CHASSE A L'HOMME de John Woo
Fraichement arrivé aux Etats-Unis après avoir livré le film d’action ultime avant de quitter Hong Kong, John Woo se voit proposer par Universal la réalisation d’un film avec Jean Claude Van Damme en action star. Budgété à 15 millions de dollars et produit par Sam Raimi, "Chasse à l’homme" demeure encore aujourd’hui un film intéressant dans la carrière américaine de Woo.
En effet, difficile d’imaginer le réalisateur devant faire ses preuves en arrivant aux U.S alors qu’il venait de signer un monument du cinéma d’action un an plus tôt avec "Hard Boiled". Et pourtant, c’est bien ce que représente "Chasse à l’homme" dans sa carrière, une carte de visite pour tous ceux (principalement les producteurs américains) qui ne connaissaient pas encore la maestria du Bonhomme.
S’appuyant sur un scénario efficace et épuré à défaut d’être original (une relecture des "Chasses du Comte Zaroff", où des riches paient pour poursuivre et tuer des anciens combattants devenus clochards), Woo décide alors de tout miser sur l’action et, donc, sur sa réalisation et son imagerie.
Il reprend alors beaucoup d’éléments qui ont fait sa marque de fabrique à Hong Kong : des ralentis à la pelle, une construction habile et spectaculaire de l’action (notamment grâce à la multiplicité des angles choisis), des personnages iconiques mais aussi très humains, ou bien encore une naïveté parfois touchante.
Il trouve en la personne de Van Damme une icône à la hauteur de ses ambitions visuelles, même s’il n’a pas le charisme naturel d’un Chow Yun Fat. Affublé d’un nom très français (Chance Boudreaux) et trouvant ici un de ses meilleurs rôles, Van Damme est bon et arbore un look encore jamais vu, une version moderne du cowboy solitaire, cheveux sales et long manteau à l’appui (il montera même un cheval dans la dernière partie du film). Son rôle lui permet quelques nuances dans son jeu, chose rare dans sa carrière jusqu’alors.
Pour incarner les bad guys, on retrouve Lance Henriksen en boss de l’organisation, dont le cabotinage convient parfaitement au personnage, et aussi Arnold "La Momie" Vosloo dans le rôle d’un tueur à gages impitoyable nommé Van Cleef (encore une référence au western).
Mais, comme dit plus haut, Woo mise avant tout sur l’action, et de ce coté là, il ne déçoit pas. Même s’il n’atteint que rarement le niveau d’exigence de ses films HK, le film contient tout de même plusieurs scènes impressionnantes. La seconde partie du film est très rythmée et les séquences d’actions s’enchainent sans temps mort : course poursuite à moto, gunfight en pleine rue, final dans un entrepôt où Van Damme alterne double Beretta, démastiquage au shotgun et coups de tatanes.
Un gros bémol cependant, et qui deviendra malheureusement une marque de fabrique des films américains de Woo : l’utilisation de doublure pour les cascades. C’est bien simple, dès que JCVD est cadré de loin, ce n’est pas lui, et toutes les grosses scènes d’actions en feront les frais. Alors, bien sur, les conditions de tournage à Hong Kong et à Hollywood ne sont pas les mêmes (notamment pour l’assurance des acteurs) mais ca gâche quand même une partie du plaisir quand on s’aperçoit de la supercherie aussi facilement.
Un problème qui sera encore plus visible dans Volte/Face (j’en reparlerai dans la critique car là ça atteint un niveau honteux).
Finalement, 18 ans après sa sortie, Chasse à l’homme demeure un bon film d’action bien réalisé et plutôt efficace, sans grande ambition mais loin d’être le pire film de la carrière américaine de John Woo. Son principal défaut fût de sortir un an après la claque Hard Boiled !
7,5/10