L'Homme des Hautes Plaines Clint Eastwood - 1973
SPOILER !!
Pour son second film ( et son premier western ) Clint pose la barre très haut avec un western à l'aura fantastique assez fascinante et avec une fin qui donne une putain d'ampleur au métrage ( bon je vais pas refaire le débat VO/VF mais pour ce film mieux vaut le voir en VO quoi ).
Partant sur un schéma déjà vu des tas de fois : un étranger arrive et sauve une petite ville ( de lâche forcément ) sous le joug de méchants truands, Clint se réapproprie le sujet ( enfin le scénariste quand même qui n'est pas n'importe qui Ernest Tidyman auteur de
French Connection quand même ) en dynamitant le truc, il refera un film plus dans la tradition avec
Pale Rider ( où on y trouve le même aura autour du personnage ) et même
Unforgiven qui parte d'une trame identique avec notamment la lâcheté collective d'une communauté.
Ici pas d'étranger là pour la bonne cause non c'est un film vraiment méchant et sans concession, dans les 10 premières minutes du film peu causante, Clint interprétant une nouvelle fois un homme sans nom ( un ange exterminateur même ), il arrive de nul part presque comme un mirage, bute 3 gars et viole une femme, oui oui le film commence avec le héros qui viole une femme et là ça fait tout drôle parce que bon c'est Clint quoi, Clint y fait pas ça, il a jamais joué de bad guy de sa carrière du coup dès le début on a le doute ( en plus on se paye un plan de Clint se rentrant son matos en contre plongé ça donne un coté encore plus osé à la scène je trouve ).
Le film par moment m'a fait penser à
Goyokin pour sa mise en scène, en instaurant une ambiance fantastique dans un genre qui ne s'y prête pas ( enfin c'est pas qu'il ne s'y prête pas c'est que des westerns fantastique ça existe quasiment pas ), d'ailleurs le film est très habile sur le côté fantastique car il nous explique rien ( c'est à nous de déduire que l'étranger est une réincarnation ), mais là où Clint est vraiment fort c'est qu'il arrive à rendre son film assez drôle, toute la partie centrale du film où il devient le boss de la ville on regarde ça avec le sourire au lèvre, tellement le bordel qu'il fout est jouissif ( et hop on nomme le nain shérif et hop on vire tout le monde l'hôtel et hop on fait ses courses gratis ), chez Leone il était cynique mais c'était l'appât du gain qui le motivait, là il est cynique ( et aussi misogyne ) et pendant tout le film on ne sait pas ( on devine ) pourquoi il agit comme ça, et jamais une vengeance n'aura été aussi sadique et jouissive.
Clint réussit a instaurer un vrai suspens qui tient la route car même si on sait pourquoi il est là, on ne comprend pas trop comment il veut s'y prendre.
Peckinpah étant passé par là, les westerns des 70's font dans la violence bien graphique et ici on y échappe pas : headshot et coup de fouet lacérant les corps, Clint pour son premier fait un peu du Leone et il se paye quelques plans plutôt inventif et sympa :
mais dans l'ensemble Clint n'en fait pas des tonnes et dès son second film son style posé se met bien en place.
Et puis ce final complétement baroque avec une ville repeinte en rouge et baptisé Hell ( qui amplifie le côté mystique du film cette ville morte devant le purgatoire ) :
et où les habitants sont laisser seuls par Clint, puis le climax final qui fait lui carrément film d'horreur avec Clint tel un tueur d'un slasher surgissant des flammes :
Clint est génial
, forcément et il arrive a rendre vraiment attachant son personnage sans pitié et il s'iconise comme chez Leone, tout les seconds rôles c'est des bonnes têtes on reconnait notamment Mr Olson et Geoffrey Lewis est très bon en bad guy et tout le monde campe des bons personnages avec conviction.
Le score on dirait du Morricone, donc c'est bien.
Vraiment un des tout meilleurs films de Clint, un poil derrière Unforgiven ( quoique ), un western cynique et marquant, un des tout meilleurs du genre.
9/10