Je ne vous cacherai pas que je considère
Pulp fiction comme le film culte par excellence et c’est accessoirement mon film préféré. Déjà vu une bonne dizaine de fois dont 2 fois sur grand écran, je prends toujours autant de plaisir à revoir ce chef d’œuvre du septième art !
On parle souvent de la déstructuration narrative de
Pulp fiction mais en fin de compte, ça n’est pas si déstructuré que ça. On a juste un film en 3 actes dont le troisième acte devrait chronologiquement être le premier. Ça n’est pas bien compliqué de s’y retrouver même si les personnages se croisent d’une partie à l’autre. D’ailleurs cette narration a été reprise par de nombreux films par la suite comme dans
Go ! de
Doug Liman.
Bon, je ne sais pas trop comment organiser ma critique donc je vais simplement faire un bilan de ce que j’aime partie par partie. Et exceptionnellement, je vais mettre un peu plus de screenshots qu’à l’accoutumée mais c’est bien difficile de faire un choix.
Le film débute sur une scène d’introduction avec Honey Bunny et Pumpkin alias
Amanda Plummer et
Tim Roth qui jouent un couple de braqueurs décidant à l’improviste de braquer le restaurant dans lequel ils se trouvent. On retrouvera cette scène dans le dernier acte sous le point de vue de
Samuel L. Jackson afin de fermer la boucle. Ce couple fait un peu penser à celui formé par Mickey et Mallory Knox dans
Tueurs nés dont
Quentin Tarantino est le scénariste.Dès cette scène d’intro, le réalisateur nous montre ses talents de dialoguiste avec cette discussions sur les braquages qui se finira par une réplique devenue culte d’
Amanda Plummer et sa voix criarde enchaînant directement sur le générique.
Après le générique, on se retrouve à suivre Vincent et Jules alias
John Travolta et
Samuel L. Jackson, un duo d’hommes de main au service de Marsellus Wallace. Là aussi, on a le droit à une discussion qui restera dans les annales sur la culture européenne (la consommation de haschich à Amsterdam et le nom des hamburgers à Paris).
Tarantino ne met pas pour autant de côté la mise en scène. On a le droit au traditionnel plan en contre plongée du coffre qu’on retrouve dans quasiment tous ses films et puis on a un long plan séquence dans les couloirs d’un immeuble associé à une discussion sur les massages de pieds bien marrante. Dès cette introduction, on retrouve tout ce qui fait le charme de ses films : une mise en scène soignée et des dialogues inspirés.
Samuel L. Jackson se montre d’entrée d’un charisme bluffant dans la scène de l’appartement se ponctuant par son monologue de l’«Ezéchiel 25 Verset 17». Et la référence au film
En quatrième vitesse avec la valise est bien sympa.
Le premier chapitre du film s’intéresse principalement à Vincent Vega et Mia Wallace. On commence par une scène où Vincent rend visite à son dealer.
Eric Stoltz et son peignoir fait un peu penser à un Jeff Lebowski avant l’heure. Quant à la scène de shoot, elle est assez explicite pour l’époque : peu de films avaient osé montrer ça avant
Pulp fiction. Ensuite, on découvre la belle
Uma Thurman dans le rôle de Mia Wallace dont le style avec la frange fait référence à
Anna Karina dans
Bande à part. L’influence de la Nouvelle vague française est toujours présente d’une façon ou d’une autre chez
Tarantino. Toute la séquence au "Jack Rabbit Slim’s" reste mythique avec la scène de danse sur «You never can tell» de
Chuck Berry.
Tarantino est doué pour faire revenir sur le devant de la scène des acteurs has been et il offre un rôle en or à
John Travolta qui a ici l’occasion de faire un clin d’œil à
La fièvre du samedi soir avec cette scène de danse.
Une fois de retour chez Mia, on a le droit à une nouvelle scène musicale, cette fois-ci sur le superbe titre de
Urge Overkill : «Girl, you’ll be a woman soon». Le réalisateur en profite pour placer quelques inserts sur les pieds d’
Uma Thurman. Son fétichisme des pieds est d’ailleurs devenu de notoriété publique. Il est également intéressant de remarquer un élément qui sera récurrent dans le film : à chaque fois qu’une situation tourne mal, Vincent se trouve être aux toilettes. Ici, il y est au moment où Mia fait une overdose mais il y sera également lorsque Jules se fera braquer au restaurant et il y mourra même lors de sa confrontation avec Butch. La scène de l’overdose est une autre scène extrêmement marquante du film. Celle-ci fait référence à
Panique à Needle Park. Le coup de la seringue d’adrénaline est bien bourrin mais
Tarantino arrive toujours à placer une touche d’humour pour détendre l’atmosphère.
Le second chapitre est certainement celui qui a le plus de problème de rythme. La scène où
Christopher Walken ramène la montre au jeune Butch et lui raconte l’histoire de celle-ci reste assez sympa bien que très statique. Le choix de
Christopher Walken pour ce rôle n’est pas anodin et renvoie à
Voyage au bout de l’enfer où il jouait un soldat de retour du Vietnam. De même, l’histoire de la montre fait référence au film
Papillon où il était question de la même chose. Ensuite, comme il l’avait fait pour
Reservoir dogs,
Tarantino prend un malin plaisir à frustrer le spectateur en faisant une ellipse sur le combat de Butch. Après, il faut reconnaître que le passage dans le taxi et ceux avec
Maria De Medeiros restent les plus faibles du film. Tu te demandes ce que Butch fait avec une fille aussi bête que Fabienne …
Heureusement, la suite relève largement le niveau. Le coup de Butch qui retourne chercher sa montre et qui bute Vincent, c’est déjà bien originale comme idée mais après, ça part complètement en vrille avec la rencontre fortuite de Butch et Marsellus et surtout toute la scène chez le préteur sur gages. Les personnages de Zed et Maynard sont bien barrés et "the gimp" sort d’on ne sait où : totalement improbable et jouissif comme scène ! Il fallait oser ! Là aussi, c’est plein de référence : la scène de viol fait penser à
Délivrance et le Chopper de Zed renvoie directement à
Easy Rider.
Enfin, le dernier chapitre reprend là où la séquence d’introduction nous avait laissés avec
Samuel L. Jackson et
John Travolta face à la bande de jeunes. Après l’illumination de Jules suite à la fusillade qui aura une incidence sur la fin, on a à nouveau un élément perturbateur totalement imprévisible : la bavure de Vincent.
Quentin Tarantino signe certainement sa meilleure interprétation dans le rôle de Jimmy, le mec chez qui viennent squatter les 2 compères. Et que dire de
Harvey Keitel ? C’est la classe incarnée dans le rôle de Mr. Wolf. Cette dernière partie a beau traîner un peu en longueur, ça n’est pas un problème tant on n’a pas envie de quitter
Samuel L. Jackson et sa "coolitude" légendaire. Et comme dit précédemment,
Tarantino a la bonne idée de finir son film sur la même scène qu’il l’avait commencé à savoir la scène du restaurant ce qui donne une impression de boucle. Et là encore, il nous place une belle scène de "Mexican standoff" à 3 protagonistes mais qui, cette fois-ci, se finira sans effusion de sang.
Il est important de noter également l’excellente BO du film. Outre
Chuck Berry et
Urge Overkill, il y a du
Kool & The Gang,
Al Green,
The Statler Brothers,
Dusty Springfield ou encore
The Brothers Johnson. La sélection musicale est parfaite et annonce le talent du réalisateur pour nous concocter des bandes originales toutes plus classes les unes que les autres (la palme revenant à
Jackie Brown).
Au final,
Quentin Tarantino nous livre un film génial faisant se succéder des séquences aussi cultes les unes que les autres. Et son talent de dialoguiste est ici à son apogée. Quant à la mise en scène, il est vrai qu’il sera encore plus inspiré sur
Kill Bill mais ça reste tout de même un film bien maîtrisé visuellement.
Pulp fiction reste et restera encore longtemps mon film préféré. Un vrai plaisir à chaque vision.