[cinemarium] Mes critiques en 2011

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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar Scalp » Mer 20 Avr 2011, 13:39

Dispo en blu ray aussi, on remarquera une fois de plus le subtile retitrage anglais pour essayer de faire passer le film pour un slasher pour ado.
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar Heatmann » Mer 20 Avr 2011, 13:47

:eheh:

ouai pas faut ! en uk il a conserver sont titre original , et je le connaissait pas , c est juste que dans la partie review des dvd dans Empire le mois dernier il a recut une super critique allechante, du coup je l ai pris
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar cinemarium » Mer 20 Avr 2011, 15:24

@Heatmann
C'est un film à voir, sans aucun doute. Je pense que tu vas te régaler ! C'est clair que le titre "français" est assez risible...

nicofromtheblock a écrit:Il sort déjà le 3 mai ?
Je vais peut-être attendre sa sortie pour le regarder alors.


Oui, comme le signale Scalp, le film sort en DVD et Bluray le 3 mai 2011. Je n'ai pas eu sous la main la version bluray, mais la version DVD FR est très décevante. Contrairement au film.
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2001 l'odyssée de l'espace - 10/10

Messagepar cinemarium » Jeu 21 Avr 2011, 16:23

2001, l'Odyssée de l'espace
Un film de Stanley Kubrick

10/10


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Écrire sur un film comme 2001, l’Odyssée de l’espace n’est pas une mince affaire. Œuvre intemporelle par excellence, incroyablement avant-gardiste mais reflet d’une époque au contexte particulier, le film de Stanley Kubrick est incontestablement une œuvre majeure du septième art : il aura bâti les fondations d’un nouveau cinéma désormais constamment imité – que ce soit en matière de science-fiction, d’effets spéciaux ou d’approche théorique. 2001, l'Odyssée de l'espace est à la fois le symbole d’un Hollywood victorieux et le déploiement d’une méthode anti-conventionnelle bâtissant un récit autour d’un concept abstrait et philosophique. Dorénavant, il y aura un avant et un après 2001, l’Odyssée de l’espace : son génie aura fait entrer le cinéma dans une nouvelle ère.

Conceptualiser l’existence humaine
Décomposé en quatre parties clairement distinctes, 2001, l’Odyssée de l’espace est une vision globale de l’humanité reposant sur une intrigue qui ne sert finalement qu’à justifier une réflexion que l’on pourrait clairement qualifier de philosophique. Alors que l’homme découvrait l’outil il y a plusieurs milliers d’années, le voici désormais lancer dans la conquête de l’espace, lieu reposant sur des lois qu’il ne contrôle pas. Dans sa quête de grandeur, l’être humain sera confronté à la découverte d’un mystérieux monolithe, haut de plusieurs mètres et d’une couleur noire glaciale.

Comme la plupart des films de son réalisateur, 2001, l’Odyssée de l’espace propose une vision particulièrement pessimiste de l’humanité. Présenté dans son ensemble – de sa naissance il y a plusieurs milliers d’années à son inévitable extinction – l’être humain est conceptualisé par Kubrick comme une entité hétérogène, à géométrie variable en fonction du cadre dans lequel il évolue. Si les quinze premières minutes, qui présentent une meute de primates découvrant les joies de l’outillage, pourraient apparaitre comme un miroir de la nature humaine – la violence, l’esprit d’équipe, la compétition –, la seconde et troisième partie du film misent avant tout sur une lucide projection de nos existences futures. Confronté à la domination de ses propres outils, l’homme doit réapprendre à marcher, à faire ses besoins, à manger : la conquête spatiale redéfinit sa nature dans sa plus profonde définition. A l’image cette scène où un homme, soumis à l’apesanteur, n’arrive plus à attraper un vulgaire stylo, l’évolution et le progrès technique qui en découle propulsent paradoxalement l’être humain dans une chute infernale et inéluctable.

L'opposition créée par le choc visuel de la première partie et de celles qui la suivent permet à Kubrick d’établir des réflexions contrastées, jamais définitives. En découvrant l’outil, le primate en ressort grandi – la contre-plongée géniale en accentue le constat [1] – et civilisé : sa conscience est née en même temps que son avenir. Le primate est devenu Homme qui pense, Homme qui parle, Homme qui domine – dans sa définition, l’Homme est un être faisant deux avec la Nature. Néanmoins, cette découverte fera de lui un être sensible et dépendant : projeté plusieurs milliers d’années plus tard au détour d’un fondu enchainé magistral [2], le spectateur ne peut qu’accuser le choc en observant que la civilisation a plongé notre espèce dans une folie des plus incontrôlables. Les vaisseaux spatiaux ont une forme étrangement humaine et semblent valser sur des airs de musiques classiques tandis que l’homme est contraint de vivre loin de son environnement, tel un poisson hors de l’eau.

Ce fatalisme créé par le caractère paradoxal de l’outil – la naissance, la mort – atteint son paroxysme dans la troisième partie du film, où une nouvelle forme de vie apparait : l’Intelligence Artificielle. L’ordinateur HAL 9000, qui parle et se comporte comme n’importe quel être humain, est la représentation la plus développée de ce que l’homme est parvenu à créer : celui-ci à transcender les règles de l’entendement en devenant littéralement dépendant de sa Création – HAL 9000 contrôle les déplacements du vaisseau spatial, et donc la vie de ses occupants. Cette forte critique de l’avenir technicien de l’homme permet d’établir les contours d’un nouveau type de cinéma : 2001, l’Odyssée de l’espace est en effet un film hautement polymorphe, qui oscille entre science-fiction, thriller spatial, film expérimental – sa dernière partie, apothéose physique et morale d’un voyage de plusieurs millénaires – et film d’anticipation.

Un film gigantesque
S’il dispose clairement d’un message autant universel que personnel, 2001, l’Odyssée de l’espace apparait aussi comme le début d’un nouveau cycle pour son cinéaste. Rompant avec ses précédents longs-métrages, Kubrick impose avec son film une nouvelle ligne directrice qui influera l’ensemble de ses futures œuvres. Le parallélisme de l’image, l’obsession du mouvement circulaire ou l’omniprésence des musiques – qui contrôlent littéralement l’écran – sont des éléments qui singularisent profondément 2001, l’Odyssée de l’espace, en faisant un film unique au caractère très Kubrickien. L’audace des effets spéciaux coupe le souffle et, encore aujourd’hui, certaines séquences étonnent par leur technicité.

En ce sens, le film fait preuve d’une incroyable maitrise technique tant le défi imposé par le scénario est permanent : nous sommes en 1968 – soit un an avant le premier pas de l’homme sur la Lune –, le monde est en pleine guerre froide et la conquête spatiale est devenue un enjeu géopolitique de premier plan. Pour faire face à des besoins énormes, l’équipe du film a directement fait appel à la NASA pour élaborer les maquettes des vaisseaux spatiaux, leurs intérieurs ainsi que les costumes. Le constant est édifiant : plus de quarante après sa sortie, le film est d’un modernisme bluffant, voire incroyable : 2001, l’Odyssée de l’espace a fait du temps son allié ; c’est un film qui a contourné les codes d’une industrie pour définitivement faire du cinéma un art majeur au même titre que la peinture, la littérature ou la musique.
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar Waylander » Jeu 21 Avr 2011, 17:02

:super:
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar Alegas » Jeu 21 Avr 2011, 22:16

Cinemarium, je t'aime.
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar cinemarium » Dim 24 Avr 2011, 16:32

Alegas a écrit:Cinemarium, je t'aime.


Merci pour cette déclaration :mrgreen:
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Fighter (The) - 8,5/10

Messagepar cinemarium » Dim 24 Avr 2011, 16:35

Fighter
Un film de David O. Russell

8.5/10


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Au même titre que le western ou le film de gangsters, le film de boxe apparait comme un genre purement hollywoodien, incessamment traité par une industrie qui semble prendre un plaisir indéniable à en retracer les romances, qu’elles soient dramatiques, comiques ou fantasmatiques. Des films comme Les lumières de la ville (1931) de Charlie Chaplin, Rocky (1976) de Sylvester Stallone, Raging bull (1980) de Martin Scorsese ou, plus récemment, Million dollar baby (2004) de Clint Eastwood confirment l’idée que la boxe est un élément cinématographique à part entière disposant d’une profondeur certaine et d’une complexité qui lui est propre. Dans ce contexte, Fighter étonne par sa qualité formelle assez réjouissante et parvient à renouveler un genre déjà traité maintes et maintes fois. Incontestablement, il s’agit d’un film puissant, maitrisé et bâti sur une écriture aboutie.

Une histoire empathique
A l’image de nombre de films du genre, Fighter retrace une histoire vraie, celle Micky Ward, boxeur âgé d’une trentaine d’année qui arrive à un tournant décisif de sa carrière. Entrainé depuis toujours par son frère ainé Dicky, ex-légende du combat devenu toxicomane, Micky va devoir ériger son propre chemin afin d’atteindre les sommets de la notoriété. Sa quête personnelle va se confronter à l’ambition de toute une famille, et le boxeur devra faire des choix déterminants pour définitivement propulser une carrière qui stagne depuis plusieurs années.

La grande force du film est de présenter une multitude de portraits au sein d’une même situation. Si l’épicentre de ce récit complexe repose évidemment sur le personnage de Micky, incarné par un Mark Wahlberg étonnant de crédibilité, les personnages environnants occupent une place prépondérante dans l’évolution du fil narratif. Cette multiplicité des points de vue est d’autant plus efficace que le film est construit sur un équilibre irréprochable, faisant de chacun des protagonistes de cette romance un élément essentiel du scénario. Si la mère et les sœurs du boxeur disposent de personnalités atypiques mais convergentes – nerveuses et physiquement repoussantes –, le véritable point d’ancrage du film repose sur le duo que forme Micky et Dicky, deux frères que tout semble opposer : physiquement tout d’abord (l’un est maigre, l’autre musclé), mentalement (l’un est nerveux, l’autre posé) et moralement (l’un se drogue, l’autre dispose d’une hygiène de vie très disciplinée). Ce contraste caricatural n’est d’ailleurs pas limité à ces deux personnages : Charlene, une jeune fille que Micky vient de rencontrer, affiche une dextérité étonnante comparée à celle de sa belle-famille. Ce florilège de contradictions et d’oppositions, source inévitable de futurs conflits, fait baigner le film dans une amertume profonde, qui prend racine dans un fatalisme irréfutable : Micky a besoin de son frère, mais ce dernier reste la principale cause de ses échecs.

Fighter est donc un film basé sur les relations humaines, et non directement sur la boxe. C’est aussi ce qui fait tout son charme, car la sincérité qui découle de son propos est indéniable et, associée à un réalisme de premier plan, cette dernière donne au film une puissance émotionnelle inévitable. En ce sens, le schéma narratif se veut très empathique : le spectateur assiste impuissant à l’éclatement émouvant d’un lien familial fort mais impuissant. Surtout, il vit cette situation difficile avec une intimité troublante, voire culpabilisante : l’amour de Dicky envers son frère est tellement fort que l’échec de leur association parait improbable et terriblement injuste.

Filmé comme un documentaire
Au-delà du fait qu’il est un film qui étonne par le traitement de son intrigue, Fighter prouve aussi qu’Hollywood peut parvenir à imposer des méthodes cinématographiques intelligentes, basées sur une approche très méthodique du propos filmé. S’agissant d’une histoire vraie, David O. Russell a eu l’intelligence de privilégier une caméra très intimiste, dévoilant sans pudeur et avec une classe certaine chacune des situations présentées. Tel un documentariste, le réalisateur suit les mouvements de ses acteurs avec une complicité épatante. Cette constatation n’est d’ailleurs pas étonnante, dans le sens où le cinéaste a déjà réalisé de véritables documentaires, notamment Soldiers Pay en 2004. La consécration de cette représentation fidèle de la réalité reste sans contexte la performance magistrale de Christian Bale, qui incarne avec une exactitude véritablement époustouflante le personnage de Dicky – ce qui lui a valu l’Oscar mérité de meilleur second rôle. Pour son personnage, l’acteur a perdu un nombre impressionnant de kilos, rendant son apparence terriblement repoussante de maigreur. Une performance qui rappel évidemment celle déjà effectuée par l’acteur en 2003 pour The machinist de Brad Anderson.

Il est aussi intéressant de voir en Fighter une analyse de nos sociétés envahies par les caméras. Dès les premiers instants, le film se pose étonnamment en un metafilm présentant le tournage d’un documentaire sur les déboires de Dicky réalisé par la HBO – chaine de télévision américaine. L’enjeu dramatique qui en résulte conforte l’idée que Fighter se présente aussi comme un film intelligent qui parvient à déposer un regard critique sur sa propre nature. Le choix de filmer les scènes de boxe, rythmées par des commentaires en voix-off, d’une façon purement télévisuelle renforce un peu plus ce constat. Si ces scènes de combat sont relativement ratées – le rythme ainsi que les coups sonnent faux –, Fighter se dessine néanmoins comme l’exemple parfait du film hollywoodien réussi, risqué mais inévitablement idéal : c’est le paradigme de l’Entertainment dans sa plus belle apparence, qui donne enfin la parole à des personnages travaillés et à une intrigue réussie.
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar jean-michel » Dim 24 Avr 2011, 18:23

2001, l'Odyssée de l'espace
Un film de Stanley Kubrick

10/10

c'est parfait! je t'aime aussi! :eheh: :mrgreen: :love: :super:
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar cinemarium » Lun 25 Avr 2011, 10:35

jean-michel a écrit:2001, l'Odyssée de l'espace
Un film de Stanley Kubrick

10/10

c'est parfait! je t'aime aussi! :eheh: :mrgreen: :love: :super:


8)
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Incendies - 8/10

Messagepar cinemarium » Lun 25 Avr 2011, 10:39

Incendies
Un film de Denis Villeneuve

8/10


Image


C’est un drame familial dur mais puissant. On y côtoie des personnages qui brûlent sous le feu du destin et de l’existence : Incendies est une tragédie en plusieurs actes où chacune des scènes disposent d’un enjeu majeur. En adaptant la pièce de théâtre éponyme de Wajdi Mouawad, le réalisateur québécois Denis Villeneuve s’offre un terrain de jeu immense : géographiquement tout d’abord (on passe sans transition du Canada au Moyen-Orient), chronologiquement ensuite (sous la forme d’allers-retours temporels incessants) puis psychologiquement (on y côtoie des viols, meurtres, massacres et retrouvailles). Il faut dire que le récit était d’une complexité exigeante : à la lecture du testament de leur mère, Jeanne et Simon (des jumeaux) découvrent - enfin - qu’ils disposent d’un père mais aussi d’un frère caché, à qui ils doivent remettre une mystérieuse enveloppe. Récit historique, récit familial, récit fantomatique à la recherche des morts et des apparences, Incendies brille par l’équilibre de ses multiples propos et par une méthode théâtrale qui analyse l’Histoire dans sa vision la plus globale. Une réussite éloquente, qui nous rappel que cette dernière est d’abord faite par ceux qui la vivent.

Incendies est le récit d’une quête existentielle qui va mener les jumeaux québécois que sont Jeanne et Simon dans des tourbillons de douleurs et de malheurs, rendus nécessaires par la volonté de leur défunte mère : les révélations y seront bouleversantes et profondément pathétiques. Car en partant à la recherche de personnes qui ne sont ni mortes ni réellement vivantes, les orphelins vont devoir marcher sur les chemins empruntés des décennies auparavant par leur mère, dans un Moyen-Orient décimé par la guerre et les conflits ethno-religieux. C’est donc par la recherche du passé que les deux jeunes canadiens vont découvrir la cause et la nature de leur existence. En ce sens, le film baigne incessamment dans une amertume inéluctable : l’ancrage d’éléments passés – et donc définitivement produis – dans nos vies futures rend nos choix moins porteurs et donc moins décisifs.

Ce récit aux multiples embronchements et aux différents points de vue puise sa plus grande force dans l’équilibre magistral dont fait preuve son fil conducteur. Car en choisissant de sectionner son scénario en différentes parties (différents lieux, personnages et époques) de manière très méthodique – les évènements sont annoncés par de gros titres envahissant l’écran –, Denis Villeneuve a peut-être fait preuve d’une certaine facilité mais néanmoins d’une intelligence indéniable : jamais perdu dans les liaisons conflictuelles dont souffrent généralement les films de ce genre, Incendies tient son spectateur par la main pour l’emmener dans les plus bas-fonds du comportement humain soumis au despotisme du pouvoir religieux ou politique. Cette accessoirisation de la mise en scène prend un sens profondément dramatique dans ses derniers moments, où le titre du film apparait enfin pour clore, de façon très théâtrale, un voyage de plusieurs décennies. Le croisement des portraits – permis par la superposition des différentes situations – fait d’Incendies un film très intimiste, exposant ses protagonistes dans leur plus profonde familiarité : le spectateur apprend en temps réel les révélations que font chacun des personnages et en devient alors, à son tour, une victime. Cette complicité rend le film d’autant plus émouvant que les images présentées à l’écran sont d’une indéniable beauté, puisant toute leur force dans une photographie majestueuse – les paysages, sublimes – et dans une technicité remarquable – les contre-champs ravageurs.

En plus d’être cinématographiquement réussi, Incendies pourrait représenter l’archétype parfait du film historique destiné à un public averti et curieux. S’il ne détaille peut-être pas assez les évènements qu’il décrit – le conflit religieux explicite mais paradoxalement ignoré –, le film possède néanmoins la force imprescriptible du genre réaliste et dramatique auquel il appartient : il prouve, d’une manière fatale mais majestueuse, que l’ancrage d’une terrible réalité historique dans nos existences actuelles reste indemne.
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar Alegas » Lun 25 Avr 2011, 11:39

LA grosse surprise de ce début d'année. :super:
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar osorojo » Lun 25 Avr 2011, 11:56

Ca me bote bien ce film ! Est-ce que c'est facilement compréhensible niveau dialogue ? Parce qu'hier j'me suis maté j'ai tué ma mère et y a des passages, faut s'accrocher.
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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar Alegas » Lun 25 Avr 2011, 12:04

Y'a finalement que peu de dialogues québécois dans Incendies et je les ai tous trouvés facilement compréhensible.
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."

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Re: [cinemarium] Mes critiques en 2011

Messagepar osorojo » Lun 25 Avr 2011, 12:06

Ok, merci pour l'info ;)
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