[cinemarium] Mes critiques en 2011

Modérateur: Dunandan

Source Code - 3,5/10

Messagepar cinemarium » Jeu 28 Avr 2011, 19:06

Source code
Un film de Duncan Jones

3.5/10


Image


Grâce à son premier film très remarqué (Moon, sorti en 2009), Duncan Jones est dorénavant un réalisateur attendu : en détournant les codes d’une industrie formatée au sensationnel, le cinéaste anglais (qui est aussi le fils de David Bowie) était parvenu à imposer un regard neuf et nouveau sur la science-fiction. Deux ans plus tard, le voici de retour avec Source code, film de transition plus que de confirmation, mené par le charismatique Jake Gyllenhaal. Malheureusement, le constat est plus que mitigé : par une approche qui se veut faussement moderne, Source code déçoit par la multitude de ses petites et grandes maladresses qui en font un film légèrement gaffeur mais surtout très démodé. On dit souvent que le second film représente pour un réalisateur le déterminant de toute une carrière : espérons que Duncan Jones parviendra à prouver le contraire.

Un thriller sans enjeux

Colter Stevens, un soldat de l’armée américaine, se réveille brusquement dans un train en destination de Chicago, accompagné d’une jeune femme qui semble le connaitre. Déboussolé, il cherche à comprendre sa présence dans ce train quand celui-ci explose. Le jeune soldat se réveille alors attaché dans un caisson et comprend qu’il est le fruit d’une expérimentation de l’armée qui consiste à revivre les huit dernières minutes d’une victime d’un attentat dans le but d’identifier le terroriste à l’origine du drame.

Source code partait d’un bon sentiment : le scénario, plutôt alléchant, paraissait suffisamment travaillé pour ne pas tomber dans la caricature extrême du film reposant sur la sublimation d’un personnage héros malgré lui. Si les vingt premières minutes, qui mettent en place avec tranquillité un récit relativement intriguant, semblaient annoncer un film divertissant et réussi (les allers-retours temporels, subis par le spectateur au même titre que le personnage, sont géniaux), on ne peut pas dire que la suite de ce film claustrophobe – l’enfermement d’un homme dans un caisson, dans un train, dans un système – soit autant réussie. Car très vite, le film change radicalement de direction, abandonnant son coté le plus fictionnel pour adopter les facettes du film existentiel et exigeant. La trame du complot tombe alors rapidement à l’eau au profit d’une romance peu crédible : comment sauver un amour impossible, contrarié par un destin déjà écrit ?

Difficile de comprendre un tel choix tant celui-ci relève d’un fatalisme inévitable : l’enlisement de l’intrigue dans un propos faussement philosophique rend ce film pontifiant profondément ennuyeux. Si la volonté de réaliser une prouesse si difficile (dénaturé un film calqué sur une doctrine ayant fait ses preuves) est évidemment à saluer, celle-ci emmêle le fil conducteur de ce récit ambitieux dans des tourbillons de maladresses : Source code est un thriller sans véritables enjeux qui épuise par la lourdeur de son inéluctable classicisme.

Beaucoup trop lisse

En reniant de la plus mauvaise des façons son identité de film conçu pour la plus grande masse – objectif qu’il semblait pleinement assumer dans ses premiers instants –, Source code apparait aussi comme un film baignant dans une approche prosaïque de la mise en scène cinématographique. Satiné au possible, propre dans ses moindres détails – les décors et les personnages sont d’une perfection physique étonnante pour un train de banlieue –, le film de Duncan Jones repose sur une bienfaisance caricaturale de la représentation de ses composantes. A l’image de son introduction qui semble calquée sur celle d’une série télévisée, Source code ne brillera jamais par la crédibilité de son apparence plastifiée, insipide et inodore.

En ce sens, les yeux bleus de Jake Gyllenhaal et le sourire accompli de Michelle Monaghan apparaissent comme les symboles les plus parfaits de cette manipulation du réel – les acteurs n’assurant leur performance que par leur apparence physique des plus stéréotypés. Si Source code n’hésite pas à brasser les genres avec une certaine habilité (thriller, science-fiction), son obsession à travestir le quotidien – quoi de plus quotidien qu’un train de banlieue ? – en fait un film qui transpire le mensonge et la tromperie.
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar Waylander » Jeu 28 Avr 2011, 19:07

Je suis presque d'accord avec toi.
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar cinemarium » Jeu 28 Avr 2011, 19:10

Presque ? :eheh:
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar Logan » Jeu 28 Avr 2011, 19:11

Je suis pas d'accord pour la romance qui prend le pas sur l'intrigue c'est complétement faux, on voit qu'il l'utilise pour amener gentimment la fin mais ça ne remplace jamais l'action principal du film. Après c'est comme les enjeux du film je peux comprendre qu'on aime pas le film mais celui ci est parsemé d'enjeux à divers niveaux que ce soit au niveau du héros ou de façon global.
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar cinemarium » Jeu 28 Avr 2011, 20:06

Logan a écrit:Je suis pas d'accord pour la romance qui prend le pas sur l'intrigue c'est complétement faux, on voit qu'il l'utilise pour amener gentimment la fin mais ça ne remplace jamais l'action principal du film. Après c'est comme les enjeux du film je peux comprendre qu'on aime pas le film mais celui ci est parsemé d'enjeux à divers niveaux que ce soit au niveau du héros ou de façon global.

- Au bout de 40 minutes, le spectateur est déjà informé du "complot" qui se trame dans le dos du soldat. (le fait qu'il soit un soldat "mort" en Afghanistan)
- La bombe est trouvée dès le deuxième voyage (soit 15 minutes)
- Le terroriste est intercepté avec une facilité déconcertante plus de vingt minutes avant la fin du film
- La fin est d'une niaiserie pitoyable et la "révélation" n'en est pas une

La dernière grosse demi-heure ne se résume qu'à un propos faussement humaniste centralisé autour d'une romance terriblement niaise, digne d'une série pour ado: "je veux sauver cette fille parce que je l'aime", doit penser ce pathétique soldat sans âme.
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar zack_ » Sam 30 Avr 2011, 10:14

Moi non plus je suis pas d'accord (ma critique arrive)

La bombe est trouvée dès le deuxième voyage (soit 15 minutes)
Le terroriste est intercepté avec une facilité déconcertante plus de vingt minutes avant la fin du film

C'est ça la force du film, on cherche pas la bombre durant 1h30 mais on dérive sur une histoire annexe avec l'intrigue du soldat dans le caisson. Le réal prend le spectateur à contre pied et n'a laissé aucun indice sur ça dans la promo du film!
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar Milkshake » Sam 30 Avr 2011, 12:00

Pour le coup je pense comme Zack ou Logna la force du film c'est justement de pas tomber dans un thriller pur avec un terroriste le truc qu'on a vu 10 000 fois(rien que la boite qui contient la bombe avec le drapeau américain c'est un beau pied de nez) mais plutôt d'essayer différente piste bon après ça peut être frustrant car il y a plusieurs film en un sans que ça soit jamais vraiment bien développé.
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar cinemarium » Sam 30 Avr 2011, 14:38

Oui, je comprends vos opinions mais je n'arrive pas à les partager.

Bien sûr que le film ne se résume pas qu'à un simple thriller où un gentil soldat doit arrêter un méchant terroriste: le soldat sauveur est lui-même victime d'un système. Mais, comme je l'ai dit, cette "révélation" (le fait qu'il soit la victime d'un complot) est signalée beaucoup trop tôt dans le film. La dernière demi-heure est à mourir d'ennui car il n'y a plus aucuns enjeux: c'est la quête d'un être à la recherche d'un amour impossible. "Je peux la sauver"... c'est d'un tel classicisme ! Les facettes du thriller que le film adoptait dans sa première demi-heure (avec la recherche du terroriste et de la bombe) lui convenaient à merveille. Je ne vois rien d'original à avoir transformer ce récit intriguant en un récit faussement humaniste.
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Tomboy - 8,5/10

Messagepar cinemarium » Sam 30 Avr 2011, 14:41

Tomboy
Un film de Céline Sciamma

8.5/10


Image


Nous sommes embarqués dans une balade. On y perçoit le ciel, des arbres, des parois bétonnées. La vision est floutée. Soudain, un visage, celui d’une jeune fille aux cheveux courts, apparait au centre de l’écran. Elle se dandine, yeux fermés, au gré du vent et des mouvements. Puis une voie, celle de son père, brise le silence. Dès les premiers instants, le propos est ainsi abordé explicitement: ce sera l’univers familial qui permettra de rétablir la vérité. Car Laure, ce garçon manqué qui vient d’emménager avec sa famille dans une nouvelle ville, va se présenter à ses nouveaux amis sous le prénom de Michael. Changer son sexe parait l’option la plus radicale pour changer d’identité. Mais les joies du mensonge et du travestissement vont inévitablement disparaitre au profit de la dureté d’un monde glacé et méprisant.

Film à la recherche des sentiments et de l’acceptation, Tomboy aborde avec une légèreté remarquable le délicat sujet de l’identité sexuelle. Personnage entre deux âges, la petite Laure est filmée comme un objet de convoitise par la cinéaste française Céline Sciamma, qui avoue percevoir en l’enfance un immense terrain de jeux mystérieux. Parmi les nombreuses énigmes de ce film singulier, une restera sans réponse: pourquoi Laure se fait-elle passer pour un garçon ? Le film ne veut pas poser de réponses instantanées ni universelles, mais tente plutôt de proposer au spectateur divers éléments de réflexion : Tomboy est un agitateur d’émotions qui caresse d’un regard neutre et objectif une situation moins dramatique qu’existentielle – qu’y a-t-il de plus étonnant que le refus de sa propre nature ? Mais c’est surtout grâce à une démarche dénuée de tout providentialisme que Tomboy parvient à convaincre. En misant sur une approche brute et épurée de la mise en scène, Céline Sciamma parvient à entretenir une certaine complicité entre le spectateur et le personnage principal. Car l’intimité de la jeune fillette est filmée comme dans un documentaire : les non-dits sont puissants et les paroles sont naturelles. A de nombreux moments, Laure aura la possibilité de révéler son lourd secret : cette mise en suspens du temps, qui met le spectateur dans l’attente de la fameuse révélation, permet de dynamiser de la plus intelligente des manières ce film doux et normalisé.

C’est aussi en jouant sur la puissance du paraitre dans nos sociétés contemporaines que le film réussi à établir l’esquisse d’un propos sociologique. Car, de manière paradoxale, ce sera le corps de Laure, vierge de toutes mutations, qui va lui permettre de maintenir son secret dans la plus profonde des tranquillités. Seul un après-midi à la plage lui imposera d’user d’une illusion physique (la nécessité d’imiter une forme phallique dans son maillot de bain). D’ailleurs, les jeux très physiques qui y seront pratiqués ne permettront pas non plus de dévoiler la véritable identité de la jeune fille, qui jouera à armes égales avec les garçons de son âge. De plus, en posant les contours d’une histoire d’amour enfantine mais sincère (une jeune fille tombe amoureuse de Laure), le film nous rappel que la contrainte de ce travestissement est moins naturelle que sociale : l’habit, la chevelure et le prénom – qui relève de notre existence et non de notre essence – semblent déterminer notre attirance sexuelle. Seule une incapacité technique provoquée par une rentrée des classes imminente (comment mentir sur son nom et sur son âge à l’école ?) va imposer à la fillette de dévoiler sa cachotterie.

Tomboy est enfin un film qui regorge de dualités. Au-delà de l’inévitable double personnalité du personnage principal, le contraste le plus évident est bien entendu celui entre l’intérieur et l’extérieur qui frappe autant par son opposition visuelle – plans serrés, plans larges – que par son opposition sociologique – le monde adulte réel, le monde enfantin imaginaire. En ce sens, Tomboy apparait comme un véritable conte réaliste, qui fait de la superposition d’une multitude de sociétés sa principale matière. C’est un film qui marque autant par le visage angélique de son actrice que par la qualité intrinsèque de son traitement dénué de toutes perversions.
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar francesco34 » Sam 30 Avr 2011, 16:14

:super:
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar Criminale » Dim 01 Mai 2011, 22:58

Ça serait cool Cinémarium que tu postes tes notes des films sortis en 2011 dans ce topic Classement ciné 2011 car tes notes de Fighter et Tomboy par exemple peuvent rendre le classement plus représentatif. Merci :wink:
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar cinemarium » Dim 15 Mai 2011, 09:47

Criminale a écrit:Ça serait cool Cinémarium que tu postes tes notes des films sortis en 2011 dans ce topic Classement ciné 2011 car tes notes de Fighter et Tomboy par exemple peuvent rendre le classement plus représentatif. Merci :wink:


Ok je fais ça tout de suite
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Minuit à Paris - 6/10

Messagepar cinemarium » Dim 15 Mai 2011, 09:49

Minuit à Paris
Un film de Woody Allen

6/10


Image


S’il s’affirme, avec une certaine hypocrisie, comme un farouche opposant à toute idée de compétition cinématographique, Woody Allen parvient toujours à présenter son film du moment au Festival de Cannes, à tel point que le réalisateur new yorkais apparait comme l’une de ses mascottes les plus intemporelles. Dans son imposante filmographie, neuf de ses films furent en effet projetés sur la Croisette et l’année 2011 ne vient pas déroger à cette fameuse habitude. Malheureusement peopolisé par la présence surestimée de la première dame de France, Minuit à Paris se présente comme une comédie romantique légère, surement simpliste mais néanmoins parfaitement emmenée par un traitement des plus convaincants. C’est finalement un film qui, en reposant sur la mouvance d’une vision autant édulcorée que comique de la capitale, parvient à convaincre dans la plus grande des tranquillités.

Un film fantasmatique
En voyage à Paris, un jeune couple américain, composé de Gil et de la charmante Inez, se détend au gré de sorties culturelles et culinaires. Saisi par l’écriture de son nouveau roman, Gil tombe littéralement sous le charme de la ville lumière qui va lui offrir une source d’inspiration qu’il n’était pas près d’imaginer : tous les soirs, à minuit, le jeune américain se retrouve transporté dans le Paris des années 20, en compagnie d’artistes tel qu’Ernest Hemingway, Pablo Picasso ou encore Scott Fitzgerald.

Le film est né d’une idée que l’on pourrait qualifier, au choix, de mégalomaniaque – présenter de manière certaine une partie de l’histoire de la capitale française –, ou de foncièrement originale – choisir l’humour et la franche bêtise pour accoucher d’un message universel. Car, tout en reposant sur une intrigue purement allenienne – le désir d’évasion de misérables bourgeois –, le scénario de Minuit à Paris parvient à produire une sensation de fraicheur assez réjouissante, surtout en le comparant à ceux des derniers films du cinéaste. Il faut dire que celui-ci repose sur une écriture des plus abouties, qui fait de l’équilibre de ses différentes composantes (la retranscription historique, les jeux de la séduction, la personnification d’une ville, la quête identitaire) son principal fil conducteur. Ce mélange de teintes, qui allient réalisme et humour clairement potache et auto-dérisoire (difficile de ne pas voir en Gil le propre reflet de Woody Allen), fait du film un concentré de vitalité respirant la sympathie et la passion.

A l’image du moyen par lequel Gil voyage dans le temps (en entrant dans une Peugeot d’époque), le film joue de ses innombrables clichés pour transporter le spectateur dans un monde des plus improbables. En ce sens, les premières minutes traduisent parfaitement cette constatation – tous les stéréotypes de la capitale y étant abordés de manière éhontée : les serveurs de bistrot à l’allure d’époque, les tableaux de Monet, les Champs Elysées et le Moulin Rouge éclatants, ou encore les touristes américains achetant des produits Dior. Ce besoin d’identification à une représentation de Paris qui relève finalement du rêve – voire du fantasme – colle néanmoins parfaitement au propos léger du film, qui apparait inévitablement comme est déclaration d’amour d’un personnage qui ne manque de fantaisie pour la faire. Film carte postale à la croisée des destins et situations, Minuit à Paris assume pleinement son caractère dithyrambique envers la capitale pour accoucher d’une morale assez pauvre – on ne profite pas assez de l’instant présent – mais qui reste dans la lignée globale de l’œuvre du cinéaste.

Signé Woody Allen
On pourrait presque désigner le film comme le fruit d’une acculturation. Car en dépit d’une volonté clairement naïve d’apporter une dose de sincérité par la présence de personnalités françaises – Marion Cotillard, Léa Seydou, Gad Elmaleh et bien sûr Carla Bruni –, le film reste une parodie peut-être trop assumée de la société française. En ce sens, la vision abordée apparait, à l’image de l’ensemble de l’œuvre du réalisateur, comme clairement réductrice et particulièrement arrogante : Paris représente la France dans son ensemble et seuls les artistes - donc Woody Allen fait partie - font le monde d’aujourd’hui (argument déjà explicitement avancé dans Vicky Christina Barcelona).

De plus, il est regrettable que l’audace de ce scénario original chavire dans une répétition particulièrement maladroite de certains de ses effets comiques. Etait-il ainsi nécessaire de multiplier jusqu’au possible les rencontres hasardeuses entre Gil et les artistes d’époque ? Certainement pas, tant le rire laissera place à une inéluctable lassitude (la séquence avec Dali, incroyablement ratée, en est l’exemple le plus frappant). Certaines situations déjà connues et traitées par le cinéaste (l’ami pédant du couple ressemble à s’y méprendre au personnage de Boris dans Whatever Works) nous rappel que Minuit à Paris apparait finalement comme un film efficace mais malheureusement peu surprenant.
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Tree of Life (The) - 6,5/10

Messagepar cinemarium » Mar 17 Mai 2011, 18:28

The Tree of Life
Un film de Terrence Malick

6.5/10


Image


Véritable arlésienne du septième art, The Tree of Life figurait parmi les films les plus attendus de l’année. Ou plutôt des dernières années, une première sortie du film étant en effet prévue pour la fin de l’année 2009. Celui-ci avait par la suite raté le Festival de Cannes 2010 alors que sa présence ne faisait guère de doute. Mais l’incroyable attente atour de The Tree of Life ne relevait pas uniquement de son caractère imprévisible, elle était tout d’abord le signe d’une impatience envers un artiste unanimement reconnu qui, en l’espace de quarante ans et de quatre films, avait réussi à atteindre le statut de cinéaste culte : Terrence Malick fait partie de ces réalisateurs dont la sortie d’un film représente toujours un évènement cinéphilique mondial. Amorcé d’une magnifique bande-annonce, le film jugé chef d’œuvre parmi les chefs d’œuvre est donc enfin sorti.

Une histoire d’existences
Le jeune Jack grandit, avec ses deux frères, entre la gentillesse de sa mère et la dureté de son père méprisant. Jusqu’au jour où un terrible évènement va venir contrarier la tranquille existence de la famille.

Il est étrange de voir en The Tree of Life une version modernisée de 2001, l’Odyssée de l’espace, alors que la notion d’espace-temps devrait disparaitre au profit d’une vision intemporelle du propos filmé – chose que le film de Kubrick était parvenu à assurer avec la plus grande des maitrises. Car l’embronchement de son fil conducteur dans de nombreuses failles temporelles, qui pourraient se décomposer en quatre parties clairement distinctes (la création du monde, les années 50, le monde contemporain, la Fin des temps), lui donne un propos qui parait au premier abord universel : en conceptualisant les idées de Naissance et de Mort, celui-ci dicte un inéluctable paradigme. Néanmoins, l’écrasement de l’individu au bénéfice d’une conception sublimée de l’espace – et plus généralement du ciel et de la hauteur – montre que Terrence Malick dispose d’une perception du monde inévitablement théologique - en plus d’être, de manière assez paradoxale, évolutionniste. Les incessants rappels au Créateur confortent ce drôle de ressenti, alors que la mise à l’épreuve de la famille face à la mort n’est finalement que peu traitée en soi – mais parvient à justifier l’ensemble du film.

Si la création de l’univers donne au film ses plus belles lettres de noblesse – la musique classique qui accompagne ces séquences est grandiose –, l’analogie qui est faite entre celle-ci et l’existence de cette famille américaine parvient à créer un sentiment d’exceptionnelle majesté. Les nombreux effets de style qui en découlent (principalement des rappels visuels) soulignent alors toute la technicité et la capacité créatrice du réalisateur américain qui parait être le seul à pouvoir produire de telles images : comme à son habitude, Terrence Malick a fait de son film une œuvre avant tout sensorielle, où chaque élément occupe une place prédominante dans la composition de l’image. Cette réalisation léchée, qui se présente comme unificatrice, renforce le caractère mystique de l’objet cinématographique que représente The Tree of Life : la musique classique et l’omniprésence de paroles bibliques donnent un sens profondément panthéiste au message du film. En ce sens, et en dépit d’une approche prosaïque, le film ne se veut nullement humaniste.

Ambitieux mais déséquilibré

La naïveté et l’extrême-répétition de propos religieux narrés tout au long du déroulement donnent malheureusement à The Tree of Life un coté faussement moraliste. Cette utilisation extrêmement maladroite et redondante de la voix-off confère en effet au film l’idée qu’il s’agit d’une œuvre pontifiante qui se voudrait l’incarnation de la justesse : il en ressort une apologie du mysticisme assez hors de propos. La mise en perspective de l’infiniment grand dans l’infiniment petit – et inversement – parvient néanmoins à établir l’esquisse d’un intelligent propos global qui voudrait que l’existence des hommes soit liée à celle de la Nature.

En ne se résumant qu’à une vision nihiliste du souvenir humain, les séquences représentant le monde contemporain – celles où Jack est adulte – paraissent particulièrement ratées. Ces dernières ne s’apparentent en effet qu’à une obsession d’images à la matière moderne et à la symbolique simpliste. La décomposition de l’espace en divers niveaux de splendeur, associée à la maladresse d’un propos hautement abstrait, casse l’équilibre dont jouissait ce véritable poème cosmique en lui donnant l’impression de souffrir d’un manque flagrant de véracité. Surement victime d’un montage inévitable (la version originale du film durait plus de 3h30), Sean Penn souffre de sa présence lourde, instable et peu évidente.

Cette dernière partie – qui se retrouve aussi au début – souligne alors de la plus évidente des manières la surcharge de thèmes dont souffre The Tree of Life. En traitant avec un éloignement fatal d’une multitude de sujets (le rapport au Bien et au Mal, de l’Homme à Dieu, le sens de l’existence, la rédemption, le pardon, la relation enfant-adulte, l’environnement de l’Homme, la violence, la quête identitaire, etc.), Malick est tombé dans le piège du film polymorphe incontrôlé : son film est un melting-pot prétentieux d’idées à la fraicheur clairement dépassée.

Il est probable que la grâce dont jouit le film n’atteigne son apogée qu’avec les années. Tout comme il parait évident que les têtes d’affiche que sont Sean Penn et Brad Pitt vont attirer un public qui n’est pas celui du film. Mais on ne peut nier que The Tree of Life, film courageux et ambitieux, souffre d’une grandiloquence nettement trop assumée pour réellement convaincre.
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar Jeff Buckley » Mer 18 Mai 2011, 11:10

dans tes dents :mrgreen:
dunandan a écrit: Puis j'oubliais de dire que Logan me faisait penser à Burton avec sa méchanceté légendaire concernant certains films/réalisateurs/acteurs
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