Animal Kingdom de David Michôd
Le déclin d’un règne animal, une noirceur abyssal côtoyant un mutisme solennel font de Animal Kingdom un film de gang australien au traitement original et David Michôd un réalisateur à suivre.
David Michod ne fait clairement pas dans le subtil, la première scène choc pose clairement le décor conclu par un long plan qui expose une théorie animale qu’il va longuement appuyer durant tout son récit, on peut être dubitatif au départ avec ce personnage de mère vampirique qui prend goulument la bouche de tout ses mômes, petit gangster de la banlieue de Sidney, on s’attend alors que le jeune homme mal dans sa peau finisse dans un mauvais engrenage dans un énième coup qui va mal tourné.
Sauf que le film démarre à la fin, David Michod ne conte pas un Rise & Fall mais seulement une chute vertigineuse ou le héro essaye de quitter tant bien que mal un nid venimeux dont sa mère l’a éloigné, maintenant disparue il se retrouve dans une jungle de violence sourde. Il se réfugie dans un mutisme pour mieux berner son entourage. Cela amène clairement un film difficile à appréhender qui refuse tout divertissement pour se morfondre dans un drame sombre.
La réalisation amène Animal Kingdom vers le haut bien que Michod abuse clairement de ralenti aussi classe soit-il deux sont facilement de trop, le réalisateur a un sens du cadre et de la lumière absolument étonnant pour un premier film, chaque scène aussi banale soit elle est exploité à son maximum, chaque retournement de situation arrive de manière sèche et surprenante, on en vient même dans le dernier tiers à ne plus savoir ou va nous mèner le film.
La manipulation plus subtile qu’elle n’y parait est au cœur du film, l’interprétation est d’une justesse étonnante, Guy Pearce choisit toujours bien ses projets, le dernier quart d’heure est assez magistral d’un procès répété à une sieste mortifère, Michod m’a procuré un belle petite claque sans quelques lourdeurs de jeunesse on aurait pu avoir un grand film en tout cas le réalisateur est ce que l’Australie a donné de plus prometteur depuis un certain Andrew Dominik.
8/10