We Own The Night (La Nuit nous appartient) de James Gray
(2007)
Après
Little Odessa et
The Yards, James Gray conclue en 2007 sa trilogie de polars familiaux (bien que le thème de la famille sera encore utilisée d'une brillante façon dans
Two Lovers) avec
We Own The Night, un film qui s'inscrit directement dans les même thèmes que ses précédents films, à quelques exceptions près. D'une certaine façon,
We Own The Night pourrait être considéré comme le best-of de la filmographie de Gray, où la relation fraternelle, le conflit du père (les deux thèmes principaux de
Little Odessa) et la rivalité familiale (
The Yards) sont ici présentées dans une histoire shakespearienne au possible qui permet au film d'obtenir un certain dynamisme là où les deux premiers films de Gray se voulaient plus lents, plus contemplatifs.
We Own The Night est donc certainement le film le plus accessible du cinéaste sans jamais tomber dans la facilité car oui, le film est, encore une fois, une démonstration bluffante du travail de James Gray. Ainsi, certaines scènes peuvent être rangées facilement dans les plus marquantes de sa filmographie, comme cette découverte d'un appartement servant à fabriquer de la drogue. Une scène véritablement prenante en terme de tension, où chaque plan, chaque ligne de dialogue, chaque mouvement de personnage sert à rendre crédible une action déjà vu plusieurs fois au cinéma. C'est d'ailleurs là la particularité du film de James Gray qui cherche à réaliser un polar balisé mais qui s'éloigne tout de même de tout ce qui a pu se faire auparavant. Du point de vue du scénario, la storyline entre Joaquin Phoenix (magnifique, encore une fois) et Mark Wahlberg se révèle être une des grandes forces du métrage tant elle s'inscrit parfaitement dans la logique du cinéma de Gray. Quand à la mise en scène, il suffit de voir la scène de poursuite automobile pour être convaincu que Gray révolutionne tout ce qu'il touche. Ainsi, avec une caméra embarquée, une pluie numérique et un astucieux montage sonore, Gray signe une scène atypique qui, quelques années plus tard, est déjà considérée comme une référence du genre. Enfin, comme à chacun de ses films, Gray distille ses influences d'une façon remarquable, la preuve avec ce clin d'œil au cinéma de Kurosawa (et notamment à son film
Chien Enragé) avec un duel final improbable dans des hautes herbes. Bénéficiant en plus de personnages secondaires réussis (Robert Duvall, Eva Mendes ou encore Moni Moshonov) et d'une composition musicale à la hauteur de celle de
The Yards,
We Own The Night s'impose véritablement comme l'une des références du cinéma américain d'aujourd'hui. Un très très grand film.
NOTE : 9,5/10