re: [Alex] Mes critiques en 2011

Messagepar zack_ » Mar 21 Juin 2011, 19:02

Ah ouai tu as osé, tu t'es justifié, mais on ne se rejoindra pas sur ce film. :shock:
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Re: [Alex] Mes critiques en 2011

Messagepar Alex » Mar 21 Juin 2011, 21:18

Voir le même film et ressentir quelque chose de diamétralement opposé, c'est aussi ce qui rend le cinéma si passionnant... :)
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Murderer (The) - 7/10

Messagepar Alex » Jeu 07 Juil 2011, 23:17

THE MURDERER: 7/10

de Hong-jin Na

avec Yun-seok Kim, Jung-woo Ha, Chul -min Lee…

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Entre la Corée du Sud et la Chine, la mer jaune est une véritable zone de transit pour tous les clandestins voulant tenter leur chance en Corée. Ces derniers partent le plus souvent de Yani, ville chinoise coincée entre la Russie et la Corée du Nord, où vivent quelques huit cent mille sino-coréens. Parmi eux, Gu-nam, un chauffeur de taxi accroc au jeu. Criblé de dettes, il accepte la proposition de Myun qui lui demande de tuer une cible à Seoul contre une belle somme d’argent...



Efficace mais brouillon. Une petite confirmation pour Hong-jin Na

Trois ans après la séance de minuit cannoise qui nous avait fait découvrir le puissant, l’extraordinaire, « The Chaser » devenu une référence en matière de thriller, le coréen Hong-Jin Na nous revient avec ses deux compères, Yun-seok Kim et Jung-woo Ha avec « The Murderer », un polar urbain sur fond d’immigration. A contrario de son précédent opus qui commençait sur les chapeaux de roues dès les premières minutes, « The Murderer » prend son temps pour installer son récit bien plus ample et complexe que l’histoire d’enlèvement de « The Chaser ». Ce nouvel opus ancre ses enjeux dans un contexte bien plus social. On y découvre les « Joseon-Jok », ces sud-coréens exilés en Chine et persécutés dans leur pays d’origine, mais aussi toute la cupidité des marchands de misère.

Le génial Yun-seok Kim, déjà extraordinaire dans « The Chaser », est encore une fois saisissant dans son rôle de parrain local. La séquence de la rencontre entre Gu-nam et Myun se découvre avec délectation tant l’acteur y déploie un charisme d’envergure. Quant à Jung-woo Ha, il est, comme à l’accoutumé, méconnaissable. De films en films (« My Dear enemy », « The Chaser »…), ses attitudes, ses traits, son look se transforment pour le métamorphoser à chaque fois en personnages diamétralement opposés. D’un déviant tueur sanguinaire dans « The Chaser », il passe à un insignifiant chauffeur de taxi forcé à exécuter un sombre inconnu dans un pays où il est indésirable. Et qui de mieux qu’un caméléon comme Jung-woo Ha pour incarner cette décente aux enfers qui fera passer Gu-nam d’un homme méprisé à un prédateur traqué par un pays tout entier ?

Si l’écriture fine développe les personnages principaux avec précisions, il est regrettable que la multitude d’autres seconds rôles sème la confusion dans l’esprit du spectateur. Sur les deux heures vingt, il est assez fréquent de se demander qui est le personnage à l’écran, ainsi que son utilité dans l’avancement du récit. Malgré cette réserve, on retrouve une nouvelle fois cet excellent sens de la mise en scène, truffée de raccourcis stimulant savamment le rythme du récit et temporisant quelques séquences d’action éreintantes. Toujours très efficaces, elles confirment tout le bien que l’on pouvait penser du réalisateur à la vue de son premier polar. Chez Na, les coups de feu se font rares, les armes blanches, en revanche, prolifèrent. Tout cela donne lieu à de jubilatoires chorégraphies sanglantes. Car c’est toujours plus exaltant de voir deux hommes se charcuter au couteau ou à la hache qu’avec de vulgaires pistolets.

En revanche, là où les séquences de corps à corps de « The Chaser » étaient filmées avec une brillante limpidité, celles de « The Murderer » s’avèrent souvent complètement tremblantes et confuses. Il est par ailleurs regrettable que Na abuse de cette caméra constamment instable pour accentuer une ambiance pesante et peu rassurante alors qu’il avait su l’utiliser avec parcimonie pour son premier opus. Alors même si ce polar reste d’une redoutable efficacité, on sent que Hong-jin Na a plus de moyens et en profite pour ne pas lésiner sur les courses poursuites, les combats. La poursuite à pied entre deux hommes dans « The Chaser » devient une chasse à l’homme impliquant une horde de flics, le petit accident de camionnette devient un tonneau de camion dix-huit tonnes, etc. Cette surenchère confère au film un côté hollywoodien qui dénote quelque peu par rapport à « The Chaser » pour lequel le réalisateur avait su faire dans la sobriété, ce qui, pour le coup, faisait toute l’excellence de sa première œuvre.

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Re: [Alex] Mes critiques en 2011

Messagepar Eikichi Onizuka » Ven 08 Juil 2011, 11:16

Ah punaise t'as eu la chance de le voir, celui là je l'attends avec impatience quand même. Ta critique ne me refroidi pas trop, c'est quand même bien un 7, j'irai le voir de toute façon pour me faire une idée :super:
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Re: [Alex] Mes critiques en 2011

Messagepar zack_ » Ven 08 Juil 2011, 19:56

Le seul film de la sélection où j'ai dormi :oops:
Mais je suis excusé c'était le 8ème film consécutifs de la journée que je regardais et à 4h du mat' ça achève!
zack_
 

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