La Forteresse Cachée Akira Kurosawa - 1958
C'est de notoriété public que ce film a inspiré un certain barbu pour des films avec des jedi, le gros barbu allant même jusqu'à reprendre des séquences du film.
Bon bein comme toujours avec Kuro, c'est beaucoup trop long, 2h20 ici, bon on souffre nettement moins que devant un Ran et un Kagemusha car ici y a un vrai souffle épique et pas mal d'humour alors que bon les autres films ça reste des gus en pyjama qui dissertent sur qui va être le boss, en fait ici c'est un peu une version parodique de ses futurs films, mais Kurosawa traite ça avec tout le sérieux qu'on lui connait du coup jamais ça tourne à la gaudriole toute relou.
Kuro prend le temps de poser son intrigue ( plus de 45 minutes pour que les premiers enjeux soient réellement fixés ), un peu déçu par le climax final, faut dire que Kuro a placé la barre tellement haut en milieu de métrage avec le duel entre les 2 généraux que forcément la fin ne pouvait être que décevante et là en plus d'être déçu j'ai même trouvé cette fin un peu facile et fainéante, c'est toujours embêtant quand la dernière impression d'un film est bof.
Enfin tout le reste c'est quand même la classe, utilisation du scope à tomber ( premier film où il l'utilise d'ailleurs et même une grande première pour un film japonais ), ça change tout de suite, pas besoin de disserter des heures, le scope c'est LE cinéma.
Un pur film d'aventure épique et drôle où les péripéties s'enchainent régulièrement, c'est du pur road movie ( et c'est plutôt spectaculaire, à part la fin Kuro ne fait jamais dans la demi mesure ) et pour du Jidai Geki ( oui c'est le nom savant du genre ) c'est du script vraiment allégé avec juste 2 clans qui se foute sur la gueule et c'est pas plus mal car les intrigues à base de 72 persos c'est quand même relou à la longue, ici pas besoin de réfléchir à qui est qui. L'intrigue est simple, faut aller du point A au point B sans se faire attraper.
Dans l'esprit on est devant une version légère du Trésor de la Siera Madre, sauf qu'ici les 2 persos n'apprendront rien de leurs erreurs et resteront à jamais des figures comiques. C'est 2 persos dont la cupidité leur fera toujours prendre la mauvaise décision. Mifune est là pour la partie sérieuse, il campe un samourai légendaire, là pour défendre quoiqu'il arrive la princesse grande gueule. C'est surtout le début de l'histoire qui est drôle après les interactions entre les 4 personnages font que ça devient plus sérieux (y a quand même un coté grave avec la soeur de la princesse qui a été envoyé se faire décapiter à sa place). Et puis Kurosawa oblige on est encore en plein humanisme avec des personnages qui apprendront à se faire confiance alors qu'ils sont complétement différent.
La réalisation en scope de Kuro est donc de toute beauté et il sort 2 scènes réellement marquante : une bref course poursuite à cheval réellement bluffante où tout le talent de Kurosawa rend la scène vraiment efficace et il y a bien entendu ce long duel à la lance ou le montage est vraiment parfait ( ça alterne avec brio plan séquence et plan serré ), j'ai bien aimé aussi la séquence d'évasion de la prison au début avec un nombre incroyable de figurants dévalant un escalier ( séquence qui comme dans les Incorruptibles cite Cuirassé Potemkine ) et la danse du feu.
Kurosawa a toujours aimé composé des tableaux (c'est le seul truc que je retiens des chiantissime Ran et Kagemusha d'ailleurs) et ici s'en est encore blindé, entre la sortie du brouillard du début de film, le premier plan de Mifune en haut de la montagne
Les 2 paysans ( Chiaki Minoru et Fujiwara Kamatari ) couards et cupides qui attirent les ennuis tels des aimants sont tout bonnement excellent ( ça faisait longtemps que j'avais pas autant rit devant un film d'aventure et vraiment chacune de leurs bêtises est un pur régal, l'appât du gain les poussant vraiment à faire tout et n'importe quoi entre trahison, dispute, mauvaise rencontre y a de quoi faire ), pourtant c'est le genre de rôle qui peut vite me souler et là les 2 acteurs sont vraiment bon et convaincant et on s'attache à eux, le film épouse leur point de vu, c'est finalement rare d'être du coté du petit peuple dans ce genre de film. L'actrice qui joue la princesse est vraiment parfaite ( elle a un coté Mifune au féminin un peu, femme forte vraiment surprenante pour l'époque ) et puis il y a Toshiro Mifune qui campe le général Makabe Rokurota monstre de charisme, ses premières scènes où il ne parle presque pas et s'impose juste par sa stature c'est juste ultime ( et pourtant c'est pas facile de jouer un gars en slip et d'être génial, certains ont tenté et on se fout encore de leur gueule, n'es ce pas Sean Connery ), et puis une performance de Mifune sans qu'il cabotine c'est toujours bon à prendre (même ça me dérange pas quand il le fait, il est meilleur quand il est sobre).
La BO est moyenne, on y retrouve notamment le morceau utilisé par Wild Side pour sa collection introuvable et il revient à toutes les sauces.
Je commence à avoir vu et revu pas mal de Kurosawa et celui là reste un des mes préférés, un des seuls qui supporte une seconde vision en tout cas, du bon divertissement et finalement tout en restant complétement japonais c'est peut être le Kurosawa le plus accessible, un grand film populaire, thématiquement moins profond que pleins de films de sa filmo il en reste aussi beaucoup moins chiant que ces films profond.
7/10