HOBO WITH A SHOTGUN de Jason Eisener
Tout comme Machete de Rodriguez, Hobo with a Shotgun est à la base une fausse bande annonce, destinée à être diffusée pendant l’entracte de Grindhouse au Canada.
Suite au buzz autour de ce faux trailer, Eisener réunit la somme de 3 millions et propose le rôle principal à l’excellent mais sous exploité Rutger Hauer.
Mais, contrairement à Tarantino et Rodriguez (dont le Grindhouse coute quand même 65 millions), le réalisateur va aller au bout de sa démarche en livrant un film d’exploitation totalement décomplexé, fait avec peu de moyens mais avec une énergie et une passion communicative.
Le pitch est simple : un clochard, excédé par la délinquance et les bad guys qui règnent en ville, va s’acheter un shotgun et faire le ménage, tout en protégeant une jeune prostituée qui lui a sauvé la vie.
Le réalisateur commence d’abord par dépeindre un monde terriblement nihiliste, où règne le chaos, où la souffrance et la pauvreté sont partout, où les clodos font du snuff movie pour gagner 10 $ et où les méchants sont de gros pervers sadiques qui n’hésitent pas à cramer un bus scolaire ou encore buter des innocents en pleine rue en forçant les passants à contempler le spectacle.
D’ailleurs, cette vision sombre et plutôt réaliste dénote légèrement avec le coté caricatural et outrancier des méchants, le big boss Drake et ses deux fils totalement déjantés, qui pourraient sortir tout droit d’un Crank.
Après une première partie sous forme de chronique sociale acide et désenchantée, le film va prendre une autre direction, celle du vigilante hardcore, et quand le Hobo va enfin acheter son arme, c’est le spectateur qui va prendre son pied. En mixant les influences (Carpenter, Street Trash, les revenge movies), Eisener délivre une seconde partie jouissive, aussi violente que salvatrice, l’empathie pour le personnage et sa protégée étant totale. L’humour noir abonde, les idées délirantes et trash fusent (le duo de tueurs en armures, le pédophile déguisé en père Noël, le repaire des méchants ressemblant à une fête foraine gore) et la tension implacable de cette expédition punitive ne retombe jamais. Un film qui va loin dans la violence, comme si des années de frustration et de censure étaient à l’origine du projet.
La réalisation est vraiment efficace (surtout pour un premier film à petit budget et en comparaison d’un Machete), la photographie de Karim Hussain est superbe, avec beaucoup de filtres colorés qui renforce la touche vintage du film. La musique, très inspirée par Carpenter se fond parfaitement à l’ensemble.
Rutger Hauer est impressionnant, touchant, flippant, bref, impérial ! (son monologue aperçu dans la bande annonce est surpuissant)
Molly Densworth (qui joue la prostituée) s’en sort très bien, dommage que les acteurs qui jouent le bad guy et ses fils cabotinent beaucoup, mais ça renforce le coté totalement WTF de leurs personnages.
Vous l’aurez compris, Hobo with a Shotgun s’impose directement comme la référence du film « Grindhouse », aussi violent et extrême que touchant et pertinent.
C’est aussi la preuve qu'on peut faire un excellent film de genre pour peu d’argent quand on a du talent !
8,5/10