28 jours plus tard
Danny Boyle signe définitivement LE renouveau du film de zombies en modifiant quelques détails : ce ne sont plus des zombies justement mais des enragés qui au lieu d'être léthargiques sont surexcités, hystériques et courent à plein régime et en nombre sur les rescapés. Ici, Boyle se permet de renverser les codes des films de Romero tout en gardant à l'esprit les œuvres du précurseur.
Le style de mise en scène est clairement épileptique, atypique, montage nerveux, une photo bien crade, granuleuse, tourné en DV le tout dégage un produit final brut de pomme, violent et coup de poing.
Boyle permet à un genre réduit de se trouver une voie parallèle aux similitudes bien évidemment assumées avec les films de Romero dont Boyle préserve et approfondit le fond. La violence des hommes, la sauvagerie et la barbarie dont nous sommes capables et dont les enragés ne sont que le reflet. L’humanité qui s’évapore peu à peu de nous en situation de survie , l'étincelle pourtant toujours bien présente, l’interdépendance, et enfin le rapport hommes/zombis (ici enragés) et le jeu du massacre qui habite l’œuvre Romero. Les infectés représentent no côtés les plus primaires. Survivre, se nourrir.
Mine de rine pour un tel budget bah Boyle assure et signe même une fabuleuse explosion tout aussi impressionnante et bien plus originale que celles des grosses machines américaines aux millions de dollars.
Une partie du film est une sorte de road movie sympa, tristounet
mais touchant (la relation père/fille, la famille de chevaux, la transformation du père...). Boyle reste donc dans cette optique de décrire la vie de survivants sans grande profondeur toutefois et le final dans la maison de militaires c'est du grand spectacle glauque et malsain où ce ne sont pas vraiment les infectés qui foutent la merde mais les hommes eux-mêmes. C'est récurrent dans le genres et quelques films de monstres : un ennemi extérieur , un groupe de survivant et ce microcosme va se renverser, se désorganiser et s’autodétruire sans intervention extérieur ou presque : très souvent quand c'est une attaue externe i ls'agit d'autres humains
(the mist, les films de zombis, Walking dead etc..)
L'intro du film pose déjà le ton à la fois dépressif, mélancolique et nostalgique du film grâce à ces extraits d'émeutes, de guerres civiles etc..qu'on impose à un chimpanzé. Les images tv sont bien pire que toute la violence du film réunit puisqu’elle montre des homes contre des hommes et non pas des enragés conte nous. C'est ce que constate le chef du groupe militaire : depuis toujours des gens s'entretuent et aujourd'hui ce n'est pas plus différent qu'avant.
Boyle est un maitre sur les placements de caméra. 70% du temps c'est vraiment insolite et ça change de l'académisme omniprésent sur les écrans. Ça fait son petit effet. Anthony Dod Mantle (le chef op) a vraiment une sacré patte artistique et la majorité des films ont son nom au générique. c'est vraiment l'atout de ce cinéaste : la recherche artistique. on pourra dire que le film est visuellement horrible mais c'est ce qui fait son charme a l'inverse d'un I am legend hyper léché dont la forme est antinomique avec le propos.
Bref, l'intro est déjà limite "engagée" avec ces terro-écolos qui pensent sauver des singes alors que finalement ils vont enclencher tout un processus catastrophique et ces singes auxquels on lave le cerveau de scènes atroces. Pour comprendre...
Par la suite, on assiste à tout un long passage on man show - post-apo hommage à I am legend et au Jour des morts-vivants de Romero.
Le personnage est seul, livré à lui-même dans une Londres totalement vide, silencieuse et dépressive. Boyle signe des plans équivoques, des cadrages géniaux, et une ambiance musicale cohérente, parfois hypnotique et le fameux "In the house" d'une puissance magistrale qui monte crescendo et qui révèle tout la sauvagerie du point culminant d'un film de genre très réussit auquel il manque "LA" fin. En effet, la conclusion est pitoyable, sorte de happy-end trop appuyé et en total désaccord avec le ton et l’ambiance du film. d'ailleurs, avant 28 days, il me semble qu'aucun film de zombis ne se terminait "bien". La fin de 28 weeks est bien meilleure.
Concernant le casting, 28 days later révélait un Cillian Murphy rachitique et habité dont l'acte final relève de la perfection absolue d'investissement dans un rôle , un Brendan Gleeson sympathique et surtout Naomie Harris qui pourrait faire une "Michonne" parfaite pour Walking dead. d'ailleurs c'est aussi un hommage à Romero d'avoir mis un personnage black en tête de liste qui plus est en héroïne viscérale, une vraie survivante qui se rend peu à peu compte qu'elle perd son humanisme afin de survivre.
Franchement dans la lignée des films du réalisateur de la Nuit des Morts-Vivants, on peut dire que Boyle est le seul pour le moment à avoir vraiment réussit à prendre la relève. Son 28 weeks (même s'il n'est que producteur) est un cran en-dessous son propre film en terme d'écriture et de mise en scène mais c'est cohérent, c'est tout aussi marquant pour son intro et sa fin (intro réalisée par Boyle lui-même au passage).
8.5/10